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  • #28744
    Epicture
    Participant

    Bonjour à tous

    Bien que cela ne parle presque que de la maladie, je profite de l’excellente émission d’Adèle van Reeth sur France culture pour ouvrir un sujet sur les liens que peut nous inspirer la pratique du massage prostatique avec une réflexion philosophique. L’auteur du livre est dans une perspective qui n’inclut pas le massage prostatique, car d’après ce que j’ai compris, il n’en a plus. Mais il insiste sur la possibilité de “dé-phalo-centrer” le désir masculin. Ici nous connaissons bien la question.

    https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/philosophie-de-la-prostate

    J’en profite également pour souligner que mon Pseudo est composé du mélange de deux éminents philosophes de l’antiquité, l’un représentant de l’école épicurienne : Epicure, et l’autre représentant de l’école Stoïcienne : Epictete. L’association de ces deux philosophies, en apparence opposées, me semblait intéressante, dans le cadre des forums, tant la pratique du massage prostatique nécessite d’associer la recherche du plaisir d’une part (Epicure), et l’acceptation de ce qui vient d’autre part (stoïcisme).

    De plus, mon journal Mon bonhomme de chemin contient déjà un certain nombre de réflexions philosophiques qui encombrent la compréhension du déroulement “pratique” de mon cheminement.

    En effet, pratique philosophique, et pratique prostatique sont pour moi indissociables. La réflexion philosophique, si elle est menée sincèrement, permet de reprogrammer la construction mentale de sa perception du monde. Elle ouvre les portes dans le domaine spirituel. Attention : il n’y aucune religion ici, même si religion et philosophie ont souvent partie liée. J’entends le domaine spirituel comme celui de la réflexion, c’est-à-dire de la pensée que l’on construit sur le monde et sur soi. C’est quelque chose que chacun fait, quotidiennement. La philosophie au sens auquel je l’entends est une pensée qui se veut rigoureuse, qui prend en compte le maximum d’options possibles. C’est ce qui la rend difficile, mais tellement enrichissante, et qui oblige au respect et à la tolérance.

    Le massage prostatique comme je l’ai dit dans certains posts, établit une connexion entre mon esprit, ma conscience, et mon corps, sur le mode du plaisir. Relation entre corps et esprit, entre intérieur et extérieur, est un des thèmes les plus importants de la philosophie, et de la réflexion humaine.

    Je reviendrai ici le plus régulièrement possible.

    Bon cheminement à tous

    #28747
    Andraneros
    Modérateur

    Bonjour @epicture.

    Je partage à ma manière votre réflexion. Votre message d’ouverture met en lumière les questions que peuvent se poser nos amis, comme nous le faisons,
    —> sur la perception de notre corps et du schéma que nous en avons,
    —> sur notre identité sexuelle, bien sûr, mais aussi relationnelle,
    —> sur l’énergie que nous sentons circuler en nous pendant et après nos sessions,
    —> sur les notions d’échange dont nous prenons conscience, donner, prendre, recevoir, partager,
    —> sur la nature de la jouissance, la satisfaction libératoire qu’elle apporte ou non,
    —> sur la réconciliation entre notre esprit et notre corps,
    —> sur…
    Cette discussion promet d’être passionnante. Merci @epicture de nous la proposer.

    Bon cheminement à tous.

    #28803
    Jieffe
    Participant

    Bonjour Epicture,

    Je suis d’accord, cette discussion promet d’être passionnante.
    En revanche, bien que je m’y intéresse, la philosophie n’est pas vraiment mon domaine (culturellement parlant). Je vais suivre avec attention cette discussion et y apporter ma contribution si l’occasion se présente.
    Dirais tu que le sujet que j’ai ouvert il y a quelque temps pourrait être complémentaire?

    Il y a une phrase dans ton texte qui m’interpelle

    La réflexion philosophique, si elle est menée sincèrement, permet de reprogrammer la construction mentale de sa perception du monde

    Pourrait tu la développer stp?

    Quoi qu’il en soit, j’ai depuis le début le désir d’associer la pratique du massage prostatique, enfin surtout le plaisir qu’il génère, à une forme de spiritualité (sans considération religieuse) ou de philosophie peut-être bien, de mode de vie….que sais je? En revanche, j’avoue ne pas vraiment savoir comment m’y prendre. N’est ce pas quelque chose qui doit venir tout seul?
    Bref, tout cela est un peu flou dans ma tête, mais l’étincelle est là.

    #28819
    Epicture
    Participant

    Merci pour ton questionnement @Jieffe

    Pour préciser ce que je veux dire : nous avons, au cours de notre existence, suite à l’éducation que nous avons reçu dans le milieu dans lequel nous avons vu le jour, et du fait de nos choix de trajectoires imprégnées de plus ou moins de liberté, élaboré un discours intérieur de description du monde. On se dit : le monde est comme ci, ou comme ça, ou pas comme ci ou pas comme ca, etc… Aujourd’hui, la science est devenu l’étalon de pensée, comme autrefois on s’appuyait sur la connaissance de dieu.
    La science a permis de réduire considérablement l’obscurantisme des périodes religieuses, mais elle permet aussi de justifier toute sorte d’absurdité. Une multitude d’études scientifique sur le même sujet aboutissent, selon la source de financement des scientifiques à l’origine de l’étude, à des conclusions très différentes, voire opposées. S’affrontent alors non plus des résultats scientifiques, mais des manières d’aborder l’étude scientifique, des écoles de pensée, des élaborations intellectuelles sur ce que doit être la science, ses méthodes. Il s’y affronte des conceptions du monde. Bien sûr il existe des sujets d’étude scientifique qui décrivent notre monde de façon assez fiable, mais lorsqu’il s’agit de nous, de tout ce qui concerne notre relation au monde et à l’autre, c’est la cacophonie. Si bien que ce monde que nous sert la science est impuissant à rendre compte de ce que nous vivons.

