le matin, au réveil,
mes doigts s’enfoncent comme dans du beurre
dans cet anus
qu’au soir, avant de me coucher,
j’enduis systématiquement, bien consciencieusement,
de beurre de karité
la consistance est devenue juste parfaite,
semblant comme être arrivée à maturité après les heures de sommeil,
il y a une telle sensation de naturel dans ce marécage,
une texture en même temps très très dense
mais dans laquelle les doigts s’enfoncent sans effort
comme retenus, freinés doucement, constamment, malgré tout
ce n’est plus du dérapage incontrôlé, du patinage
comme directement après l’étalage du beurre de karité au soir
que j’adore aussi
mais plutôt effet sables mouvants denses qui s’entrouvrent généreusement
comme des bras dans la chair qui se tendent pour accueillir les doigts,
les envelopper chaleureusement
une tendresse sans limites de mes entrailles qui s’exprime spontanément,
une armée de terminaisons nerveuses semblent directement les avoir accueilli ,
dansant autour d’eux, s’emmêlant comme des algues,
affolant délicieusement les alentours instantanément
de ce lent farfouillage, touillage, matinal
réaction de volcan assuré à chaque fois,
ô mes petits doigts, touillez touillez là-dedans,
faites danser l’immense poulpe de soie de la volupté qui s’est éveillé
qui agite rythmiquement ses innombrables tentacules
parmi mes entrailles