Voilà plus d’une demi-heure que je suis sur la route, il est 22h passé et je profite. Les routes de campagne offrent ce plaisir de pouvoir contempler les étoiles tout en conduisant.
Les fenêtres ouvertes, j’augmente le volume de la radio qui passe des classiques du rock, la B.O parfaite de cette soirée pour une destination presque inconnue.
Presque car si je me laisse guider par le GPS j’ignore tout de ce qui m’attend à cette adresse. Ce soir, pour la première fois je vais dans un club libertin.
Récemment, je me suis inscrit sur « Wyylde », et très vite je suis entré en contact avec un couple. Et après avoir échangé, vu quelques photos, ils m’ont donné rendez-vous en club. Moi qui n’aborde pas, qui n’a que peu de confiance en moi, qui est loin d’être un Don Juan et qui est facilement mal à l’aise…
Au fur et à mesure que les kilomètres passent, l’appréhension monte. Ils sont au courant que je n’ai jamais mis les pieds dans ce genre de club. Eux ce sont des habitués presque les tauliers.
Des clubs libertins ? Je n’en ai lu que des témoignages. Et évidemment maintenant tant de questions me viennent en tête…
Comment cela se passe-t-il ? Y aura t’il beaucoup de gens ? A quoi ressemble cet endroit ? Un club à l’aspect conventionnel avec un coin coquin ? Ou un de ces lieux qui ressemblent aux panthéons de la luxure ? Est-ce que je vais plaire ? … Je suis athlétique mais pas musclé comme un dieu du stade ; alors je me demande si ça va le faire. Et puis : Est-ce que je serais capable de bander ?
22h35 j’arrive sur les lieux. Perdu au milieu de la campagne, le club ressemble à une maison toute simple avec un grand parking et une enseigne lumineuse plutôt discrète au-dessus de l’entrée. Je me gare et pendant un instant j’hésite. Les vitres ouvertes j’entends un brouhaha de conversations et des rires.
L’ambiance à l’air conviviale mais le stress monte… « Qu’est ce que je viens foutre ici, un samedi soir, au milieu de nulle part, seul ? “Allez fait demi-tour et rentre, me dis-je…. C’est n’importe quoi, aucune heure de rdv précise n’a été fixée et je n’ai même pas leur numéro. Je relis le dernier message envoyé sur le site : « appelle le club si tu as un empêchement ».
J’hésite à descendre, je me sens fébrile, le cœur bat la chamade, j’ai les mains moites ; autant dire que je ne suis pas du tout dans l’état d’esprit d’un club libertin….
De nouveaux clients se gare à côté, un couple qui en descendant de leur voiture ne manque pas de me regarder d’un air dubitatif, ils doivent se demander ce qu’un mec seul fait à rester dans sa voiture…
Finalement je me décide à franchir le pas. J’arrête de me prendre la tête. Je ne suis pas du genre à poser des lapins et ce sera l’occasion d’une nouvelle expérience.
Une fois à l’intérieur j’essaie de cacher ma fébrilité mais ma maladresse me trahit. A l’accueil, une femme assez charmante ne manque pas de s’en apercevoir :
« C’est la première fois que vous venez ? »
” Oui ! ”
Elle m’explique comment est fait le club puis me tend les clefs des vestiaires et une serviette. Le club est équipé d’une piscine d’un sauna et d’un grand jacuzzi.
Et moi comme un ingénu « Ah zut mais je n’ai pas emporté de maillot de bain moi ! » Il y a de quoi en rire, à l’écrire d’ailleurs je réprime un fou rire face au spectacle de ma naïveté…
Une fois les affaires posées, je m’assois sur un des divans qui entoure la piste de danse. Assis en face de l’entrée, j’attendais le couple ici et en profite pour observer autour de moi. Comprendre les codes.
On a eu beau me dire que c’était diversifié, je n’imaginais pas à ce point-là. De tous âges, de tout corps aussi des femmes pas loin de la soixantaine dansent en porte jarretelles tandis que de jeunes trentenaires particulièrement enrobées font vite tomber leurs vêtements. Incroyable!
Et moi qui en était presque à complexer de pas être dessiné comme Apollon ! Cette scène à laquelle j’assiste sur la piste de danse me fait alors comprendre qu’en dépit de mon ouverture d’esprit, ma conception du désir et de l’érotisme était imprégnée, si ce n’est façonnée, par la société et ses diktats. Électrochoc libérateur !
23h, Je ne vois toujours pas le couple arriver… ils ne m’ont quand même pas posé un lapin ?
Au pire tant pis, sur la piste de danse l’ambiance commence à chauffer et je profite d’une belle vue. Des femmes en tenues légères, de la séduction dans l’air et danses très rapprochées. Et se produit alors un miracle… je me sens maintenant à mon aise.