    On voit bien que sur la question de la féminité, de la masculinité, de la façon dont on aborde son rapport au plaisir, son rapport à son corps et à celui de l’autre, rien n’est écrit, nulle part. Chacun se construit une image mentale, en fonction de nombreux paramètres, qui lui permet de vivre, comme il peut son existence au monde. Justement, ce qui fait que l’homme est libre, c’est que tout cela n’est pas écrit définitivement, ni dans un projet divin, ni dans une structure sous-jacente et déterminante que la science un jour pourra révéler. LE monde n’existe pas. Il existe des mondes ou il y a des dominants et des dominés, des esclaves et des maîtres, Il existe des mondes ou tout signe de gouvernement est immédiatement éliminé, des mondes ou il y a un Maître, et le peuple, Des mondes où l’homme peut disposer de la femme comme il le souhaite, d’autres où la femme est un monstre de terreur engloutissant, où symbole de fertilité, des mondes ou tout le monde vit en parfaite égalité, en harmonie, des mondes ou le rectum n’est qu’un réservoir à déchets, d’autre ou au contraire il est une fontaine de jouvance, Etc…

    C’est à chacun, de construire son monde. Et le monde que l’on construit rayonne à l’extérieur, pour le meilleur, et pour le pire.

    Sauf que au début, à la naissance, on en est incapables. On a besoin du discours d’un autre pour vivre, pour survivre. Cet autre c’est le milieu dans lequel on est arrivé, la mère qui nous parle, ou ce qui en tient lieu. Et selon qu’il était plus ou moins bienveillant (ce milieu), et selon peut-être certaines capacités personnelles, on aura une plus ou moins grande capacité à s’en émanciper pour se construire son propre monde.
    Le discours sur le plaisir prostatique est presque inexistant, ce qui en fait, à la fois un terrain vierge, mais également un terrain propice à toutes les élucubrations terrifiantes, et traumatisantes. C’est le lieu du diable !
    Nous, prostatophiles, si nous voulons progresser, nous devons intégrer à notre discours, cette pratique, cette réflexion, ce cheminement, dans la structure de notre monde. Cela conduit à modifier l’image que nous nous en faisons. Pour progresser, nous devons voir le monde autrement. Et cela se fait, parce que ce qui nous motive va bien au-delà du plaisir.
    Nous avons sur le plaisir féminin un regard différent, un profond respect nous anime, parce qu’on en saisi mieux la difficulté, et la profondeur. Si l’on considère que ce qui se trouve au fondement de nos sociétés se noue là… dans ce qui relie les hommes et les femmes, la modification du regard que l’on a sur les femmes change complètement notre vision du monde, et la vision que nous avons de notre corps, de notre esprit. Il ne faut jamais oublier que la femme, c’est aussi le corps dont nous sommes sortis, et que nous sommes le fruit de ce qui s’est noué au cours de notre conception.

    On peut pratiquer le massage prostatique pour épater la galerie, avoir un sujet de conversation au cour de ses soirées, mais nous savons bien que c’est absurde. Ça demande de la sincérité, ça demande de se retrouver face à soi-même. Vous ne pouvez pas vous mentir très longtemps, sinon ça ne fonctionne plus. En philosophie, on peut se mentir aussi, mais ça ne marche pas non plus. Ceux qui sont allé au bout de leur réflexion, avec sincérité, il y a deux mille ans, ou 500 ans, ou 200 ans, on les lit encore aujourd’hui, parce que ce dont ils parlent, nous parle aussi.
    Si l’on voit cela (ce dont ils parlent) comme une chose figée, morte, qui s’offre à l’étude scientifique, ça ne marche pas. Mais si l’on perçoit cela comme l’émanation de ce qui bouillonne en nous, comme quelque chose de vivant, toujours en mouvement, toujours changeant, qui nous surprend sans cesse, qui nous stimule constamment, qui échappe à l’étude scientifique, à la mise en conserve religieuse, alors la perspective est radicalement différente : nous sommes en état de vie !

    Bon cheminement à tous

    #28827
    Jieffe
    Participant

    Bonjour Epicture,

    Je n’ai pas trop de temps maintenant, mais j’ai lu ton message qui m’a beaucoup intéressé. Je reviendrai.

    #30230
    Epicture
    Participant

    Bonjour à tous !

    Il est temps d’alimenter un peu ce fil de discussion.
    La faiblesse de mon écriture sur ce fil tient à une raison principale : la crainte d’ennuyer, car quand on prononce le mot philosophie, déjà les mâchoires s’ouvrent, et l’on entend bailler, même ceux qui ne sont pas dans la pièce.

    Pourtant, le massage prostatique va bien au-delà d’une simple technique visant à se donner du plaisir via quelques instruments destinés à remplir la cavité anale. Il ne met pas seulement en route un processus d’accès au plaisir, mais aussi un processus d’accès à soi-même en tant qu’être vivant. Ces deux processus s’activent conjointement, et s’auto-alimentent mutuellement. “Soi-même”, (ou le sujet), est une question philosophique, qui est diluée de ci, de là, dans le contenu de ce site, bien que quelques articles (je pense à l’approche sociologique de la sexualité, et à cette expérience tantrique que nous a relaté @adam) et quelques anéronautes dont @andraneros, ouvrent la voie. Il est très difficile de discerner ce qui est de l’ordre de la technique du travail du corps, et ce qui est de l’ordre du travail de l’esprit, de l’accès à soi-même, de la construction mentale.

    Il faut donc trouver un angle de perspective qui soit quelque peu attrayant, et c’est cela que j’ai eu de la peine à trouver.

    J’ai trouvé la solution, grâce à François JULLIEN, dont j’avais par ailleurs conseillé le visionnage d’une vidéo sur le thème de la jouissance. Cette vidéo, bien que très intéressante est assez difficile d’accès pour ceux qui ne connaissent rien ni à la philosophie, ni à la psychanalyse.
    Mais ce philosophe a la particularité de mettre en rapport la culture occidentale et la culture chinoise, dont le taoïsme, est originaire.
    Il me semble, que en tant que philosophie, le taoïsme aborde de façon radicalement différente des occidentaux, la question de la sexualité, et ce indépendamment de toute considération religieuse.
    Et François JULLIEN, dans un article intitulé “L’indifférence à la psychanalyse”, décrit la distinction que l’on peut faire entre la pensée chinoise et la pensée européenne comme un écart fondamental dans l’idée de corps et d’esprit. En effet, alors que la pensée occidentale est “forgée” sur la dualité corps/esprit, la pensée chinoise est forgée sur la notion d’énergie, ou qi (prononcer tchi)

    En voici quelques extraits : https://www.cairn.info/publications-de-Jullien-Fran%C3%A7ois–9105.htm

    “L’autre indifférence, qui me paraît massive du côté chinois, tiendrait à l’indéfinition du sujet, de la figure du sujet.(…)
    il n’y a pas dans la tradition chinoise de notion d’âme en tant qu’instance indépendante. S’il n’y a pas d’âme, en Chine, il n’y a pas non plus de corps.(…) Il n’y a qu’une vérité au fond, c’est le qi, le souffle, l’énergie, et ce souffle-énergie, soit il se décante, s’allège, s’assume, et cela forme une dimension d’esprit ; soit il s’opacifie, coagule, et il forme les corps.”

