Un mois et demi de confinement, cela signifie que nous avons déjà toutes eu nos règles presque 2 fois pendant cette période. Et si cette période était idéale pour tester la gestion de flux volontaire (encore appelé Flux instinctif libre) ?
Personnellement, ça fait 2 ans que je m’y suis mise, avec plus ou moins de succès. Il me faut encore des protège-slip, et comme je n’ai jamais supporté les serviettes jetables, encore moins ado, j’utilise des serviettes lavables. Les culottes me font de l’oeil depuis un moment mais ayant déjà investi dans les serviettes, je me tâte.
Alors oui, la gestion de flux volontaire est un peu plus contraignante que la cup ou les tampons ou les serviettes jetables. D’une part parce qu’il faut pouvoir aller aux toilettes dès que le corps le signale et d’autre part parce qu’il faut nettoyer les serviettes en cas de loupés (pas de toilettes accessibles, toux ou rires un peu forts par exemple). Moi, je continue parce que je ne supporte plus ni les tampons (portés dès mes premières règles jusqu’à mes 35 ans), ni les cups (portées pendant 3 ans).
Le flux volontaire, comment ça marche?
Je vais éviter de vous dire ce qu’on m’a répondu la première fois quand j’avais posé la question: “j’ai passé un deal avec mon corps et voilà”. Remarquez, ça m’a mise sur la voie !
Car en pratique, il s’agit, encore une fois, de se réapproprier notre corps. Partir du principe que nous en sommes capable, que notre corps est notre ami. Cette histoire de deal n’est pas si farfelue, après tout, il nous prévient bien pour notre urine ou nos selles. La seule différence est que nous n’avons pas de sphincter à proprement parler pour fermer notre vagin quand ce n’est pas le moment que ça sorte !
C’est pour ça que je disais en début d’article que cette période à la maison est le bon moment pour tester : nous sommes plus à même de nous concentrer calmement sur les signaux de notre corps (beaucoup plus subtils et tardifs que pour l’urine ou les selles) et de nous libérer rapidement pour aller aux toilettes.
Voici ce que j’ai remarqué lors de ma pratique.
Le signe d’alerte le plus tardif, mais que nous avons déjà probablement toutes connu, est cette sensation désagréable de fuite. Dans ces moments là, très gênants, notre premier réflexe est généralement de contracter notre périnée comme pour retenir notre urine ou nos selles. Le hic est que ça comprime notre cavité vaginale, naturellement vide sauf quand elle stocke notre sang ! Résultat, comme vous vous en doutez, tout sort…
Le truc, si vous ressentez cette sensation, est de ne pas paniquer, rester relax et essayer d’envoyer à son corps l’information de tout retenir le temps d’aller aux toilettes. Il faut imaginer “faire de la place à son vagin” (un peu comme une aspiration vers le haut) puis “de fermer l’entrée ” (en contractant subtilement la zone du méat urinaire).
Ce n’est pas évident de suite et cela nécessite une bonne connaissance de son corps. Au début, le plus pratique reste quand même d’aller à heure fixe aux toilettes pour “vidanger”. Commencez par y aller toutes les heures par exemple et en fonction de votre flux, vous pourrez espacer plus ou moins ces “vidanges”…
Personnellement, j’ai un flux assez abondant (je remplissais ma cup, taille 1, en 3 ou 4 heures, parfois en 2h quand j’avais mon stérilet au cuivre), et bien j’arrive à n’aller aux toilettes que toutes les 3 heures.
Vous serez surprise de la capacité de stockage de votre vagin ! Certaines femmes, aux flux légers, ne portent même plus de protections !
Moi, ça me rassure d’en avoir une quand je bosse ou que je sais que je ne vais pas être libre d’aller aux toilettes quand je le veux.
Et la nuit, comment ça se passe ? Et bien, c’est pareil, voire plus facile car la position allongée favorise le stockage. Je tiens facilement 8h, et si jamais ça veut déborder avant, ça me réveille. Et puis la serviette (ou la culotte) est là pour assurer les loupés!
Pourquoi pratiquer le flux volontaire ?
Pourquoi vous lancer dans cette méthode si vous supportez très bien les autres moyens de protection ? Je vois plusieurs avantages :
- Une meilleure connaissance de votre corps, un nouveau lien de confiance;
- En cas de règles irrégulières, vous serez plus à même d’éviter les mauvaises surprises ou au moins d’en limiter les dégâts.
- C’est plus pratique (sauf peut-être pour la fréquence + élevée de visite aux toilettes): pas besoin de tirer sur une ficelle plus ou moins propre, ou de vider/laver/puis remettre votre cup. Vous vous videz, vous vous essuyez avec le papier toilette et c’est tout.
- Les serviettes lavables sentent moins mauvais et sont moins agressives pour votre intimité que les jetables.
- Le plaisir de réussir!
Voilà, je crois que je vous ai tout dit, je vous livre mon expérience brute et les conseils associés.
Prêtes à tenter ce challenge qui pourrait transformer votre vie et la relation à votre corps ?
Texte de Cy.
(Note d’Adam : Les illustrations de l’article sont de l’artiste Rita Renoir, si comme Cy vous voulez témoigner sur un sujet ayant rapport à la sexualité au sens large, n’hésitez pas à me contacter via le formulaire du site)