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Soumission, fantasme de viol et féminisme

viol

J’aime me dire féministe et j’ai un fantasme de viol… Ma révolution personnelle par ma libération sexuelle, c’est mon féminisme à moi.

Le féminisme, c’est lutter contre le patriarcat, c’est travailler vers une égalité entre les hommes, les femmes et autres identités de genre, c’est construire un monde plus juste pour toutes, où tout le monde serait gagnant, y compris les mâles alphas.

Charité bien ordonnée commence par soi-même dit-on. Alors révolution bien conduite commence par son intime, dirai-je.

Si je commence par me considérer comme un égal des hommes, à me sentir (au moins aussi) puissante, c’est un début. Si je fais l’expérience que d’agir mon désir, que de communiquer mon plaisir et prendre soin du consentement me libère, et si par ailleurs, je témoigne de cela et que j’inspire des gens, je fais un peu le job, non ?

Alors, je fais cela. Je vis mes désirs sexuels, je travaille à ne blesser personne avec cette liberté. Je le fais d’abord pour moi. Et j’en suis fière.

Mais quand le désir qui monte en moi, est celui d’être objectisée, humiliée et rabaissée sexuellement… Quel paradoxe en moi !

Comment peut-on concilier aspiration à l’émancipation et désir de soumission, souhait d’empowerment, fantasme d’humiliation et fantasme de viol…

J’ai déménagé depuis quelques mois. J’ai quitté d’adorables partenaires qui me faisaient vibrer. Je continuerai de les voir, mais moins fréquemment. Alors, ma soif de plaisir et d’exploration étant toujours là, il est temps que je me trouve de nouveaux compagnons. Je fais le point en moi, j’essaie d’écouter ce qui me ferait envie. J’en ai plein ! Mais une envie qui revient plusieurs fois… Quelque chose que j’ai effleuré parfois, sans jamais y aller complètement…

Mon fantasme de viol

J’ai des images très crues où je me visualise, entravée, malmenée et humiliée. Cela m’envahit tellement que ces désirs occupent mes moments d’onanisme. Quand je me masturbe, assise sur le carrelage de ma salle de bain, je m’invective : “tu vas jouir salope”.

Sur le moment, je m’en fiche, je fais taire par les sensations la voix réprobatrice en moi. Mais après, je me dis que je ne suis pas complétement au clair avec moi, alors j’essaie de faire le point.

Il y a trois ans, quand j’ai commencé ma révolution sexuelle, j’avais commencé par ça : reprendre soin de ma masturbation. La masturbation comme moyen de découverte de mon corps était pour moi un cheminement qui devait me conduire vers plus de respect de moi-même, d’amour de soi. Se branler c’est se faire l’amour !

Et là, au lieu de ne me faire que du bien, je me traite mal. Qu’est-ce qui ne tourne pas rond en moi ?

Aussi, le désir est si fort, et mon assurance telle à assumer et à agir selon mes désirs que je me rends sur un réseau social BDSM pour trouver un partenaire avec qui explorer cela.

J’ai déjà eu des partenaires BDSM, mais avec une approche très libertine (et délicieuse). J’ai exploré des attitudes de soumission par le plaisir, été attachée pour qu’on me fasse jouir, et aussi été réduite à état d’objet sexuel. Mais sans jamais être humiliée, rabaissée verbalement. Et souvent d’ailleurs dans des attitudes Switch où ensuite, je me vengeais ou plutôt, je rendais la pareille en plaisir.

Là, ce que je veux, c’est qu’on prenne le pouvoir sur moi, violemment. Que ce soit fort et sauvage en même temps…

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Comment j’essaye de trouver des partenaires safes

Les prétendants sont nombreux. Des hommes qui veulent dominer des femmes en leur marchant dessus sont nombreux. Je ne garderai dans ma sélection que ceux qui disent le faire en étant dans la recherche du plaisir de leur compagne. J’ai mes moyens de repérer cela.

Je me montre claire dans ce que je veux comme caresses, comme masturbation. (Parce que malgré tout, je cherche toujours à jouir. Et je fais le pari que la jouissance sera meilleure excitée par ces jeux de pouvoirs.) Dans cette manière de décrire ce que je veux, je garde le pouvoir. Et après tout, je l’ai, il y a bien moins de femmes qui vont agir leur désir comme je le fais que d’hommes volontaires pour en jouer.

C’est peut-être triste, mais c’est ainsi. Et parmi ces hommes, dans leur manière d’accepter mes souhaits et mes contraintes et aussi de négocier, je repère ceux avec lesquels la communication sera possible : “Ah oui, mais après avoir fait cela, j’aurais, je pense, très envie de te baiser, comment on fera ?”

Ceux qui ne négocient rien, ne m’écoutent pas où ne s’écoutent pas, le dialogue s’interrompt. Ceux qui refusent mes conditions ne sont pas faits pour moi.

J’en ai trouvé un dont l’approche m’intéresse. Je vais le rencontrer bientôt… Probablement un deuxième aussi.

J’ai envie de jeux de rôles. Qu’on me kidnappe, qu’on m’enferme et qu’on utilise mon corps pour le faire jouir. J’ai envie d’être contrainte et de me sentir terriblement excitante ainsi traitée. J’ai envie de me sentir désirable alors que tout à fait impuissante.

Je parle longtemps avec eux, pour me sentir en sécurité. Je mets au point des safe gestes et safe words: des mots et des gestes qui dès que je les émets stoppent le jeu. Cela permet de border le consentement, permet de se lâcher, car il y a une sonnette d’alarme pour freiner en cas de problème.

Et j’y vais… Parce que je sens en moi qu’il faut que j’y aille. Même si ma raison me dit que de tels fantasmes ne me font peut-être pas du bien. Et même si je remarque que c’est quand je me sens un peu maltraitée par la vie que ces fantasmes reviennent et que j’ai l’intuition que ça signifie que ma psyché n’est pas au top… Mais j’y vais… 

Je suis plutôt une fonceuse. Je ne dis pas qu’il faut faire comme moi…

Mais j’y vais parce que je sens que c’est une piste qu’il faut explorer. Pour savoir : Peut-être que ça ne me plaira pas et que ça me libérera de mes fantasmes qui me gênent. Peut-être qu’au contraire ça me plaira tant que dans ce paradoxe, je me sentirai puissante d’agir même ces désirs-là.

Peut-être que la soumission et l’humiliation, je la ressens ou je l’ai ressenti si souvent que cela me fera du bien de la mettre en scène, à fond, dans un contexte de jeu maîtrisé où finalement, avec mes safe words, ce sera moi qui aurai le contrôle, le dernier mot pour dire si c’est ok ou non…

Contradiction interne…

J’ai écrit ce texte pour me dépatouiller avec mes idées et émotions. J’en ai aussi parlé avec d’autres femmes, des féministes souvent. Et j’ai constaté que nous étions nombreuses à être empêtrées dans les mêmes eaux troubles de fantasmes et de questionnements.

Je laisse les (avants) derniers mots à l’une d’elle qui, après avoir témoigné qu’elle aussi avait des pratiques de jeux sexuels de non-consentement alors que, publiquement, elle défend l’éducation au consentement : “Pour moi, ce kink du fantasme de viol peut continuer d’exister en soi. Ce qui est problématique, c’est qu’il concerne, dans une écrasante majorité, des femmes. Ce qui prouve que ce n’est pas un kink naturel, mais bien un biais. Ce n’est donc pas le kink en soi que je combats, mais le biais, qu’il faut faire disparaître.”…

Et pour avoir l’énergie du combat, moi, j’aime me faire plaisir !

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