    “La philosophie ne s’est jamais intéressée à la respiration, elle a toujours commencé par la même chose, la perception, parce que pour elle le rapport du corps au réel passe par les organes comme des objets de connaissance, plus ou moins bons, souvent jugés très mauvais, parfois acceptables, mais le corps est vu dans sa particularité de perception.(…) Le corps chinois, lui, n’est pas perceptif. Il est d’abord respirant parce qu’il est comme le monde, il est souffle, énergie : qi.”

    “Toute la pensée chinoise est une réflexion sur le maintien d’équilibre, de cohérence, à travers le continuel changement des choses. En même temps, quand on dit processus, régulation, harmonie se maintenant à travers de constantes variations, ce qui fait écart par rapport à la tradition européenne, c’est qu’un processus n’a pas de finalité. Sa régulation, c’est qu’il se perpétue, mais sans finalité : il ne tend vers rien.”

    Nous savons maintenant pourquoi la reprise par des occidentaux, de pratiques taoïste à tendance à dériver vers une finalité précise. Alors que le processus de toute pratique taoïste, ne tend vers rien, c’est à cette condition qu’elle peut devenir processus.
    Nous sommes tellement conditionnés que notre pensée rencontre énormément de difficulté à élaborer un processus sans finalité.

    Ne vous méprenez pas ! Mon objectif, (et oui j’en ai un malgré tout), ce n’est pas de faire de la philosophie “philosophienne”, mais de trouver la bonne disposition intellectuelle, mentale, pour que le moment venu, le plaisir m’emporte sur son tapis volant !

    Peut être la solution est-elle là :

    “Il y a chez Confucius cette autre formule fort belle : “J’aimerais ne pas parler.” Et ses disciples lui disent : “Mais si vous ne parlez pas, qu’est-ce qu’on va faire, qu’est-ce qu’on va raconter ?” Et il dit : “Les saisons suivent leur cours, tous les champs prospèrent, quel besoin le ciel aurait-il de parler ?”

    Je vous laisse réagir !

    #30253
    Jieffe
    Participant

    Bonjour Epicture,

    Si je n’ai pas encore répondu à ton fil, ce n’est pas qu’il ne m’intéresse pas, bien au contraire, c’est qu’il demande beaucoup de réflexion, et donc du temps. On ne peut pas traiter les sujet que tu abordes à la ‘va vite’, ça me semble incompatible. j’y reviendrai lorsque j’aurais un peu plus de temps.
    Je sais, je l’ai déjà écrit, mais ce que tu proposes semble naturel chez toi, mais ne l’est pas chez moi. J’ai besoin de me l’approprier, de le digérer pour retranscrire ce que cela m’évoque.

    #30254
    Epicture
    Participant

    Je te remercie @Jieffe, et je sais bien qu’il faut du temps.

    Ce qui fonctionne pour moi, et qui m’aide à progresser, c’est de déconstruire ma construction mentale.
    Cette construction a été bâtie au fil des années, pour élaborer une représentation du monde, qui soit acceptable pour ma conscience.
    C’est un processus que chacun fait : chacun se construit son propre monde pour pouvoir l’habiter.
    Par exemple tu dis sur un autre post que tu as modifié ta façon de percevoir ton cul : d’un vide orduure, c’est devenu une source de plaisir. Pour passer de l’un à l’autre il a fallu que tu t’arrêtes sur la perception que tu avais de cette partie de ton corps, que tu la déconstruise, puis que tu la reconstruise autrement, pour que cela soit mieux adapté à ce qui frappe ta conscience comme une évidence : cette partie de ton corps peux te faire du bien !
    Ceci est un tout petit exemple de tout le travail de déconstruction/reconstruction qui pour moi est nécessaire à fluidifier la circulation de cette “énergie” que je sens monter en moi, comme une évidence. Et ça marche !
    Bien sûr il faut pratiquer régulièrement pour affiner sa technique, en faire une mécanique de précision, et laisser son corps s’en emparer, comme un musicien avec son instrument. Mais comme je l’ai dit, ces deux aspects (technique et intellectuel) fonctionnent parallèlement, et s’alimentent mutuellement. Chacun participe de la dynamique de l’autre. Au final tout disparait dans cet espace fabuleux que nous explorons. Mais quand nous n’y sommes pas, car il faut bien manger, boire, dormir, nous pouvons nous y préparer, et partager notre expérience.

    Bon cheminement à toi @Jieffe

    #31293
    Epicture
    Participant

    Voilà quelques extraits de l’introduction d’un livre : Ksemaraja : Au Cœur des tantras, commentaires de David Dubois
     
    Traduction de “quintessence de la reconnaissance” tentative, à souci pédagogique, de Ksemaraja de rendre accessible la philosophie de la reconnaissance (tantras) professée par son maitre : Abhinavagupta.
     
    … la reconnaissance est surtout un discours s’adresse surtout à l’intellect : il s’agit de comprendre pour éventuellement sentir dieu, alors que le yoga propose plutôt la démarche inverse.
     
    Utpaladeva est l’auteur de “stances pour la reconnaissance de soi comme étant le seigneur”
    Nous sommes dieu, mais nous ne nous en appercevons pas, nous n’en sommes pas convaincus.
    “ce qui passe innaperçu est sans conséquence pratique ”
     
    “il ne s’agit donc pas de mettre en œuvres des méthodes pour arriver quelque part, ne serait-ce que figurativement. Le point décisif consiste plutôt à re-connaitre que ce que nous voulons vraiment est déjà là. La situation fantasmée est déjà présente, la porte n’a jamais été fermée. Il n’est donc pas question de faire, de pratiquer, mais simplement de connaître, ou plus exactement de re-connaître. Reconnaitre, ce n’est pas rechercher une expérience nouvelle, inédite, un vécu du nirvana, c’est bien plutôt voir ce qui est, ici et maintenant. Non pas rechercher une extase ou provoquer un vide mental, mais plus ordinairement se laisser convaincre du caractère extraordinaire de la vie de tous les jours.
    Mais, dira-t-on, à quoi bon cette trouvaille si elle ne change rien à notre pitoyable condition ? C’est là qu’est le paradoxe. En effet, en réalisant qu’il n’y a rien à changer, tout change. Ce n’est pas en cherchant dieu qu’on le trouve, mais c’est en comprenant que toute expérience est toujours déjà expérience de dieu que la reconnaissance porte son fruit qui est la liberté absolue.”
     
