je vais vous confier un secret, un très grand secret
mes très cher(e)s lectrices et lecteurs,
porteurs de pénis ou pas,
de vagins ou pas,
porteurs des deux emmêlés (moi)
ou d’aucun,
enfin à tout le monde quoi
êtes-vous prêts pour la grande révélation?
voilà,
le plaisir est totalement une question de perspective,
tout dépend d’où vous vous trouvez en vous,
par rapport à ce que vous allez ressentir ou pas
un peu mystérieux, peut-être, pour l’instant?
hé hé
la clef ici,
c’est votre capacité à vous mettre à l’écoute de vous-même
ou de l’autre
(ce qui est un peu, beaucoup, la même chose),
je devrais donc écrire, en fait,
votre capacité à vous mettre à l’écoute de vous-même et de l’autre,
de l’autre, en vous ou pas,
ultimement, votre capacité, donc,
d’être à l’écoute des détails,
à l’écoute des menus informations qui montent en vous
car le plaisir est une question de détail
et au plus vous êtes à même de discerner ceux-ci,
au plus votre capacité au plaisir augmentera
au réveil, ce matin,
je bougeais lentement lentement la hanche
et laissais un doigt glisser sur la peau quelque part au hasard,
tout était tellement précis, tellement fin, tellement instantané,
les sensations tout de suite m’ont envahi
et c’est comme si je les ressentais à la fois
au télescope et au microscope
c’était à la fois tellement localisé
et tellement généralisé,
comme si elles m’assaillaient de toutes parts, tout en douceur
mais en même temps
que j’étais à l’endroit précis dans la chair
juste en-dessous où le doigt se déplaçait
et provoquait une zone de chaleur soyeuse, frémissante
qui le suivait depuis sous la peau
dont les nuances changeaient subtilement
au fur et à mesure du déplacement
et en même temps, comme je bougeais la hanche,
je sentais comme une soupe de vibrations soyeuses
prendre vie, se mettre à nager et à clapoter entre les reins,
je sentais tout donc avec grande précision
comme étant directement là où cela se passait
mais en même temps les deux foyers de plaisir
semblaient disséminer instantanément des ondes autour d’eux
qui se rejoignaient et étaient perçues un peu partout
c’était donc en même temps totalement diffus, généralisé
et d’une totale précision et localisé,
l’impression de suivre comme au radar,
au millimètre près le déplacement du ou des foyer(s) de plaisir,
occasionné par mon doigt qui bougeait nonchalamment sur la peau
et mes reins qui bougeaient
mais en même temps comme si ces deux actions
avaient allumé une lumière dans la pièce
et que je ressentais les effets soyeux des rayons partout en moi
la raison pour cela est la perspectivisme,
faire de plus en plus attention aux détails,
c’est acquérir une double perspective sur son plaisir,
une d’ensemble qui est innée,
qui se développe automatiquement en parallèle à l’autre,
l’autre qui fait que vous semblez en même temps de plus en plus proche
de l’endroit où cela se passe en vous,
que vous semblez même être là directement où cela se passe,
dans votre cuisse, dans votre poitrine, dans votre bras, etc
et cela c’est parce que vous êtes de plus en plus capable
de faire attention aux détails,
le moindre chouia, la moindre vague sensation,
si vous en êtes éloigné, elle va passer en vous totalement inaperçue,
comme dans un lointain indiscernable
mais si vous vous en rapprochez de plus en plus,
alors de plus en plus vous la remarquerez,
elle aura de l’effet sur vous
et si vous êtes comme tout contre
mais vraiment tout contre,
comme au premier rang collé contre la scène
où la pièce se joue pour l’instant,
alors c’est l’effet tempête dans un verre d’eau,
vous êtes comme un moucheron dans le verre même
et vous êtes balloté, chahuté , de toutes parts
chaque détail,
vous le vivrez de plus en plus comme la tempête de siècle
tandis qu’en même temps,
tout votre corps baignera
dans une tension sexuelle et un bien être voluptueux, s’accroissant,
issus des multiples détails qui se révélant de plus en plus
s’amalgament, se conjuguent, se rejoignent