#34117
bzo
Participant

la première de la journée,
enfin la première après la journée de travail,
je ne vais pas écrire que c’est la meilleure parce que ce ne serait pas vrai,
je connaîtrais plus tard des moments plus intenses, plus riches, plus voluptueux
mais elle a toujours quelque chose de spécial,
c’est l’effet liquide désaltérant, liquide rafraîchissant, sur une gorge sèche, complètement sèche,
il y a un immense soulagement, un immense bien-être d’être abreuvé à nouveau

notre corps, nous le nourrissons ponctuellement en journée
mais ce dont notre chair a encore besoin,
une fois qu’on l’a nourri, abreuvé, lavé, soigné, un peu reposé,
c’est de plaisir, de sensations voluptueuses, de jouissance

sans au moins quelques minutes d’incandescence,
quelques minutes de la brûlure intense chaque jour en nous,
elle dépérit, elle se sent amputée de sa meilleure part
car le plaisir est une extension heureuse de la chair,
c’est la chair qui grandit dans l’invisible,
c’est la chair qui retrouve ses ailes

la chair enivrée, la chair qui jouit, la chair sens dessus dessous, de lascivité, de langueur, de volupté,
ce n’est plus de la barbaque pataude baignant dans du sang, sillonnée d’os et de nerfs,
c’est un papillon aux ailes multicolores ,
un papillon aux ailes multicolores qui vole dans l’invisible, qui vole dans l’éther