    La pratique, ici consiste uniquement à comprendre. Faire est vain, puisque tout est indifféremment dieu. La seule pratique, ici, nécessaire et suffisante, consiste en l’observation et en la reflexion.
     
    Voir véritablement, c’est changer réellement.
     
    Ainsi, on change son monde sans changer de monde. Car voir, c’est déjà interpréter, juger, imaginer. Croyant naïvement que ce spectacle des êtres et des choses est donné, nous passons à côté du fait qu’il est constamment construit et reconstruit par la conscience.
     
     

    #32130
    Epicture
    Participant

    @Jlbe13 à écrit :

    Je suis un vrai cartésien et ça ne facilite pas les choses

    Peux-tu nous dire ce que signifie pour toi, être cartésien, et en quoi cela ne facilite pas les choses ?

    Si pour toi, être cartésien veux dire, s’appuyer sur le principe de causalité, qui consiste à rechercher rationnellement, c’est-à-dire avec sa raison, la cause de chaque chose, alors pourquoi cela est-il un handicap ?
    Il y aurait, sous-entendu derrière ce handicap (volontairement ou involontairement) l’idée qu’il y a au moins deux manières de connaitre, permettant ainsi une progression.
    La première façon serait rationnelle, ou cartésienne, et la seconde serait sensitive. C’est-à-dire que le médiat habituel de notre raison qui s’interpose entre les choses, et notre connaissance, qu’est la raison, s’efface pour permettre une connaissance directe, immédiate.

    Admettons que cela soit possible. Alors je pose une question : est-il préférable d’aborder lentement une expérience que l’on comprend, ou de comprendre lentement l’expérience vécue ?
    Je ne pense pas que la compréhension puisse être immédiate, et je ne pense pas que l’expérience puisse être vécue pleinement sans compréhension. Sans compréhension, l’expérience vécue n’est pas en harmonie avec l’esprit, il y a interférences. On peut vivre des choses formidables, mais si on ne les intègre pas dans une cohérence mentale, ça part en vrille. Que cette compréhension intervienne avant ou après l’expérience ne change rien au début car chacun tâtonne. Mais après, celui qui comprend peu ajuster avec plus de pertinence et de de précision l’expérience qu’il choisit de vivre.

    Du coup, plus de handicap !!! Il n’y a que différentes façons d’aborder les choses avec chacune ses atouts, et ses inconvénients, et en plus on peut faire sans arrière-pensée selon ses affinités.

    Qu’en penses-tu ?
    Qu’en pensez-vous ?

    #32137
    Andraneros
    Modérateur

    Tu écrivais @epicture le 12 mars dernier dans ton message de présentation :

    Ce site, ces forums, sont constellés de témoignages de cette sorte : notre vibration au monde.

    La notion de « vibration au monde » ma paraît plutôt éloignée de ce que l’on peut considérer comme une perception rationnelle. Tu ajoutais deux jours plus tard en ouvrant le sujet où tu apportes le témoignage de tes progrès vers la maîtrise de ta puissance sexuelle :

    j’ai ressorti du placard un appareil d’électrostimulation pour approfondir la musculation des abdominaux. Et peu à peu je plaçais les électrode de plus en plus bas, jusqu’à envelopper mon pénis avec, et mes testicules. C’était très encourageant, mais décevant à la fois, alors je continuai à descendre, sur le périnée, toujours pour me muscler me disais-je. Bien sûr je fini par placer une électrode directement sur l’anus… (… )
    …ce fut une révélation… presque divine : l’anus pouvait être un VRAI lieu de plaisirs. c’était il y a 1 an 1/2.
    Je ne soupçonnait pas à ce moment-là le potentiel du chemin sur lequel je venais de m’engager, tant au niveau corporel, que sexuel, psychologique, philosophique…

    Pour rester dans le thème de ce fil de discussion, le déplacement de ces électrodes répondait-il
    • à un état d’esprit expérimental, donc cartésien, dans lequel tu testais toutes les configurations possibles pour en retenir la plus efficace,
    • ou à un état d’esprit émotionnel, donc non cartésien, dans lequel tu t’approchais d’une « zone interdite », par transgression anatomique progressive, sous l’effet d’un désir incontrôlé ?
    Dans le premier cas ta pratique cartésienne (expérience systématiquement renouvelée en variant progressivement les conditions d’exécution) t’a permis d’acquérir une information (« ce fut une révélation ») pour reconstruire ta perception du plaisir.
    Dans le second tu répondais à un appel de ton inconscient (expérience ancienne enfouie peut-être innée ou bien résultant de ton travail en Pilate ou tout autre chose) qui te poussait à aller là où ton conscient ne voulait pas et t’a ainsi ouvert la voie à ce que tu vis maintenant.


    @antoine
    nous dit le 14 octobre :

    je suis un sacré cartésien à la base. J’ai une formation scientifique et suis habitué à réfléchir en mode « je décortique tout ». C’est même mon boulot en fait… J’analyse beaucoup trop, et ai du mal à me laisser emporter, c’est peut être un frein à mon cheminement.

    La difficulté des gens qui ont une approche cartésienne ou mentale est qu’ils ont besoin de faits et d’informations pour construire le modèle de leur raisonnement. Or les premiers événements qui sont à l’origine de ces faits et informations sont dans notre pratique des sensations initialement faibles, souvent personnelles ni quantifiables ni aisément reproductibles. Un esprit cartésien a donc les plus grandes difficultés à progresser dans une telle situation.
    Tu nous dis le 31 octobre :

    La seule pratique, ici, nécessaire et suffisante, consiste en l’observation et en la réflexion.
    Voir véritablement, c’est changer réellement.

