#29665
bzo
Participant

ce matin, il y a quelques minutes,
j’étais assis sur mon tabouret de cuisine en train de manger, nu comme un ver,
j’en ai pris l’habitude à la maison d’être tout le temps nu,
avoir ce corps à ma disposition à la moindre envie,
que mes mains puissent instantanément effleurer, caresser,
épouser la forme du globe d’une fesse, aller taquiner la raie,
du bout des doigts, sentir l’intérieur de mon fondement
à la première contraction, se transformer en un chaud fourreau,
comme un petit animal vivant, palpitant, tremblant, tout excité,
délicieuse alchimie

je mangeais donc sur mon tabouret et je mis à observer tous les faits et gestes de ce corps,
je porte ma main à la bouche avec un morceau de pain,
mon bras se tend avec le couteau entre mes doigts pour un peu de beurre
qu’après je vais aller étendre sur le pain

j’observais qu’entre les faits et les gestes de ce corps en action, en mouvement,
et l’endroit où mon moi se trouvait, où j’avais l’impression qu’il se trouve,
il y avait tout un espace occupé dans l’invisible par mes pensées,
mon imagination, mes sensations, mes rêveries

vraiment, entre ce couteau dans ma main bougeant vers la tartine
et puis depuis l’endroit où j’avais la sensation d’être dans cette chair,
il y avait toute une série de couches de pensées, de rêveries, de sensations, etc

mon attention, ma concentration, une petite partie, une part plus ou moins grande selon les moments,
traversait les couches et se focalisait sur l’action, sur cette main,tenant ce couteau
et assurait ainsi que ce couteau continue son action avec cohérence ,
effectue la suite de petits événements anodins, automatiques
qui s’enchaînant, réalisaient le but pour lequel j’étais dans cette cuisine, assis sur ce tabouret,
à savoir me sustenter, nourrir ce corps, manger, boire

une partie plus ou moins grande donc de mon attention,
une autre part de mon attention s’arrêtait en cours de route dans cet espace invisible entre mes yeux
et puis les objets du quotidien en face de moi, table, couteau, beurre, fromage, etc
et cette autre part de mon attention était occupé avec mes rêvasseries,
mes pensées

mais quand mes mains entrent en action pour le plaisir, pour le désir,
là les choses doivent changer, profondément s’altérer,
la façon dont nous aller gérer cet espace entre nos yeux et puis notre corps en action,
la façon dont nous aller gérer cet espace
constitué de toutes sortes de couches d’émotions, de sensations, de pensées, de rêveries, de désir, etc

la façon dont nous allons le gérer, l’occuper
est la clef de la réussite de nos séances, une des clefs en tout cas,
il y a bien sûr d’autres facteurs,
au début le rewiring, l’acquisition de la technique
mais quand le rewiring et la technique sont plus ou moins au point,
j’écris plus ou moins car je crois profondément qu’ils ne cessent jamais

le rewiring progresse toujours en nous et notre technique aussi reste toujours un chantier quelque part,
un “work in progress”, même quand nous sommes devenus consistants,
toujours nous apprenons, toujours nous progressons,
nous restons toujours quelque part sur les bancs de l’école du plaisir prostatique,
si vous n’avez plus cette sensation en vous à aucun moment,
alors il y a quelque chose qui ne va pas avec votre pratique,
vous êtes devenu statique, vous faites du surplace, la routine vous guette,
l’extinction du plaisir vous guette à plus ou moins long terme,
il est plus que temps de vous remettre en question

j’écrivais donc,
la façon dont nous allons le gérer, l’occuper, cet espace,
est la clef de la réussite de nos séances, une des clefs en tout cas

