
l’on semble plus dénudé que jamais,
intimement exposé, extrêmement exposé,
des pieds à la tête,
plus habillé que d’une cape géante de vibrations
qui nous roule, nous fait et nous défait, à son gré
l’on semble un vaisseau en route,
craquant, vibrant, de toute son armature,
battu, léché, frotté, frénétiquement,
par les vagues, sur toute la surface,
malmené joyeusement en toutes ses fibres
l’on semble une éponge
traversée de par en part par l’océan,
habitée dans la moindre de ses cellules
par la vibrante liquidité
tellement riche en sédiments nourrissants
le désir comme un grill magique
activé de la pleine puissance de ses 3000 watts
en train de nous cuire,
de faire fondre, bouillonner, la graisse,
de faire brunir les fibres,
on se serait pas cru capable de dégager
de pareils goûts, de pareilles odeurs,
sauvages, carnassiers,
noisettes brulées, tourbe chaude, parfumée,
sous-bois habité par des fées
on semble plus atteignable, plus blessable
que jamais,
un glaive farfouillant le flanc de tout notre être,
créant instantanément des continents de bonheur furtif
sur son passage