Il y a des personnes qui pour se remettre d’une déception amoureuse partent en retraite spirituelle ou partent se faire dorloter chez leur mère.
Et il y a moi, qui accepte impulsivement l’invitation de longue date de cette italienne délicieusement délurée que j’ai rencontrée sur un réseau social BDSM. Je lui dis: “Gina, je peux venir demain, ok pour toi ?” Elle me répond un grand oui. Le moment est parfait pour elle et son Italien.
Ils sont artistes de rue, vivent dans un camion. Ils sont très amoureux, créatifs et désinhibés de leurs fantasmes. Et ils aiment exhiber leurs prouesses farfelues, mettre en scène leur folie bestiale.
Dépaysant!
Le voyage
Je prends un bus, vingt heures dans le m² de mon fauteuil côté couloir. Vingt heures pour laisser se diluer sur le paysage des fenêtre le tumulte de mes émotions. Faire le calme en moi, écrire et prendre du repos.
Je ne peux m’empêcher de raconter ma vie au jeune homme qui m’a proposé de l’aide pour mettre le wifi du bus sur mon téléphone. Je le charme avec mes mots, il consent, il en redemande. “An other story ?” Me demande-t-il après que je lui ai raconté ma première expérience libertine, la première fois que je suis tombée amoureuse d’un amant, la redécouverte de mon corps et aussi l’histoire d’amour que je fuis tellement elle est intense et douloureuse.
Je ne lui parle pas de cette aventure qui m’attend avec ces italiens. Parce que je n’en sais encore rien.
De ces dernières heures tourmentées, mes échanges avec eux sont évasifs. Elle me dit que je suis comme un fantasme pour eux. Elle me dit aussi que de leur dernière aventure en club, elle mesure combien elle se sent exclusive. Alors, je ne sais pas bien en quoi consiste tout à fait l’invitation, mais tout me va. Je vais voir du pays, rencontrer des êtres différents de moi, prendre inspiration de leur altérité, et rire, je sens qu’on va rire et cela sera heureux. J’en ai besoin.
Je les retrouve à la gare après un périple épique en RER romain fait de correspondances loupées, de prise de direction hasardeuses. Je suis saisie et fière de la manière de prendre mon temps sur mon chemin perdu. Je goûte l’assurance de mes pas tranquilles qui savent qu’au bout du chemin incertain, je me retrouverai.
Elle est comme sur ses photos, belle, souriante, musclée. Au-delà de ses photos, elle est électrique, débordante de dynamisme et si attentionnée. Son amoureux a le regard doux et charmeur que seuls les italiens cultivent autant. Il la caresse des yeux en permanence et leur complicité est séduisante.
Après un repas en famille avec un homme d’Église (oui, ils ont osé), ils m’emmènent dans leur camion qu’ils posent au bord d’une plage.
Nous nous baignons à moitié nus. Je garde mes distances, par égard pour ses mots “je me rends compte que je suis exclusive.” Elle est pourtant splendide. Ils exercent leur art dans l’eau, acrobaties, portages, équilibre, l’eau à mi-taille amortissant les chutes aussi splendides dans leurs éclats que les figures tout à fait maîtrisées.
J’observe l’accordage de leurs corps, le tremblement de leurs muscles poussés, les appuis, les glissements, les percussions, les envols de chairs. C’est beau. L’eau et le soleil sont brûlants. L’érotisme de ce moment est trouble.
Je couche mon corps sous une pinède, et me repose de mon voyage.
Je suis éveillée par leurs commentaires sur mon ventre qu’ils trouvent beau. Ils me proposent d’aller observer les fonds marins. Elle se baigne nue. Je ferai cette blague aussi médiocre qu’intraduisible: qu’au moins, je verrai une raie… Et on rit. Tout n’est qu’enfantillages.
Il m’apprend à pêcher les oursins. J’adore, m’enfoncer dans l’eau, découvrir les couleurs des pointes, ne choisir que ceux de la couleur indiquée, les décrocher, les saisir. J’observe la cruauté de ma gourmandise payée au prix de quelques épines dans la pulpe de mes doigts.
