#51619
bzo
Participant

viens de me réveiller,

comme il fait bon sous les couvertures,

chaud, doux, doux, cocon, cocon, nid, nid,

le froid de la pièce accentue cette sensation,

on est en hiver et j’éteins complètement le chauffage pour la nuit,

la pièce a eu tout le temps de refroidir

mais je n’ai que le bout du nez qui dépasse

comme un périscope

 

quelque part, j’ai l’impression de sortir d’un cinéma

où j’ai vu un film incroyable qui a duré des heures,

le scénariste doit être fou, sous acide, pour avoir imaginé un truc pareil,

je ne saurai vous en raconter l’histoire,

c’est inracontable

mais c’était ébouriffant, sens dessus sens dessous, psychédélique, indiana jonesque,

foisonnant, grouillant, foutraque, en 3D, 4D, 5D, 100000D

 

maintenant, je me frotte lentement une jambe contre l’autre,

lentement, très lentement,

goutant chaque millimètre de peau, chaque poil qui se froisse, qui se presse

rien d’autre que cette action

mais cela entraîne toutes sortes de déplacements ailleurs,

des hanches, du tronc, des membres,

des frottements, des effleurements, des pressions, de tous les côtés,

des contractions un peu partout, oh oui, un peu partout

et j’en goûte chaque variation, chaque changement d’angle, de pression,

de différence d’intensité dans les contractions, des mouvements, ici et là

 

tout cela se transforme en sensations

qui se suivent, s’amalgament, se lient, fluidement,

formant comme un orchestre à l’oeuvre

et moi, je suis tout à la dégustation,

oh comme je suis à la dégustation,

je ne rate pas une nuance,

le plus infime changement entraîne une coloration nouvelle,

tantôt, ce sont des variations subtiles, toutes légères

tantôt le changement est comme séismique,

registre tout à fait nouveau

prenant la place soudainement, en bloc, de tous les côtés

 

on dirait du ressac, des vagues, du courant,

avec des poissons dedans par milliers

qui tournent, se retournent, filent, changent de direction,

soudainement, lentement, ralentissant, accélérant,

des algues, ondulant, tantôt par millions en même temps,

tantôt quelques solitaires, chacune avec des rythmes différents

 

oh mon corps,

qu’est-ce que tu me fais là