#27673
bzo
Participant

je me mets en route, je commence à me caresser, à bouger le bassin,
une première contraction, quelque chose s’enfonce en moi délicieusement,
se fait son chemin dans ma chair, enflamme les tissus sur son passage,
je me laisse aller à mes pulsions, à mon instinct, ma tête se vide,
déjà mon moi agissant et mon moi ressentant, percevant, occupent toute la place,
mon moi pensant est en sourdine quelque part dans un coin

yeux fermés, je sens mon corps en action avec une précision totale,
c’est comme un film mais sans images,
j’ai l’impression de voir avec une netteté bluffante
tout ce qui se passe avec les sens, avec les sensations, avec les informations qui montent,
une sorte d’image mentale se forme, je suis en même temps partout dans mon corps,
je sens que je suis en train de faire l’amour à quelqu’un
et que quelqu’un est en train de me faire l’amour,
tous les mouvements sont là, toutes les sensations, particulièrement dans le bassin,
je n’en pers rien, pas une goutte, j’en déguste chaque variation, chaque inflexion du braquemart,
chaque millimètre de sa progression
ce pénis gorgé de sang qui va et vient entre mes reins,
que je forme et manipule avec mes muscles de la région, avec mes contractions

j’ai appris à reconnaître immédiatement la moindre tentative d’intervention de mon moi pensant,
c’est comme une grisaille paralysante, freinante, un voile délétère, qui envahit mon cerveau,
immédiatement le film est de moins en moins distinguable, les sensations s’estompent aussi,
j’ai appris à ne pas paniquer, même si le phénomène dure,
cela peut être du doute, du questionnement, de l’impatience,
ou des phrases à peine exprimées au niveau de la conscience sur ce qui se passe,
du genre “est-ce que ce que je fais avec mes mains est bien?
est-ce que je ne devrais pas ouvrir les yeux maintenant?
Ne devrais-je pas faire des mouvements de pénétration moins forts?”
ou alors des idées , toutes sortes d’idées, tout ce qui peut passer par la tête en temps normal,
ce flot qui s’arrête à peu près complètement lors de la séance chez moi
mais qui parfois resurgit

j’ai appris à reconnaître toutes ces manifestations de mon intellect
et à les ignorer royalement, il n’y a rien d’autre à faire qu’à les ignorer
même si le phénomène persiste,
continuez à rester en mouvement, à se faire l’amour comme si de rien n’était
et les sensations reviendront tôt ou tard dans toutes leur splendeur et leur puissance
et plutôt tôt, c’est presque devenu un automatisme chez moi,
comme de balayer d’un revers de ma main une mouche

le film aussi revient à pleine puissance, on recommence à gémir, à râler de plaisir
si j’ai les yeux fermés, je vis l’acte d’amour en moi,
yeux ouverts, j’ai plus l’impression d’être un spectateur d’une scène de sexe
mais connecté directement aux sensations des deux participants à l’acte
mais avec mes sensations de spectateur en plus,
le film continue d’être vécu partiellement à l’intérieur malgré les yeux ouverts
mais avec en plus une matérialisation de mon corps qui extériorise, en quelque sorte, les sensations,
même quand je ne me vois pas, les objets, l’espace autour de moi,
me font sentir mon corps de l’extérieur, me placent dans le réel, chair, membres en action,
et le monde autour de moi, je suis parmi eux, vivant, agissant, ahanant, se baisant, se donnant du plaisir
et tout est perçu directement autrement,
j’adore voir mon corps bouger,mes mains aller et venir sur ma peau,
mes jambes s’écartant comme offrant un sexe ouvert,
j’adore voir ce bassin bougeant langoureusement