    Que faut-il observer pour progresser dans sa capacité à jouir ? Y a-t-il un objet d’observation commun à tous les pratiquants ? Tu ajoutes ci-dessus :

    est-il préférable d’aborder lentement une expérience que l’on comprend, ou de comprendre lentement l’expérience vécue ?

    La lecture des témoignages apportés aux forums spécialisés me conduit à penser que nos amis prostatonautes ne choisissent pas. Je classe ceux qui ont besoin de comprendre pour avancer dans leur expérience du plaisir prostatique en deux catégories :
    • ceux qui parviennent à percevoir et reconnaître les « bonnes » sensations, celles qui sont les prémices de leurs futurs orgasmes, et qui pourront ainsi nourrir leur fonctionnement mental et les conduire à la jouissance prostatique et au-delà,
    • ceux qui n’y parviennent pas et qui restent sur le bord du chemin.
    Je classe ceux qui découvrent le plaisir prostatique instinctivement, en mode émotionnel en deux catégories :
    • ceux qui vont savoir séparer leur plaisir interne de leur plaisir pénien, être capables d’amplifier les premières sensations et choisir de jouir sans la libération instinctive apportée par l’éjaculation pour vivre la jouissance prostatique et plus si affinité,
    • ceux qui ne parviennent ni à faire cette séparation ni à amplifier leurs premières sensations en plaisir autonome et qui améliorent un peu leur plaisir pénien sans beaucoup plus.
    Je mets à part bien sûr tous ceux qui vivent des orgasmes prostatiques forts et reconnus comme tels dès leurs premières expériences et qui sont capables de les renouveler à volonté en quelques sessions.
    Dans les deux cas qui m’intéressent ici
    • d’une part la rationalité implique une pratique méthodique
    • et d’autre part le bénéfice d’une expérience instinctive initiale ne porte ses fruits que s’il est amplifié par une pratique méthodique.
    • En outre la rationalité ne peut conduire au plaisir sans la perception de quelques sensations initiales et l’acceptation qu’elles sont les prémices des orgasmes à venir.
    Pour répondre à ta dernière question je partage ta conclusion.

    L’accès au plaisir prostatique est un entonnoir. On part d’un côté ou d’un autre mais plus on s’enfonce dans l’entonnoir plus les expériences des prostatonautes se rapprochent, se ressemblent.

    Je me classe plutôt dans les « cartésiens » avec les qualités et les défauts attachés à ce type de personnalité. Mon cheminement me conduit à devenir de plus en plus sensible à ce que je vis et à ce que je ressens, à accepter les effets de mes expériences même si je ne peux les intégrer dans ma logique. Lentement j’apprends à vivre dans l’instant et dans mon corps, à accepter mes émotions sans peur ni angoisse et je peux dire qu’en ce qui me concerne une jouissance incontrôlable est une sacrée émotion !

    #32138
    Epicture
    Participant

    Mon propos, n’est pas de stigmatiser d’un côté les cartésiens ou les rationnels et de l’autre les émotionnels ou les sensitifs. Mon propos est bien plutôt de souligner l’importance de la synergie stimulante entre le réflexif et le sensitif. l’un ne va pas sans l’autre. Bien sûr il y a des moments ou l’un doit s’effacer au profit de l’autre, mais ce ne sont que des moments.
    La rationalité peut paraitre un frein, dans la pratique du massage prostatique. Pour moi, il n’en est rien. Ce qui freine est autre chose. Et pour moi seule une synergie entre une pratique réflexive ET une pratique corporelle vient éclairer les résistances nombreuses qui m’habite, qui nous habitent tous, sur ce chemin. Contrairement aux apparences, il ne faut pas croire que celui qui dès les premières expériences atteint le super O , ne rencontrera pas un jour des résistances.
    Tous les témoignages convergent : c’est une expérience aux possibilités infinies. Par conséquent où se trouve le début, et où se trouve la fin ? Ou se trouve le haut, et où se trouve le bas ? Délimiter cet espace n’est pas le fruit d’un esprit rationnel, mais celui d’un esprit qui se complait dans ses résistances. Ce n’est pas notre cas, puisque nous sommes là.

    Mais de quelles résistances s’agit-il ?

    Elles sont de deux sortes :
    1 : Les résistances de nature physiologique, celle qui sont irréversibles (ablation totale ou partielle de prostate) absence de sensation douloureuse, etc… et celle qui sont réversible par un travail de re-wiring.
    2 : Les résistances de nature psychologiques : celles qui sont culturelles, commune à nous tous dans notre culture judéo chrétienne, et celle qui sont singulières, relatives à notre histoire, à notre tempérament.

    On voit tout de suite que, à chaque sorte de résistance, physiologique ou psychologique, correspond respectivement le sensitif, et le réflexif. Or un déficit de l’un, peut parfaitement être compensé par un surinvestissement de l’autre. Ou un surinvestissement de l’un sera compensé par un appauvrissement de l’autre. L’objectif de la dynamique de synergie, dans le cadre de notre pratique prostatique n’est pas de verser dans le sensitif total, car cela génère un déséquilibre qui n’est pas productif, ni bien sûr, mais cela tout le monde l’a bien compris, dans un réflexif total. Il s’agit bien plutôt de trouver un équilibre, son équilibre.

    Cela ne vous rappelle rien ? Moi ça me rappelle la symbolique du yin et du yang, qui est au cœur des philosophies orientales.

