#11379
Hyménée
Participant

Bonjour jojodiscret,

Votre message est plein plein plein d’intérêt. J’y vais dans l’ordre :

– Ces pauses sont très importantes, souvent frustrantes, mais il faut réussir à bien les vivre. On aimerait enchainer les séances, et la vie nous emporte ailleurs qu’en nous. C’est ainsi. C’est un peu comme le sommeil : les hyperactifs ne comprennent pas son intérêt et souhaiteraient en faire l’économie. Les scientifiques, les médecins mais aussi les rêveurs ont compris les bénéfices énormes de ces moments d’inconscience totale pour vivre plus pleinement les journées et les nuits suivantes.

– J’aime beaucoup la fin de votre premier paragraphe : c’est vraiment le top ! Baigné dans le souvenir de la précédente session, le corps et l’esprit sont totalement ouverts à l’imminence de la prochaine expérience. Ils sont gorgés de solaire, totalement ouverts sur l’ici & maintenant. C’est, je crois, un des plus beaux moments : le désir plein, assuré d’une fin bienheureuse, sans crainte d’un quelconque manque, droit dressé vers le plaisir sans fin, avide de nouvelles sensations. Top !

– le second paragraphe introduit très bien le dernier. Je crains qu’il n’y ait pas d’autre issue que de vivre la négativité absolue pour jouir dans la positivité absolue. L’un ne va pas sans l’autre : Désespoir et Joie vont de pair. Et c’est ce qui est flippant : je sais qu’il va me falloir braver des minotaures intérieurs pour me sortir du labyrinthe des passions tristes et trouver le soleil : tous les mythes et contes nous enseignent cela depuis notre plus tendre enfance : le courageux est récompensé par le baiser de sa bien-aimée.

Le problème, c’est qu’on cherche souvent sa bien-aimée à l’extérieur de soi. On la projette hors de soi, par facilité. De là, viennent les quiproquos inextricables (les labyrinthes 😉 )

En ce qui me concerne, l’évolution entre les différents stades a été très cahotique : d’abord, il faut y croire pour le vivre. Ensuite, il faut se détacher de ceux qui n’y croient pas et qui n’y croiront jamais. Enfin, il faut rendre les armes, ne plus combattre. Dans un monde pétri de violence, c’est tout simplement de la folie douce ! 😀

L’évolution me semble être un mouvement de balancier entre le ressouvenir de ce qu’on nous a transmis depuis longtemps et le ressouvenir du plaisir des sessions passées : petit à petit, on finit par comprendre de l’intérieur ce qu’on (les parents, les éducateurs, les livres, les films, les artistes, les religieux, les amis, etc, etc …) nous dit depuis notre plus tendre enfance sur l’amour, la passion, la confiance, l’intime, la fidélité, l’extase, le plaisir, la paix, l’apaisement, l’abandon, le courage, etc, etc, … et on part en quête d’unité intérieure. Le désir de l’UN, de l’unité de toute chose, de la cohérence du monde se trouve en nous. Il nous faut le retrouver. Il est l’ami de la paix intérieure.

Et puis, on construit son plaisir sur le plaisir précédemment vécu. La confiance s’installe ainsi. Elle guide vers l’extase.

En ce moment, je me prépare à un lacher prise qui me fout grave la trouille. J’ai essayé l’autre soir, et j’ai reculé face à l’abime. Je n’étais pas prêt, voilà tout.

Il faut faire attention, ne pas brûler les étapes sous peine de se faire brûler.

A mon tour de vous poser une question, jojodiscret ! 😀

Votre expérience m’intrigue, car vous partagez vos sessions avec votre femme, ce que je ne fais pas du tout, malgré les nombreuses portes que ma femme m’a ouvert. Je ne sais pas bien pourquoi, mais j’ai des pistes d’explication :

– l’habitude : malgré moi, j’ai construit ma bulle dès l’âge de 14 ans, suite à une expérience pédophile. Je me suis habitué à la solitude sexuelle, et doit sûrement considérer que les pratiques sexuelles “hors cadre” doivent se vivre “hors cadre”. Ainsi, je pratique avec ma femme l’amour considéré comme normal aujourd’hui. Un amour cadré. C’est un équilibre qui convient.

– l’orgueil : pas facile de faire ce que vous faites : rire, pleurer en compagnie de sa belle, c’est pas donné à tout le monde. Chapeau bas 🙂

– l’absence de manque : je me sens plein avec moi-même, encore plus lors de sessions anérotiques. Je ne considère pas ma femme comme ma moitié, alors sa présence ne me manque. J’aime cependant beaucoup partager, et ça, ça me manque

– son absence de manque : ma femme ne désire et ne cherche pas vraiment l’extase totale, sûrement par inconscience. Elle n’a pas été cablée pour. Alors, nous partageons une sexualité cadrée, normale. Finalement, je ne crois pas que pratiquer l’aneros avec elle, l’éveillerait à une autre sexualité.

– le souci de l’autre : l’expérience que je vis en totale extase est tellement intérieure, me coupe tellement du monde extérieur, que je me dis que ma partenaire s’ennuierait ferme. J’en suis à croire que la présence d’une partenaire nuirait à mon lacher prise, qu’il faudrait que je me soucie d’elle, alors que justement : au quotidien (boulot, famille, amis), je me soucie tout le temps des autres.

Une session anérotique est l’espace dans lequel je ne dois rien à personne, et j’y tiens.

D’où ma question : votre femme ne s’ennuie-t’elle pas à vous accompagner dans l’extase ? Ne vous trouve-t’elle pas de corps trop sensible, au point que le sien est oublié ? N’a-t’elle pas envie que vous soyez tendu de marbre, telle une machine qui perfore sans faille, efficace dans son va-et-vient, et qui extrait les râles du corps féminin ?

Je vous remercie