ces énergies en nous, ces énergies de la vie
je les vénère quelque part,
quelques unes des meilleures choses qui peuvent nous arriver ici-bas,
elles semblent les motoriser
dans ma cosmogonie personnelle,
je les vois incroyablement fertiles et multiformes,
ayant comme des tas de cordes à leur arc
et on y est attaché comme un pantin,
elles nous font nous agiter, nous mouvoir, vibrer,
vociférer pour le meilleur et le pire
les émotions, le plaisir sexuel,
toutes les sortes d’extases possible,
même les rêves,
pour moi, ce sont elles
les émotions nous relient, un moment, les uns aux autres,
nous relient aussi brièvement aux livres, aux oeuvres d’art, à la musique,
on dépend, il semble, toujours d’un facteur extérieur pour elles
nous, ce qu’on peut faire,
c’est rendre le terrain le plus favorable, le plus fertile
pour que leur course en nous,
soit le plus fécond et le plus stupéfiant possible
pour le plaisir sexuel, par contre,
nous sommes et rien que nous, le déclencheur,
le libérateur, un moment, des énergies
sous forme de volupté, de jouissance
que ce soit en nous ou en quelqu’un d’autre,
c’est un jeu intime qui dépend de notre capacité
à aller à la rencontre de nous-même,
à la rencontre dans l’intime de l’autre
une forme d’extase, de ravissement
que j’attribue aussi aux énergies,
c’est le face à face avec la nature,
elle, tellement protéiforme, riche, diverse et variée,
elle provoque chez moi, toujours comme un constant ravissement
qui n’est pas loin, par moments, de se transformer en extase
toujours l’impression d’être en face de quelque chose d’immense, d’immense,
une sorte de tapisserie grouillante, magique, ensorcelée,
en même temps tellement emplie de vie et tellement emplie de mort,
sans que ce soit un milliseconde, triste ou macabre
avec une myriade de détails,
les uns, plus splendides mais pourtant d’une modestie absolue
que les autres
toujours cette impression de pouvoir un jour ou l’autre
se glisser subrepticement là-dedans,
de s’y ajouter, d’en faire partie, de se perdre un moment dans le tableau,
de se laisser tournoyer dedans délicieusement
comme dans un maelstrom lent et généralisé
qui tournerait depuis la nuit des temps là en face