cette attention, cette concentration que d’habitude vous projetez devant vous,
une partie occupée avec ce que vous faites et une autre partie,
restant dans cet espace invisible intermédiaire, devant vous,
entre les objets du monde réel et vos yeux,
occupée avec vos pensées, vos rêveries, votre imagination, vos sensations,
vous ne devez plus du tout les projeter par devant vous,
fini, vous éteignez le faisceau, plus de monde réel devant vous, plus rien,
plus rien sur lequel porter son attention, ni en soi, ni devant soi,
rien, nada, votre attention doit rester en vous,
prêt à repérer les sensations qui vont naître en vous
quand vous commencez à vous caresser,
quand le masseur commence ses pressions, ses effleurements de la prostate

en fait, il n’y a aucun effort à faire, l’apprentissage,
c’est cela, ne plus faire attention à rien de ce qui se passe autour de vous,
le reste vient tout seul, votre attention va automatiquement alors se déplacer
là où elle sent qu’il y a quelque chose qui se passe,
donc il ne faut faire attention à rien, n’oubliez pas, à rien,
il faut donner la possibilité à votre attention
d’être prise en main par votre corps, que ce ne soit plus votre volonté qui la dirige,
qui lui dise où se porter

idéalement donc il faudrait ne faire plus attention à rien, ne pensez plus à rien,
ne réfléchir plus à rien,
si vous parvenez à être dans cet état, vous êtes en état de réceptivité totale,
il n’y a plus qu’à mettre le corps en action et le laissez faire,
tout ce terrain que j’ai évoqué plus haut,
va bientôt être occupé par vos sensations montant de vos entrailles,
montant de partout , charriant le plaisir prostatique,
la rumeur délicieuse de vos entrailles, la musique de vos abysses,
la danse du plaisir dans le sang

si donc votre attention est détournée, juste défocalisez vous,
ne faites plus attention à rien,automatiquement après
votre corps va reprendre possession de votre attention, de votre concentration
pour les ébats,

si vous êtes tenté d’appliquer une suggestion qui est passée dans votre esprit
concernant le cours de l’action
tel qu’engagée sans vous, sans votre intellect, sans votre volonté, sans vos pensées,
jusqu’ici, entièrement dirigé par votre instinct,
par vos pulsions, par votre désir,
bref par votre corps,
il faut arriver à ne aucunement en tenir compte

sentez bien cet espace entre vos yeux et le monde réel,
cet espace invisible qui d’habitude , est envahi par vos pensées, par vos rêveries
et par une partie de votre attention,
comme maintenant, comme pour l’instant quand vous va bien,
quand le plaisir monte bien, quand vous êtes en union intime avec vous-même,
comme cet espace n’est plus occupé que par ce qui monte, par le plaisir,
par ces tonnes de sensations,
il faut tout faire pour que cela reste ainsi,
arriver à ce que les pensées parasites, ne restent là qu’un instant
et soient entraînées comme par un courant puissant,
ne parviennent pas à prendre racine,
ne parviennent pas à s’installer dans cet espace,
oh cela ne va pas être facile tout le temps car d’habitude,
cet espace, c’est leur espace de jeu, c’est leur territoire,
là on leur demande de dégager aussi vite que possible,
ils vont rechigner, renâcler, employer toutes sortes de ruses pour rester dans la place,
ne vous laissez pas piéger,
il faut laisser cet espace aussi vide que possible
pour que le corps puisse y faire monter, y faire grouiller les étincelles de sa volage magie

moi qui commence à bien avoir l’habitude,
si je sens cet espace commencer à être parasité,
je fais passer un gros coup de ba:lai, la place se vide en un instant
et l’instant d’après il est réoccupé par les messages de mon corps,
les messages délicieux du plaisir

au fond il s’agit simplement de cela,
ne plus faire attention à rien, ne plus penser à rien, rien , nada,
on devient un mollusque handicapé, une éponge prêt à se laisser imbiber et encore imbiber,
prêt pour l’amour ainsi, ouvert, attendant les vagues qui vont nous engrosser,
leur va et vient puissant, lancinant

rester coller au plus près de l’action, ne plus occupé cet espace intermédiaire,
ne pas se laisser envahir par ses pensées,
juste bouger, vivre, se laisser emporter par son désir