#30421
bzo
Participant

je ne sais pas si vous avez déjà eu cela, probablement,
qu’à la vue d’une oeuvre d’art, à la lecture de certains passages de livre
(la scène du baiser de la mère du narrateur sur le front de la grand mère sur son lit de mort, dans Proust),
à l’écoute de certaines musiques ou même de certaines chansons (Knockin on Heaven’s door, Bob Dylan),
tout à coup l’émotion vous prend à la gorge,
vous êtes envahi, vous avez des frissons le long de la colonne vertébrale
et des larmes vous coulent, de vraies fontaines de larmes chaudes, vous pleurez comme un bébé,
vous êtes bouleversé des pieds à la tête

eh bien j’étais comme cela pour la première fois
pendant tout le quart d’heure qu’a duré cette séance,
les sensations étaient devenues
tellement fortes, tellement riches, tellement prenantes, à chaque instant
que l’émotion m’étreignait à chaque nouvelle vague qui s’éveillait en moi,
j’étais bouleversé par tant de bonheur qui envahissait ma chair,
je n’arrêtais pas de frissonner et de pleurer à chaudes larmes

je ressentais même temps que des crêtes
où il faisait bon danser, où il faisait bon festoyer,
une telle paix comme terreau à mon plaisir,
un tel baume apaisant semblait s’écouler en moi,
mon âme semblait baigner dans une insondable douceur,
je baignais lascivement dedans comme dans une eau voluptueuse et caressante
qui semblait s’insinuer partout, m’infiltrer partout

le plaisir était puissant, violent aussi en même temps,
une danse frénétique, joyeuse, désordonnée, enfantine
mais il y avait toujours dessous ce terreau d’une douceur incroyable,
ce lit onctueux dans lequel il faisait bon retourner se vautrer encore et encore,
se laisser aller, s’ouvrir et encore s’ouvrir,
s’éteindre, céder , se laisser emplir par ce calme des grandes profondeurs