Le sexe est un voyage qui peut transporter loin. Celui-ci commence tout près de chez moi, à peine dix minutes en voiture.
Je l’ai jouée un peu fatale, une petite robe noire, un rouge à lèvres de pute, des bas, un porte-jarretelle, un string et des talons. Je pense que je suis zen, mais au fur et à mesure que je roule, le nœud qui habite dans mon ventre depuis quelques jours se resserre de plus en plus. Paradoxalement, ce n’est pas désagréable…
Je me gare, je vérifie que j’ai bien répondu à tous mes SMS, et que personne d’important ne va tenter de me joindre ce soir. Je respire un grand coup, et descends de la voiture. Mes talons claquent sur le macadam et mes mains tremblent légèrement alors que je fais le code de la résidence.
Elles tremblent plus fort lorsque j’appuie sur le bouton de l’interphone, je me loupe pour ouvrir la porte de l’immeuble et il faut que je re-sonne trois fois pour y arriver…
Premier étage face. Je pose mon masque sur mes yeux, et je sonne, c’est parti.
In petto, je me fais la promesse de vivre ça à fond, de prendre mon pied sans aucune restriction, et de me laisser porter.
Lorsque la porte s’ouvre, je tremble de partout, mon cœur est dans mes talons, et malgré le masque, je porte mes mains à mes yeux pour les cacher. Je n’ai pas été aussi nerveuse depuis le jour de mon mariage.
Silence. Deux mains d’hommes prennent les miennes et m’attirent lentement dans l’appartement, elles prennent mon sac et ôtent ma veste. Puis on m’entraîne doucement, pas à pas. Une porte se referme. Deux mains se posent sur moi, elles appartiennent à Stéphane, il me caresse et m’embrasse doucement, je me laisse faire, je laisse mes bras pendre le long de mon corps, je creuse mes reins…
Je sens deux autres mains approcher de mes épaules, et se poser sur moi, caresser mon dos, mes bras..
Mon coeur loupe un battement, et repart.. Mon souffle lui, se raccourcit, signe d’excitation chez moi.
Stéphane me fait faire demi-tour, je me retrouve face à Sophie, elle m’embrasse doucement, elle a un piercing sur la langue. Stupidement, je me dis que ça doit être vrai que j’ai une bouche immense finalement, parce qu’en effet, la sienne me semble plus petite que la mienne, et sa langue plus pointue aussi.
C’est lui qui fait descendre la fermeture éclair de ma robe qui dégringole d’un coup autour de mes chevilles, c’est un moment éminemment érotique. Il s’agenouille, écarte le fil de mon string et plonge un doigt ou deux (je ne saurais le dire, je suis déjà tellement ouverte…) à l’intérieur de moi, évidemment, je suis trempée, comment ne le serais-je pas? Ça a commencé au moment ou je suis montée dans ma voiture…
Sophie écarte mon soutien-gorge et se penche sur mes seins pour les gouter, elle me dit que j’ai une poitrine magnifique, c’est la première fois que j’entends le son de sa voix.
Je ne sais pas trop comment, je me retrouve assise au bord d’un lit, puis, entravée par les poignets à la tête de ce lit. J’entends la voix de Stéphane ordonner à Sophie de s’occuper de moi, et je sens sa langue s’insinuer entre mes cuisses.. Nom de Dieu, qu’est ce que c’est bon…
J’entends Stéphane qui bouge derrière elle, et il commence à lui claquer le cul, elle grogne.. Puis, il la prend, par derrière alors qu’elle continue à s’occuper de moi.. C’est là que je me tortille pour enlever le bandeau, je sais qu’il veut que je les voie, et j’en ai envie aussi.
Je suis toujours attachée, et pour la première fois de ma vie, je suis dans la même pièce que deux autres personnes qui baisent..
Stéphane plante ses yeux dans les miens pendant qu’il tringle Sophie, et elle, elle est toujours plongée en moi. Les coups de boutoir qu’il lui assène se répercutent dans mon bassin.
Je n’ai plus peur, plus du tout. L’interrupteur dans ma tête a fait clic. Rationnel off, animal on.
Je passe en mode salope.
La suite, la suite… C’est une succession de flashes.
Lui dans ma bouche, à travers les barreaux du lit. J’essaie de le prendre plus loin, dans ma gorge, mais j’en suis empêchée par les barreaux du lit. Il dit que je suis belle avec sa queue dans ma bouche, il dit que je sais qu’il est tout au bord là, je le regarde et je pompe de plus belle.
Lui qui me prend alors qu’elle vient s’asseoir sur ma bouche, et que pour la première fois de ma vie, je me retrouve nez à nez avec l’intimité d’une femme. J’y vais, j’écarte les lèvres de Sophie, je titille, je lèche, comme j’aime qu’on me le fasse..
Lui qui me sodomise aussi, dans la foulée, cette sensation d’être bien remplie par une grande et belle queue..
Lui qui me prend en levrette, alors que comme d’habitude, j’hurle mon plaisir dans cette position là…
Moi qui le fait venir avec mes mains, alors qu’il est à califourchon sur moi, elle est à côté de moi, il nous arrose toutes les deux.
Lui qui la fait gicler debout. Moi à genoux, en train de le sucer dans le fauteuil. J’aime le sentir grandir dans ma bouche, j’aime qu’il force ma bouche, qu’il la viole le plus loin possible.
Elle et moi, en 69, pendant longtemps, à nous donner du plaisir mutuellement.
Elle qui finit par réveiller ma fontaine…
Le moment où les choses s’apaisent, un moment de discussion.. Quelques cerises, un peu de musique. Le moment où je sais que ma place n’est plus là, ils ont besoin de se retrouver à deux, et je m’en vais. Mes dessous dans mon sac à mains, assise dans ma voiture, je reste là, dix bonnes minutes à rassembler mon cerveau éparpillé un peu partout.
J’ai mis ma langue et mes doigts à l’intérieur du corps d’une femme pour la première fois.
J’ai expérimenté le sexe autrement, à plus de deux.
Ce n’est pas rien.
Ça chamboule.
Ça fait vriller mon monde sur son axe.
Ça ouvre des perspectives…
J’aime bien la crudité de ce récit qui ne s’encombre pas d’arabesque, mais qui n’oublie pas, avec le compte-rendu qui mouille et qui gicle des faits, de faire partager les vagues de l’émotion vous emporte et le rouge – pute ? – qui monte aux joues.