#41922
bzo
Participant

je sens tellement une part de moi-même,
faire l’amour à une autre part de moi

hum, c’est une facilité d’écrire cela, un raccourci,
car ce n’est pas exactement ce que l’on ressent,
pas du tout même, en fait

on ne sent pas vraiment faire l’amour à soi-même, non,
on se sent faire l’amour à quelqu’un,
tout en sentant que quelqu’un nous fait l’amour,
c’est cela que l’on ressent très exactement
et c’est pour cela que c’est miraculeux,
c’est la perception que quelqu’un, dans les deux cas, de l’extérieur, interagit avec nous,
que quelqu’un intervient étroitement, au plus intime de nous-même,
tour à tour, avec le masculin et avec le féminin, en nous
on se sent faire l’amour à quelqu’un
et on sent que quelqu’un nous fait l’amour

plus exactement, on se sent des parts fluctuantes de couples enchevêtrés,
comme un puzzle qui se fait et se défait instantanément par endroits, sans cesse,
des moments de mouvements, de gestes, de postures, d’actions,
cela voltige dans tous les sens, jeu de miroirs

interaction avec notre part masculine, interaction avec notre part féminine
dans les deux cas, donc, il y a cette sensation comme si quelqu’un interagissait avec nous,
provoquant des réactions et des sensations de notre part,
on bouge et on se déplace en fonction de quelqu’un qui semble extérieur à nous

on sait que cela n’existe pas, bien sûr, si on réfléchit ne fusse qu’une fraction de seconde
mais on ne réfléchit plus, l’intellect n’a plus voix au chapitre
car tous nos sens, toutes nos sensations, tout ce que l’on perçoit, tout ce que l’on vit,
nous disent le contraire, nous le font vivre,
la réalité est une illusion vibrante, créée dans notre corps et notre tête, plus que jamais

puissant jeu de miroirs, étourdissant carrousel dans la chair,
on perçoit nos actions par rapport à un intervenant mâle et par rapport à un intervenant femelle
qui semblent interagir avec le masculin et le féminin en nous,
semblant sollicités chacun, à tour de rôle ou à peu près en même temps,
cela s’enchaîne, cela se confond, cela se détache, cela se relaie, cela s’entremêle,
c’est parfaitement synchronisé par moments, à d’autres, complètement désynchronisés,
on perçoit des parts qui se fondent, qui se confondent, qui se brisent, qui s’unissent,
qui se séparent, qui se réunissent à nouveau, qui deviennent floues, qui deviennent précises

c’est un torrent de couples,
imaginons-en deux, dans l’un, je fais l’amour à quelqu’un, dans l’autre, on me fait l’amour,
vous mettez tout cela dans un shaker, vous secouez bien fort, jusque cela tournoie dans tous les sens
et puis vous déversez en moi,
vous déversez cela dans ma chair, dans mes nerfs, dans mon sang, dans mes os, dans mes muscles