#37105
bzo
Participant

le moi pensant, j’en reviens encore à cette notion

bon, ce que j’entends par moi pensant, n’a sans doute aucune base scientifique, quoi que…
peut-être est-ce appelé autrement,
peut-être cela correspond réellement à quelque chose qui a une base scientifique,
quelque chose de bien précis, étiqueté, répertorié, etc
je ne sais pas

et je ne tiens pas trop à savoir,
je tiens à rester dans l’empirisme,
que tout ce “savoir” que je dégage, que j’essaie de décrire,
naisse dans le vécu, depuis l’éprouvé, depuis le ressenti

pourquoi?
parce que les résultats que j’ai atteints,
moi je le sais car je suis dans ma peau et je sais ce que j’ai vécu,
sont splendides, sont une réussite complète,
je peux éveiller totalement mes énergies et je peux en faire à peu près ce que je veux,
la complicité avec mon corps est entière,
dès lors c’est à partir de cette réussite totale que j’essaie de dégager des notions à transmettre,
des témoignages à rapporter
et je ne veux qu’en aucun façon cela puisse, cela risque, d’être faussé, d’être déformé,
par quelque texte scientifique que j’aurai cru comprendre
et dont je plaque les concepts, les mots, sur ce que j’ai vécu

je cherche donc délibérément à rester dans l’aire et dans l’ère
de l’empirisme, des leçons tirées de mon vécu durant l’action,
avec le risque cependant, j’en ai conscience,
que cela arrive déformé dans le cerveau d’un lecteur qui cherche à se lancer dans cette voie,
théorisation basée entièrement sur le ressenti, sur le vécu,
court le risque d’être perçu sans doute tout autrement par quelqu’un d’autre,
comprise, intégrée, par rapport au vécu de cette personne
qui est complètement différent du mien, qui est le sien, son vécu, son action,
ses moments de corps à corps intime, ses tentatives de dialogue avec son corps

mais c’est sans doute le risque de tout dialogue avec quelqu’un d’autre,
que ce que l’autre comprend de ce qu’on dit ou de ce que l’on écrit,
soit totalement différent ou du moins en partie, de ce que l’on voulait transmettre,
toute la rigueur scientifique, toute une nomenclature, tout un vocabulaire,
tout un échafaudage, une technique de description, sont là justement pour éliminer au maximum
le risque de déformation du contenu dans les mots qu’on cherche à transmettre

le moi pensant donc, c’est comme une cabine de pilotage dans ma tête,
isolée du reste du corps, une cellule qui a le contrôle, plus ou moins,
mais reliée à tout le reste par des câbles branchés par où passent les informations, en quelque sorte,
pas un contact direct, juste des flux d’informations qui montent,
que le moi pensant tente de décrypter et puis renvoient des directives, des instructions

c’est cette isolation , ces murs qu’il faut abattre,
qu’on peut abattre, j’en témoigne,
on peut arriver à une circulation fluide,
que la cabine du moi pensant, soit connectée à tout le reste du corps,
fasse partie du reste du corps, vive dans l’instant avec lui, palpite avec lui

qu’est-ce que je ressens dans ces moments-là?
cela, qu’il n’y a plus aucune cloison, que toute ma tête fait partie intégrante du corps,
un autre moi pensant semble en place,
non plus situé juste dans ma tête, isolée de tout le reste
mais un autre moi pensant qui est en même temps partout dans mon corps,
comme dans ma tête aussi,
on se sent en même temps autant dans son genou, que dans sa hanche, que dans son petit doigt,
on ne transmet plus juste des commandes aux doigts depuis une cellule isolé dans la tête,
on est dans le petit doigt
et l’on imagine le mouvement , en même temps qu’il est en train de se faire

si durant l’action, le moi pensant revient,
c’est comme si un flux était interrompu, estompé, de plus en plus
les cloisons se reforment,
la cellule du moi pensant, se reforme,
la communication avec le corps, redevient lointaine

je le ressens presque comme une douleur dans ces moments-là,
on est envahi de sensations ineffables,
partout leur flux, dans la tête comme ailleurs
et soudain, patatras, des cloisons cherchent à se reformer dans ma tête,
cherchent à nouveau à isoler,
cherchent à interrompre le flux, l’élan qui m’habite

