comme je les attends ces moments le soir dans mon lit,
j’allais écrire, seul dans mon lit
mais suis-je vraiment seul?
oui bien sûr seul mais tellement démultiplié, tellement métamorphosé,
chamane éveillant des sortilèges dans ma chair
la volupté vient comme une marée d’équinoxe,
les grandes, les puissantes vagues, irrésistiblement galopent en moi,
envahissent la moindre de mes cellules
et mes gémissements comme des caresses vocales, sortent par ma gorge,
enflamment mes oreilles, enflamment l’atmosphère
il n’y a que ce chant d’amour et d’érotisme qui m’intéresse,
ce doux et impérieux élan qui m’enveloppe tout entier,
qui semble naître dans mon sang,
dans les profondeurs de mon sang,
dans le rouge sombre de mon sang
je pose mes mains sur la peau de l’amante,
je caresse ses courbes, ses formes sublimes,
tant de lascivité, tant de langueur sensuelle dans ses mouvements,
je remonte quelques doigts dans sa fente, comme cela la fait gémir,
je la sens s’agiter comme empalée de plus en plus
au fur et à mesure que la main gagne du terrain, s’enfonce en elle,
ses petits cris aigus de poupée désarticulée qui s’agite de plus en plus sur les doigts qui la fouille,
elle vient, je la sens venir, une coulée de lave la traverse, s’attarde ,
elle se lâche, comme elle se lâche,
une masse torride et frissonnante, mouvant lentement dans son ventre
et puis comme cela frotte partout, des chats ont été lâché dans tous les coins,
ils sont heureux, ils ronronnent, ils viennent se frotter avec insistance contre le moindre recoin de chair ,
cela palpite de tous les côtés, cela frémit de tous les côtés,
le bonheur est dans le pré, cours y vite, cours y vite, oh temps, suspends ton vol un instant,
laisse-moi jouir encore de ce moment divin,
de ces moments si divins, si légers, si ineffables,
de cette lente extase qui s’est ouverte comme une fleur géante en moi
et qui s’est installée en moi
laisse-moi flotter au rythme de ces caresses lentes, de ces courbes arpentées,
de cette raideur prononcée qui comme un baroudeur sans se poser de questions,
s’enfonce dans mon ventre, ressort, replonge, inlassablement,
dégoupille mon délire
cela s’emballe de tous les côtés,
se faire l’amour, se faire l’amour, se faire l’amour,
comme j’aime écrire ses mots, ils parlent tellement à ma chair,
ils parlent tellement à ma peau, à mon bassin,
j’en frissonne intérieurement
et dans mon anus-pussy, cela se met à chatouiller un peu,
rien que d’écrire ses mots,
se faire l’amour