    Bien à toi @andraneros

    #32139
    bzo
    Participant

    1 : Les résistances de nature physiologique, celle qui sont irréversibles (ablation totale ou partielle de prostate) absence de sensation douloureuse, etc… et celle qui sont réversible par un travail de re-wiring.
    2 : Les résistances de nature psychologiques : celles qui sont culturelles, commune à nous tous dans notre culture judéo chrétienne, et celle qui sont singulières, relatives à notre histoire, à notre tempérament.

    tu oublies, il me semble, un troisième type de résistances,
    des résistances de type physique, nos tabous, nos automatismes d’homme relativement sain d’esprit
    vivant dans un corps d’homme avec ses habitudes, ses automatismes, relativement bien huilés

    ce que j’ai appelé, desceller le masculin, tout desceller ,en fait, en nous
    pour que le désir, pour que le plaisir puisse nous bouger comme ils veulent,
    sans aucune restrictions, sans aucun tabous

    le résultat est que par moments,
    mes gestes, mes mouvements, sembleront totalement féminins
    (c’est comme cela que je le sens et j’en suis sûr, c’est aussi comme cela qu’ils paraissent),
    à d’autres moments, ils paraîtront comme les mouvements d’un chien en rut frénétiquement à l’oeuvre,
    à d’autres moments, mes mouvements, mes gestes paraîtront ceux d’un épileptique en pleine crise
    ou encore d’un schizophrène aux gestes et aux mouvements totalement étranges, morbides

    tout cela est rendu possible parce que j’ai brisé des résistances en moi, cassé des barrières,
    des automatismes de gestes, de mouvements, peuvent être rompus durant la séance,
    tout peut arriver avec mon corps, entraînés par le plaisir, je laisse tout faire,
    il n’y a plus rien moi qui freine les gestes, les mouvements, plus aucun tabous
    tant qu’ils sont dictés par mon désir, par mon plaisir

    #32142
    Epicture
    Participant

    @bzo, je comprends ce que tu dis : Le corps, via le plaisir et le désir, prend les commandes. Et si il est accroché à des habitudes posturales, le corps ne bouge pas grand-chose.

    Mais tu dis : J’ai brisé, j’ai cassé, je laisse tout faire. C’est bien ton JE qui parle, ton TOI. Tu exerces bien une action, ou une non action, mais issue de ta volonté mentale, et pas corporelle.

    Cette volonté, qui dirige l’action que TU inities, ou que TU laisses faire, proviens bien comme le souligne @andraneros, d’une mise en relation entre tes sensations et tes actes.

    Pour que mon corps prenne les commandes, si je ne fais rien, il ne se passe rien. Si je ne pratique pas, il ne se passe rien, et quand je pratique, quelle que soit la posture, les mouvements ou le jouet que j’utilise, le corps ne prend pas les commandes, du moins pas comme tu le décris. C’est toujours moi qui agit. Et cette action, ou cette non action, placée au bon moment, au bon endroit, conduit à une augmentation du plaisir et du désir. Si je veux qu’un jour le corps prenne les commandes, il faut bien que je fasse quelque chose, car si je ne fais rien, il ne se passe rien.

    Et si j’accuse une partie de moi-même, une part rationnelle, comme responsable, voire coupable d’une progression que je pourrai éventuellement considérer comme trop lente (ce qui n’est pas mon cas, je ne considère pas ma progression comme trop lente), ça ne sert à rien. C’est comme pisser dans un violon comme dit l’expression populaire.

    Donc, peu à peu, à force d’actions répétées, de réflexion sur ce qui peut gêner ma progression et en améliorer les conditions, les sensations en provenance de mon corps progressent et s’amplifient, et peut-être un jour, mon corps prendra les commandes au sens ou toi tu l’entends, et à ce moment-là les sensations submergeront ma rationalité, qui n’aura plus cours, et mes mouvements ne seront plus commandées par mon action. Cela sera une conséquence de la submersion, pas parce que j’aurai dit à ma rationalité : tais toi ! Elle se taira d’elle-même pour ainsi dire. Je le sais, parce que c’est ce que je perçois en filigrane dans mes récentes expériences, et c’est ce que j’ai toujours su parce que c’est comme cela que ça se passe dans d’autres domaines.

    C’est pourquoi j’affirmai dans l’un de mes posts : “Le lâcher prise est un faux problème”. Ce n’est pas une action à mener. La conscience lâche prise parce qu’elle est submergée par les sensations. C’est une conséquence du travail, de l’action, réalisés en amont qui allient sensitivité et réflexivité.

    Ce n’est pas que une question de tabous corporels. C’est surtout une question de patience et de perseverance. Une question de pratique. Peu importe ce que l’on fait, si cela permet une augmentation du plaisir a chaque seance même infime, une transformation de soi progressive en “entonnoir à jouissance prostatique”, un déconditionnement de soi comme machine à produire et à consommer de l’illusion de puissance et de liberté, un re-conditionnement en etre vivant et vibrant.

    #32493
    Epicture
    Participant

    @andraneros à écrit :

    Ne serait-ce pas un des secrets du bonheur ?

    Tu fais bien de supposer que ce “secret” n’est pas seul en jeu pour atteindre le bonheur.

    Selon moi, le bonheur d’un être humain ne peut être vécu dans la solitude. Le bonheur solitaire existe, mais seulement dans la mesure ou-il fini par jaillir sur son environnement. Le fondement de ce bonheur ne peut se construire que dans la solitude de l’expérience, du vécu. Mais le partage de cette expérience, ne peut se passer de l’autre, comme expérience pour l’autre, qui se donne à l’autre comme “un plein sentiment d’être”. Ce sentiment jaillit sur l’autre, rebondi sur sa chair, sur son être, et revient sur moi, mais pas comme un reflet de moi-même, mais comme une réponse. Cette réponse, si elle me touche, parce qu’elle est imprégnée de reconnaissance, me remplit de bonheur parce qu’elle m’encourage à poursuivre sur ce chemin. Mais parfois, cette réponse me heurte, me blesse, et touche mon amour propre, la belle image que j’ai de moi. Alors j’essaie de comprendre ce qui s’est passé. Cette attitude, de compréhension, vient nourrir mon expérience, celle qui est vécue dans la solitude, et si le travail est bien fait, elle rejaillit alors sous la forme : “oui, j’ai compris ce que tu voulais dire”, je te reconnais, je reconnais ton existence, et ton “plein sentiment d’être”. Cela devient un échange véritable, par opposition à ce simulacre de partage ou l’on compare la taille de ses muscles, la beauté de ses formes, la puissance de son image, la profondeur de son porte-monnaie, et parfois aussi… la force de son orgasme.
    D’un point de vue philosophique, ça implique de considérer l’autre comme son égal, et c’est très difficile, aussi bien quand à priori on le considère comme son supérieur, que comme son inférieur. L’autre difficulté, dans laquelle beaucoup sont tombés , c’est de ne pas confondre l’autre comme sont égal, et l’autre comme riche de sa différence.

    Mais me diras-tu, @andraneros, à juste titre, quel rapport avec le massage prostatique ?

    Le massage prostatique à définitivement réconcilié mon corps et mon esprit, mon moi pensant.