mais comme j’ai de l’entraînement, les cloisons tentent de monter
et quasi instantanément je les abats, le flux se reforme plus ou moins rapidement,
selon la taille et la solidité à laquelle elles étaient parvenues,
les gravats doivent être emportés, totalement par le courant,
avant que le flux retrouve toute sa limpidité, toute sa puissance

comment faire alors?
je reprends ma métaphore du débutant nu comme un ver sur son lit,
aspirant au plaisir en mode yin, désirant de toutes ses forces un plaisir en mode yin,
tout d’abord, il faut vraiment le désirer de toutes ses forces,
là est un des problèmes, pour l’instant,
c’est juste une idée, un fantasme, dans la tète du débutant,
il faut qu’il apprenne à le désirer de toutes ses forces dans sa chair
et qu’il soit prêt à casser toutes les barrières et à renverser tous les obstacles
qui se dressent en lui et ce plaisir
qui est là au fond de lui, qui dort au fond de lui
et qu’il faut parvenir à réveiller

mais pour cela donc il faut le désirer de toutes ses forces,
il faut donc réveiller toutes ces forces,
on croit désirer de toutes ses forces
mais en fait pour l’instant, toutes nos forces, sont juste à peine un petit pet
qui s’entend à peine en sortant, un petit pet comme un vague sifflement entre les fesses,
toutes nos forces, c’est une tornade dans notre coeur,
une tornade dans notre âme, une tornade dans notre corps

laissons là la notion de “de toutes ses forces”,
cela viendra avec le temps si ce n’est pas encore là pour vous,
il faut juste apprendre à se lâcher, à s’investir entièrement dans ce que l’on fait durant l’action,
pour en revenir au moi pensant,
apprendre à l’éteindre, lui apprendre à se faire tout petit dans un coin comme s’il n’existait plus,
c’est à cela qu’il faut arriver,
tout en sachant qu’il essaiera toujours de sortir de son coin,
de reprendre sa place et c’est bien ainsi,
on est ce que l’on est, un être pensant, c’est un miracle en soi, aux possibilités infinies
mais pas intéressantes ici pour nous durant l’action,
on cherche à retrouver l’unité avec le corps,
à faire un avec lui, on a pas besoin du moi pensant ici

comment l’éteindre donc? à ce qu’il aille se faire tout petit dans un coin?
essayer de penser avec vos mains, essayer de penser avec vos hanches,
essayer de penser avec vos cuisses,
c’est sans doute plus facile à écrire qu’à faire, j’admets,
il faut essayer le plus possible de laisser parler son instinct, ses pulsions

cela entre en collision frontale avec le fait que pour acquérir une technique,
il faut utiliser aussi sa tête, les fameuses séances d’entraînements de notre @andraneros national,
il faut donc des moments comme cela on l’on s’observe,
où le moi pensant, essaie, teste, évalué
mais aussi essayer d’avoir en contraste par rapport à ces moments,
d’autres où on se lâche, où l’on se laisser aller,
on l’on ne réfléchit plus ou en tout cas, le moins possible
et où l’on essaie de laisser parler son corps

laisser parler son corps, voilà,
je crois que ce type d’expression, peut parler à tout le monde, faire sens à tout un chacun,
il faut essayer de laisser parler son corps,
de parler avec lui, de parler avec ses mains, de parler avec ses hanches,
de parler avec son sexe, de parler avec sa prostate,
se laisser envahir par les sensations, ne plus penser, juste essayer de laisser le désir s’exprimer,
même si au début les sensations ne sont pas au rendez-vous,
que l’on fait n’importe quoi,
il faut d’abord libérer la place, que le corps se rende compte, qu’il y a une place à prendre tout en haut,
il n’en a pas l’habitude et vous non plus,
probablement des dizaines de fois il essaiera de monter prendre les commandes
et vous le repousserez par habitude
car vous êtes encore prisonnier des automatismes de votre moi pensant,
il est trop puissant encore dans ses prérogatives

mais cela viendra peu à peu, c’est un travail de sape, un lent travail de sape,
pour qu’il accepte peu à peu de laisser la place,
au plus vous parviendrez à générer des sensations, au plus il acceptera de s’effacer