oh que j’ai bien dormi,
dimanche matin,
pas d’ouvrier qui viennent faire un tintamarre d’enfer
pour installer le nouvel ascenseur,
pas de voiture qui passe dans la petit rue pavée à l’ancienne,
ce qui amplifie le bruit,
derrière chez moi,
le silence absolu,
les rideaux bien fermés, c’est une quasi obscurité réparatrice,
au réveil, on se sent comme une pile
qui a pu se charger bien à fond
pas étonnant que les quelques secondes de volupté
que je me suis accordé, dans cet état,
aient une pareille efficacité, une telle portée
me suis chipoté un peu,
passé avec les doigts sur la peau de-ci, de-là,
bougé mon cul, mes hanches, mon buste,
langoureusement, capiteusement,
plongé aussi un doigt ou deux
dans ma petite crevasse derrière,
touillé un peu avec,
quelque contractions, aussi, bien sûr,
et un peu de frotti frotta entre les cuisses et les génitaux
mais j’ai bien senti à quel point
la soie chaude et vibrante des quelques sensations éveillées
allaient se nicher un moment jusqu’au fin fond de moi,
à quel point, elles allaient visiter tout mon être,
à quel point elles étaient ineffables,
à quel point elles étaient d’une efficacité redoutable
dans leur mission, leur brève mission,
à quel point, le bonheur qu’elles m’apportaient quelques instants,
était complet pour la chair et l’esprit,
jouissif, ressourçant, épanouissant
je commence à bien m’habituer à être pensionné,
de moins en moins de tension liée à une quelconque obligation,
le champ est libre,
le chant est libre
je veux, je vais,
devenir tout entièrement,
un chant libre
danser, danser, de tout mon être,
je suis équipé de mon sexe, de mes hanches, de mes mains,
de mon anus, de ma prostate, de mes livres de littérature, d’art,
de mes promenades en forêt ,
de mes soirées en théatre,
je suis équipé des oiseaux du monde entier,
du vent, du soleil, des arbres