    Notre culture est totalement imprégnée d’une défiance à l’égard du corps. Notre corps est considéré comme la source de notre part animale, et cette part animale est celle qui nous détourne de l’excellence de ce que devrait être notre nature humaine, totalement dissocié d’une nature qui nous détermine. Cette nature, animale, imprégnée dans notre corps, nous oblige, nous détermine à faire des choses, à être des êtres dont le comportement bestial, animal est considéré comme mauvais, néfaste, à proscrire, à combattre, à éradiquer. Si nous ne sommes pas capable de le faire nous-même, d’autres se proposent de le faire à notre place, ou de nous y aider.

    Tout ceci est une erreur fondamentale : notre corps n’est pas notre ennemi, c’est notre allié. Le problème ne proviens pas du corps, mais de la longueur de vue de notre jugement, qui définit ce qui est bien ou mal, ce qui est bon ou mauvais. Le plus souvent, cette longueur de vue correspond à la défense des intérêts personnels de celui qui prononce le jugement. Et le plus souvent, compte tenu de sa longueur de vue courte, il omet de prendre en compte un certain nombre de paramètres qui auraient modifié son jugement si il en avait pris compte. De plus, comme il est venu sur la place publique, pour crier haut et fort son jugement, pour ne pas passer pour un imbécile, il s’interdit toute prise en compte ultérieure de nouveaux paramètres qui viendrait modifier son jugement, et va même jusqu’à déclarer la guerre à ceux qui prétendent qu’il s’est trompé. C’est ainsi que nait le mal, la guerre, et la désolation. Le corps, n’a rien à voir là-dedans, mais c’est un exutoire commode pour justifier n’importe quelle imbécilité.

    Notre corps est notre ami, il ne veut pas nous réduire en esclavage, il n’est pas l’expression diabolique d’une nature sauvage, il ne veut rien. Il est un instrument, une boite à outil. Le problème ne vient pas de ce qu’il nous fait faire, mais de la manière dont nous nous en servons.

    D’un autre côté, d’autres ont pu prendre le contrepied inverse en considérant le moi pensant, ou l’esprit, comme barrant la route aux plaisirs du corps, et en font un boulet, voire un ennemi. Pour moi, il n’en est rien.

    Dans le cadre du massage prostatique, il est fondamental de dépasser cette opposition entre moi, et mon corps. La seule façon d’y parvenir selon moi, c’est de prendre conscience de la façon dont elle (cette opposition) se déploie dans notre existence, dans tous les automatismes que nous avons créé, à la suite de notre conditionnement culturel et éducatif, pour pouvoir les retourner, ou les modifier de façon à faire du corps et de l’esprit, non plus des ennemis, mais des alliés, des amis. Il ne s’agit pas selon moi de position physique, de posture corporelle, ou gestuelle, mais de position mentale, à l’égard du corps : suis-je disponible à sa vibration, ou pas ? Comment peut-on valider cette modification du rapport au corps ? En constatant le respect grandissant qu’on lui porte : prendre soin de lui en éliminant les excès qui réduisent la vibration, et en le laissant vibrer comme un instrument de musique dans lequel souffle le vent de la vie. C’est un peu pompeux comme formulation, je sais, mais en même temps je ne vois pas comment le dire autrement.

    Et de cette façon (je répète ce que j’ai dit dans mon autre post) : “C’est un excellent point de départ pour partager, communiquer, et vivre avec son prochain.” car je ne suis plus, comme tu disais @andraneros dans l’un de tes posts, en position de prendre et d’avoir, mais bien plutôt en position d’être et d’offrir, ce qui ne signifie pas non plus, être béni-oui-oui, et accepter tout et n’importe-quoi, et en particulier l’humiliation et le harcèlement.

    Merci pour ton retour @andraneros

    #32508
    SophiAir
    Participant

    Merci @Epicture de mettre en mots ce que nous pouvons ressentir. En tout cas, c’est ce que je ressens. Et étant plus sensible qu’intellectuel, je n’avais pas tes mots pour l’exprimer. Merci donc.
    Le rejet des Tartufe, et au contraire, l’échange, le partage de soi,

    je ne suis plus, comme tu disais @andraneros dans l’un de tes posts, en position de prendre et d’avoir, mais bien plutôt en position d’être et d’offrir

    Tellement bon, et tellement vrai.

    #33540
    Andraneros
    Modérateur

    Je reprends ici un message que j’ai posé dans le sujet Le traité d’Aneros, LA voie ou UNE voie ?


    @aneveil
    tu nous dis :

    il me semble qu’il pourait y avoir des dizaines voir des centaines de manières très différentes pour enseigner le plaisir prostatique.


    @epicture
    tu reprends :

    Il y a autant de façon d’apprendre et de pratiquer qu’il y a de pratiquants.

    Vos réflexions me font penser à la pédagogie que Platon attribue à Socrate, la « maïeutique ».

    La Maïeutique selon Socrate


    https://fr.wikipedia.org/wiki/Ma%C3%AFeutique_%28philosophie%29
    https://fr.wiktionary.org/wiki/ma%C3%AFeutique
    http://www.pedagogie-active.fr/lecture_suivie/2-50.html
    Développée dans un environnement culturel évidemment complètement différent de celui dans lequel nous baignons, cette méthode s’appuie sur un dogme, l’âme est immortelle et donc elle possède toute la connaissance. La technique pédagogique consiste donc à aider l’apprenti ou l’étudiant à découvrir par lui même ces connaissances en l’aidant à se poser les bonnes questions qui le conduiront aux bonnes réponses.

    Nous répondons aux questions que viennent poser nos amis qui veulent découvrir ce que nous vivons en nous appuyant sur des principes très proches. Notre dogme est que chacun peut éveiller sa prostate. Notre méthode est d’aider nos amis en apprentissage à découvrir par eux-mêmes cette énergie qui est en eux sans qu’ils en aient encore conscience en orientant leurs expériences.

    C’est un bon sujet pour relancer ce fil de discussion ouvert par @epicture.