Je ne peux m’empêcher de contempler la puissance de leurs deux corps qui se dessinent dans leur nage. L’adresse de ses gestes à lui, chasseur marin déterminé. La beauté de son sexe à elle, qui s’ouvre délicatement lors de quelques mouvements de brasse. La nature est belle.
Après la pêche, elle me montre comment se rincer en économisant l’eau douce des bidons. Elle m’invite à me rafraîchir près d’elle, sur la même natte. J’ai l’impression d’être si loin de chez moi, tout est si simple, si naturel.
Nous épluchons les oursins, ils me montrent le geste délicat pour prélever les œufs, délice rare, mais puissant qui pourrait presque être écœurant.
Je suis appliquée dans mes gestes, concentrée, précautionneuse. Je suis nue. On est toujours plus appliquée nue, n’est-ce pas ?
Alors, je la sens derrière moi, elle laisse écouler sur ma peau de l’eau de fleurs qu’elle a faite elle-même. Et son geste est particulièrement délicat, mais aussi tendre. Mais aussi… Équivoque…
Alors que je m’étais retenue toute la journée d’éteindre et de caresser son corps menu, je lui dis combien je suis troublée par ses mots: “tu as dit que vous étiez exclusifs, non ?” Et elle me répond dans un sourire : “mais chérie, je disais cela à propos des autres hommes, mais toi, je suis si contente que tu sois là!”.
Alors son homme s’approche de moi, et il n’y a plus aucune équivoque. Je sais que je ne vais pas manger tout de suite les pâtes aux oursins, que la faim mutuelle de nos corps seront l’apéritif… Et je dis dans un souffle rieur, approfondi par l’excitation, que je suis heureuse d’être venue en Italie…
Crédit photos : Depositphotos
❤️ Soutenez NouveauxPlaisirs.fr ❤️
NouveauxPlaisirs.fr est un média unique dans son positionnement et contenu sur la sexualité ludique et totalement indépendant de ses partenaires. Pour le rester, nous ne mettons en place ni commission, ni pub, ni aucune autre source de financement.
Si vous aimez le contenu que nous publions et notre combat pour plus de connaissances sur tous les aspects de la sexualité, soutenez nous en donnant une somme une fois ou tous les mois sur Tipeee.
Le site est complètement non commercial (et veut le rester) mais coûte de l’argent chaque mois à Adam pour l’hébergement, certains outils informatiques, des sextoys ou des accessoires rares qui ne sont pas chez les partenaires, et bien sûr, l’immense temps passé à créer, à maintenir le site et la communauté.
Pour vous donner un ordre d’idée, en moyenne pour chaque article, c’est environ 6 à 8 heures de travail suivant la taille de l’article et les recherches nécessaires (certains ont demandé des dizaines d’heures comme ceux sur la science de l’orgasme), il y a ce jour 1100 articles. J’estime avoir passé approximativement 10.000 heures de travail rien que sur le contenu, l’écriture des livres et le soutien à la communauté.
Je propose un soutien financier en libre conscience. Pour déterminer pour combien vous souhaitez soutenir ma démarche, je vous invite à réfléchir sur ces différentes questions :
- Est-ce que les articles de NouveauxPlaisirs répondent à mes besoins d’épanouissement ? Quel est le degré de satisfaction que j’en retire ?
- Combien de temps Adam a dédié à ce site, aux articles, à la communauté et quels ont été ses frais associés ?
- Dans un monde idéal, quel est le montant que je trouverais le plus juste pour soutenir le travail d’Adam ?
- Qu’est-ce que ça me coûterait comme effort de payer ce montant ? Par rapport à mes moyens, quel est le montant qui me semble juste sans me mettre en difficulté ?
- Est-ce que j’ai la possibilité et l’envie de payer un peu plus pour participer d’une manière ou d’une autre aux autres projets d’Adam ?
Mille mercis à vous d’avoir lu ce paragraphe.