#34746
Andraneros
Participant

@bzo il est bien difficile de parler de « Plaisir solitaire, solitude et isolement » sans parler de soi. En outre comment un pratiquant peut-il témoigner honnêtement sans parler de lui quand notre pratique est si peu répandue, si peu connue et si diverse dans les expériences qu’elle permet de vivre ?

Mon impression est que, parmi les pratiquants qui témoignent sur les forums dédiés, nous avons essentiellement trois catégories d’intervenants :
1. D’une part ceux qui cherchent à compenser un manque d’ébats amoureux satisfaisants avec leur compagne ou leur compagnon et qui ne trouvent aucun soulagement dans une pratique masturbatoire classique,
2. D’autre part ceux qui souffrent d’être seuls et qui cherchent à vivre une sexualité épanouissante malgré une difficulté, insurmontable à leurs yeux, d’aller vers les autres,
3. Enfin ceux qui, ayant commencé à bien développer leurs aptitudes orgasmiques, bénéficient de l’apaisement et de la sérénité que leur apporte la maîtrise de leur jouissance.
Je mets à part ceux qui vivent notre pratique comme une forme de développement personnel qui vient magnifiquement enrichir une vie pleine et satisfaisante par ailleurs.

Le plus grand nombre d’intervenants partent d’une situation initiale d’insatisfaction relationnelle et sexuelle. Dans notre société, la sexualité n’est pas encore un sujet de discussion suffisamment raisonnée pour être abordé naturellement. Les problèmes liés à la sexualité sont encore plus difficiles à traiter. Cette situation conduit à chercher en soi-même ce qu’on ne peut pas ou ne sait pas trouver auprès des autres. L’insatisfaction, dans une société qui ne valorise que la réussite et la joie de vivre, et les interdits, qui concernent la sexualité, conduisent naturellement à l’isolement.

La nature humaine étant ce qu’elle est l’insatisfaction est un moteur très puissant pour nous conduire au changement, au questionnement, à l’expérimentation et encore plus si elle renforcée par l’espoir de la découverte d’un trésor. Notre pratique propose d’accéder à un trésor. Mais en renouant avec une tradition orientale millénaire, elle est en dehors des normes imposées depuis des siècles à notre société par les principales religions. Faute d’informations honnêtes pour aider à ouvrir l’esprit, faute de repères pour guider les explorateurs, faute d’encouragements pour nos amis les plus en difficulté l’insatisfaction initiale est la mère de toutes les frustrations, ce qui est une vraie catastrophe en matière de développement personnel et d’accès au bonheur.

La singularité de notre pratique fait que témoigner, poser des questions et proposer des réponses ne peut se faire utilement que sur la base de l’expérience. En effet ce que nous vivons autour de la jouissance prostatique est profondément personnel, profondément intime, tant pour notre effort de développement que pour l’expérience de l’orgasme. C’est pourquoi les forums comme le nôtre sont importants. C’est pourquoi les témoignages sont à la fois personnels et très importants, tant pour leurs auteurs que pour leurs lecteurs qui peuvent tous ainsi sortir de leur isolement.

Je partage ton exclamation @epicture :

c’est une évidence : OUI. Je jouis, oui j’existe, oui je m’aime, oui j’ai de la peur de la colère de la joie, etc… et je suis moi et que c’est bon. Peu m’importe l’autre les autres ou je ne sais quoi d’autre, je ne dépends que de moi, 

Notre cheminement, quelle que soit la voie suivie, nous permet cette réconciliation profonde qu’apporte la jouissance que nous faisons jaillir de notre être de chair, qui nous permet de nous aimer enfin tels que nous sommes.
Je rappelle ce que tu écrivais en mai l’année dernière :

Me suffire à moi-même ne signifie pas que je suis coupé des autres. Cela signifie que je peux cesser de faire de l’autre un objet de mon désir. Du coup l’autre existe en tant que tel, non plus en tant qu’intérêt, si bien que lorsqu’il donne, cela est un don, ce n’est plus un dû. Comme dit @andraneros, ça permet de passer du mode prendre au mode recevoir. C’est ça pour moi la vraie liberté : ne pas être dépendant de qui que ce soit.

Le plaisir solitaire est un don que l’on se fait sans dépendre d’un tiers. C’est une marque de liberté. La solitude de l’apprentissage est l’occasion de se mettre à l’écoute de son corps. C’est une étape importante pour se réconcilier avec ce qu’on est au plus profond de soi-même, comme le dit @epicture. Quand on se sent libre et aussi bien dans son corps que dans sa tête l’isolement n’est plus une fatalité.

Je complète ce que tu dis @anejol, en écrivant « il vaut mieux être bien accompagné par notre forum que seul… ». Merci @loulou d’être à l’origine de l’ouverture de ce sujet. Bon cheminement à tous.