je ne bouge pas
sinon pour les quelques frémissements voulus
qui traversent les cuisses,
leur masse enveloppe mes génitaux
qui semblent ronronner d’être ainsi lovés,
emmitouflés bien au chaud, dans un nid
de sous les draps et couvertures,
il n’y a que mon nez, mon menton et un peu de joue
qui dépasse,
est exposé à l’air froid de ce matin d’hiver
dans mon appartement
où j’éteins les chauffages pour la nuit
je m’étire maintenant un peu
lentement lentement,
cela éveille à gauche, à droite
toutes sortes de sensations voluptueuses
qui semblent nager comme des dauphins paresseux en moi
les doigts d’une main,
se mettent dans un mouvement d’éventail
à passer et à repasser sur la peau d’une cuisse,
je continue de m’étirer lentement,
me contractant ici et là,
ma chair en est de plus en plus capiteuse,
la langueur m’envahit de plus en plus
mes hanches, irrésistiblement,
se mettent en mouvement,
un mouvement de danse,
comme cela picote délicieusement partout là en bas,
je dois bouger les reins, c’est plus fort que moi,
cela doit acquérir du rythme, se mettre au diapason,
serrer les fesses, écarter les fesses, les refermer,
comme une respiration de plus en plus présente du désir
oh je vais faire monter une contraction,
c’est le moment,
la populace est bien chaude,
s’est amassée tout le long de la route,
temps pour la reine de passer dans son carrosse
c’est à chaque fois, le même séisme,
cela se fissure de tous les côtés, cela frémit, cela tremble,
des cités entières sont englouties dans des gouffres,
des vagues de volupté balaient tout le paysage,
des cohortes de gémissements m’emplissent les oreilles