    #33763
    Epicture
    Participant

    Bonjour @andraneros

    Maïeutique : art de faire accoucher

    Socrate était le fils d’une sage-femme. Sa méthode consistait à faire accoucher son interlocuteur d’une connaissance, ou d’un savoir, dont il n’avait pas conscience. Ainsi, les dialogues écrit par Platon qui relatent la vie de Socrate comme personnage “coloré” de la vie Athénienne de cette époque antique, ne font que retracer ce processus d’accouchement, par son interlocuteur, d’un savoir dont il ne sait pas qu’il en est déjà le dépositaire. Certain perçoivent cet homme comme un personnage horripilant, et jouissant de l’humiliation qu’il fait subir à ses congénères, d’autre le définissent comme le premier philosophe. Socrate ne donne pas de réponses. Les dialogues de Platon se finissent presque toujours par une aporie c’est-à-dire une impasse intellectuelle. Cette impasse, ou bien elle horripile parce que la pensée, “ça sert à trouver des réponses”, ou bien elle exalte, car la pensée n’en n’a jamais fini, elle est sans cesse relancée. Mais ça énerve aussi. D’ailleurs Socrate fut condamné à mort, ou à l’exil. Il a choisi la mort.

    De cette existence, Platon à fait naître le dualisme, qui a séparé le corps et l’esprit, puis tout le christianisme. Pour moi, c’est la cause de tous mes problèmes. Il m’a fallu réconcilier pendant des années mon corps et mon esprit.

    Pourtant, je ne crois pas, (il faudrait approfondir cette question) que c’était le projet de Socrate. Il était dans la vie, dans l’existence ici et maintenant. L’acte de faire parler les gens n’était pas pour lui une philosophie, mais un mode de vie. Il savait, qu’en faisant parler les gens ça les conduisait devant leur propres contradictions, c’est pourquoi il agaçait. Son objectif était à mon avis d’ordre catarthique : libérer les hommes de leurs contenus contradictoires, source de leur agitation et de leurs problèmes.

    Pour le sujet qui nous intéresse, il se trouve que toutes les personnes qui viennent sur notre forum ne viennent pas pour la même raison, chacun a son projet, son vécu, ses désirs, ses phantasmes. Il est difficile de répondre à chacun avec justesse, comme tu le fais @andraneros, et avec modération.

    Si l’on définit un dénominateur commun comme tu l’as fait : éveiller sa prostate, alors effectivement cela conduit à mobiliser des forces et ou des énergies dont nous n’avons pas conscience. La seule chose dont nous avons conscience, dans ce domaine, c’est l’effet que cela a sur nous. Et encore, c’est souvent difficile, voire impossible de le retranscrire fidèlement : les mots manquent, et la grammaire se fait handicap. Seuls les poètes et les artistes savent nous faire toucher d’un peu de leur vécu. Cependant, quelques conseils judicieusement posés, quelques paroles adéquates, permettent parfois de faire émerger à la conscience de certains d’entre nous des schémas mentaux qui ne sont pas productif pour éveiller sa prostate. Le dualisme est selon moi l’un de ces schémas contre-productif. Corps et esprit, bien que distincts, ne sont pas opposés, ils sont complémentaires.

    Si l’on considère, comme je le fait, que le massage prostatique n’est qu’une étape vers quelque chose de moins sexuel, de moins intrusif, ou l’ensemble du corps prend part à la fête, et que l’esprit contribue par son action à mettre de l’huile dans les rouages à travers lesquels circule notre énergie, alors, effectivement l’éveil de la prostate est le début du commencement.

    #33765
    bzo
    Participant

    Si l’on considère, comme je le fait, que le massage prostatique n’est qu’une étape vers quelque chose de moins sexuel, de moins intrusif, ou l’ensemble du corps prend part à la fête

    je ne suis pas trop d’accord, même pas d’accord du tout

    en quoi le massage prostatique au sens large, ainsi je puis y inclure ma pratique aussi,
    ne serait-il qu’une étape vers quelque chose de moins sexuel?

    chez moi cela fait belle lurette que tout le corps participe à la fête,
    pas un micro-gramme de mon être qui n’y participe, pas une cellule laissée en plan

    il y a des abysses en nous,
    dans ses abysses nous avons des formidables réserves d’énergies mystérieuses,
    on peut les appeler comme on veut,
    énergies originelles, essence de la vie, etc

    ces énergies, nous pouvons les faire jaillir en nous de multiples manières,
    certaines sexuelles, d’autres pas,
    elles sont profondément complémentaires, j’en ai la conviction,
    aucune n’est supérieure à une autre,
    ce sont juste des versants différents de la même montagne

    l’important dans cette histoire,
    c’est arriver à faire monter le plus possible ces énergies
    et de parvenir à les canaliser dans l’instant le plus efficacement possible
    pour obtenir des moments magiques avec nous-même, avec d’autres éventuellement

    #33766
    bzo
    Participant

    j’ajouterai que la pratique en solitaire basée sur la prostate
    en association avec d’autres sources, comme les parties génitales
    mais aussi comme tout le reste du corps,
    nous permet d’accéder à de l’infini ,
    l’affinement de la qualité des sensations n’a plus de limites,
    les domaines à explorer sans fin

    nous avons en nous tout le matériau
    qui aurait pu faire de nous avant la naissance une femme plutôt qu’un homme,
    tout ce matériau dort au fond de nous,
    avec une pratique suffisamment développée et orientée, nous pouvons y accéder de plus en plus,
    nous pouvons en goûter toute la richesse, tout le potentiel, intacts
    malgré la non-exploitation directe au quotidien à chaque instant,
    il faut juste dépoussiérer,
    pas mal dépoussiérer, épaisse couche de poussière
    mais en-dessous, tout est là totalement intact, totalement exploitable,
    un potentiel d’une richesse infinie

    et enfin si on pousse plus loin, encore plus loin,
    on peut expérimenter l’être dans son entièreté,
    à la plénitude, à l’unité de l’être débarrassé des limites de notre identité sexuelle,
    par de-là des limites du moi pensant,
    vivant la réunification de notre pôle masculin et de ce pôle féminin que nous avons en nous,
    vivant l’instant en parfait androgynie,
    vivant les sensations sur la totalité de leur spectre

    et tout cela, c’est une sacrée expérience,
    en même temps plaisir charnel, plaisir animal, plaisir sensuel, incomparables
    mais en même temps aussi quelque chose qui va bien plus loin, bien bien plus loin
    expérimenter l’unité de l’être,
    expérimenter la perfection vibrante qu’il y a en nous

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