Pour quelqu’un d’asocial comme moi le fait est assez rare pour être souligné. Encore une preuve qu’à l’inverse des « on dit » et des “a priori”, les clubs libertins sont de véritables lieux de liberté. Venez comme vous êtes…
Contre le mur, des hommes seuls s’alignent certains chemises ouvertes d’autres en serviettes. Ont-ils pensé à apporter leur maillot de bain ?
Cette vision me dérange, je trouve même ça un peu glauque. Vont-ils rester là à attendre qu’un couple ou une femme les choisissent ? Alignés sur le mur comme sont alignés des produits en supermarché ? Mais cela me rappelle aussi qu’ici c’est la femme qui a le pouvoir. Cela fait drôle de voir les rapports inversés mais ça fait du bien aussi…
Pourtant sur la piste des hommes seuls courtisent…. Je suis dans le flou mais pas bien grave puisque le couple que j’attendais vient d’arriver.
Ils sont aussi sympathiques en vrai que sur le site. Nous prenons le temps de faire connaissance, la soirée passe et je quitte la piste de danse pour découvrir le reste du club en la compagnie de Madame.
Nous allons à la piscine, un tour au vestiaire s’impose donc et je comprends enfin qu’on a tous oublié nos maillots de bain… ah les vestiaires sont mixtes aussi… Un vrai ingénu je vous dis ! Quel imbécile direz-vous et vous auriez raison. Mais bon pas l’habitude….
Au bord de la piscine l’ambiance chauffe entre elle et moi, les caresses font monter l’envie et vient alors le temps de découvrir le coin câlin sur deux étages.
La suite ? Je n’aurais jamais cru la vivre….
En montant l’escalier l’ambiance change peu à peu. Le coin câlin contraste avec le reste du club. Une moquette pourpre, des boiseries aux couleurs ébènes, dans le couloir on entend des gémissements, on entend des femmes jouir, derrière chaque porte le plaisir se fait entendre et c’est terriblement excitant.
Aux antipodes de l’image glauque que j’en avais, je me croirais dans une maison close du 19ème siècle m’attendant à découvrir dans un coin un groupe de jazz jouer un air sensuel …
Un groupe il y en a bien un. Mais d’hommes et de femmes tous en serviettes devant une porte restée ouverte. Là c’est un trio HHF qui s’offre à la vue. Je n’en reviens pas…. Je regarde autour de moi les hommes se branlent et les femmes se caressent en voyant la scène. Ma partenaire aussi… Tout le monde profite du spectacle jusqu’à la scène finale où elle jouit, derrière nous d’autres cris de jouissance se font entendre … Ce moment me paraît surréaliste.
Assistant à ce spectacle, j’eu un moment de pleine conscience… J’étais là, ce soir, dans ce club entouré d’inconnus tous devant cette chambre à assouvir nos envies, à vivre ce plaisir de voyeurisme. Sans jugement… Ici chacun assume ses désirs ; aucun n’est honteux ni gênant, rien de plus naturel mais pourtant si rare.
Toutes les chambres étant occupées, nous descendons au jacuzzi qui sera lui aussi le théâtre de moments inimaginables.
C’est une fois posés dans un coin du jacuzzi que ma partenaire commence à me caresser. Au début, j’ai un moment de gêne, nous sommes une quinzaine de personnes et me laisser faire à la vue de tous me dérange. Même si depuis quelques heures j’ai bien compris qu’ici la pudeur était un concept très limité.
Certains couples eux aussi se laissent aller à des caresses, des pluralités se forment mais ça reste très soft. Je finis par me laisser aller et m’en remet aux mains de ma partenaire qui décidément m’aura tout fait vivre.
Alors qu’elle me met en forme elle me susurre à l’oreille de m’asseoir sur le rebord du jacuzzi…. Qui aurait cru un jour que je me ferais sucer devant plein de monde ! Certainement pas moi et pourtant… le regard des autres ne me dérange plus, la proximité d’autres hommes se masturbant en assistant au spectacle que l’on donne, non plus…
J’en suis le premier étonné. En face de moi, un couple qui nous regardait se met à coquiner aussi, Madame est face à moi et nos regards s’accrochent. Jamais je n’ai vécu de moment plus excitant. Nous nous regardions droit dans les yeux, et alors que je me faisais sucer je la voyais se faire prendre, je l’entendais gémir, tous deux regardant l’autre prendre du plaisir, le miens atteignit des sommets… Des moments d’une intensité qui donne envie de recommencer…
Je suis arrivé timide et fébrile. Je repars stupéfait, encore sous le choc d’une incroyable découverte. Je suis dans ma voiture sur le chemin du retour pourtant dans ma tête je suis encore dans ce club. Tout a volé en éclats, mes appréhensions autant que l’image que j’avais de ces clubs.
On aura beau lire des témoignages, en entendre parler, le seul moyen de connaître ces soirées c’est de les vivre.