il n’y a rien à faire, les moments que je préfère
pour le plaisir en solitaire, en tout cas,
c’est directement au réveil,
à peine sorti du sommeil,
on est encore intact, tout d’un bloc, tout d’une pièce,
aucune usure, les piles sont chargées à fond
je peux alors faire n’importe quel mouvement, n’importe quel geste,
contracter n’importe quoi, n’importe où
et cet autre moi, ce moi de plaisir
que j’ai forgé lentement, patiemment, au fil des années,
avec la complicité de mon corps,
prend immédiatement le relai
ce moi de plaisir,
rien que d’écrire ces mots,
j’en ai des frissons partout,
il se manifeste, il vient se glisser en moi,
comme il est souple, comme il est capiteux,
comme il s’insinue partout
ce moi de plaisir,
il devient tellement réel, tellement concret,
il prend toute la place en un clin d’oeil,
comme j’aime me laisser envahir par lui,
le sentir pénétrer ma chair, pénétrer mon esprit, pénétrer mon âme,
devenir le maître des lieux, prendre le gouvernail
je ne suis plus alors qu’un spectateur du premier rang,
un buvard s’imbibant follement,
oh mes amis,
comme je deviens quelque chose d’immense et d’offert,
mon corps se met à chanter, mon esprit se met à chanter,
ils sont à l’unisson,
quelle merveilleuse sensation
mon moi de plaisir a les deux genres,
mon moi de plaisir se fait l’amour,
c’est sa vie à lui, il n’existe que pour cela,
pour le chant
mon moi de plaisir bouge au féminin,
mon moi de plaisir bouge au masculin,
mon moi de plaisir est dans la fusion,
la communion voluptueuse des deux sexes