#41923
bzo
Participant

oui, je me fais mon cinéma,
je me fais mon cinéma sexuel, tout seul dans mon coin
mais avec la complicité de son corps, acquise,
cela peut vite devenir magique,
je veux dire par là, réel, vécu, ressenti dans les moindres détails

comment acquiert-on cette fameuse complicité?
en mots simples, en mots naïfs,
cela peut paraître bateau mais il faut d’abord y croire de toutes ses forces,
il faut la vouloir de toutes ses forces, contre vents et marées,
votre corps ne veut pas de vous?
votre corps n’est qu’un mur, contre lequel, séance après séance,
vous vous cognez sans aucun signe d’ouverture, de frémissement?
il faut continuer à aller taper sa tête contre, encore et encore,
il faut se rendre fou de désir,
de désir envers soi-même, de désir envers sa chair,
il faut s’investir à 200% dans chaque caresse, dans chaque mouvement, dans chaque geste,
dans chaque action ou inaction,
comme si votre vie en dépendait

bien sûr, me direz-vous, on a par ici des témoignages de gens,
qui s’y essaient pendant des années, au massage prostatique, sans grand succès,
sans doute, ont-ils beaucoup investi d’eux-mêmes au fil des séances
et pourtant, et pourtant…
sans grand succès

mais je suis désolé de le dire, ils essaient d’appliquer une recette, prise ici ou là
certaines, certes, comme le Traité d’Aneros, par exemple, ont été couronnées de succès pour beaucoup
mais on ne connait pas le nombre de ceux qui abandonnent
je le soupçonne être encore bien plus élevé que ceux qui réussissent

non, ce que je propose,
c’est plus de recette, plus aucune règle, ni ligne de conduite,
rien que vous, vos tripes, votre désir, votre sang, vos os,
pas de porno, d’herbe à fumer pour facilité la relaxation, de fantasmes à faire tourner dans sa tête,
juste vous et votre corps
votre volonté d’établir cette complicité,
votre capacité à vous écouter, rien que vous et personne d’autre
qui permettront après, une fois que vous y êtes,
tous les débordements glorieux avec votre chair

aucune recette pour vous,
rien de moins, rien de plus,
que celle que vous forgerez avec votre chair,
patiemment séance après séance

cela dépend aussi de ce que vous recherchez et jusqu’où vous êtes prêt à aller,
je ne parle pas ici de pratiques extrêmes, genre où l’on se pend, où l’on se flagelle avec un fouet clouté
ou qu’on s’applique des fers rougis sur les couilles
ou que sais-je encore

non, je pense aux frontières de votre identité sexuelle,
êtes-vous prêt à les dépasser un peu, beaucoup, à la folie, pour vivre votre aventure?
c’est une question qui se posera rapidement à vous
si vous vous explorez, sans rien retenir, en essayant d’éveiller toute la fougue de votre désir
mais chaque chose en son temps, vous en êtes pas encore là

quoiqu’il en soit,
les premiers pas sont identiques, dans tous les cas,
il faut y aller, il faut oser, il faut tenter,
essayer de s’écouter, essayer d’éveiller son désir, essayer de communier avec son corps

essayer de s’écouter au début,
cela peut vouloir dire, s’imaginer très fort que l’on s’entend,
forcer votre corps, forcer votre désir, à entrer en action,
leur forcer la main, j’aime cette expression,
j’ai très certainement beaucoup forcé la main à mon corps par périodes

le fait est qu’on a un terrible adversaire en face de nous
qui veut nous empêcher absolument de toutes ses forces d’établir cette complicité avec son corps,
de réveiller l’animalité sans bornes qu’il y a en nous, de réveiller son instinct,
d’être capable de suivre ses pulsions,
de parvenir à s’écouter, à s’écouter, à s’écouter, depuis l’intérieur,
cet adversaire, c’est nous-même,
c’est nous-même que nous devrons amadouer, dompter, avant tout

par nous-même, j’entends notre intellect, notre moi pensant,
il est le véritable obstacle,
dans l’action, nous en avons besoin très très peu, voir pas du tout,
notre imagination,
une fois que toutes les chaînes que notre intellect appliquaient dessus, se seront évanouies,
elle, elle pourra déployer ses ailes, aller vagabonder à la rencontre de notre corps,
aller jouer avec lui sur cette plaine de jeu
que nous essayons de mettre en place

le plaisir est un jeu, ne l’oubliez jamais, nous redevenons des grands enfants, nous redevenons purs
quand nous jouissons, quand nous sommes emportés par les vagues du désir,
si votre plaisir est laborieux, lourd, sérieux, grave,
alors c’est que vous avez raté un tournant ou deux, voire mille,
vous devez être comme un gamin lâché dans son magasin de friandises préférées,
un grand rire doit habiter notre âme,
votre chair doit être comme d’immenses ailes multicolores,
battant au rythme du désir

une seule règle pour moi, ne plus toucher ses génitaux avec les mains, en tout cas au début,
comment éveiller autrement sa prostate?
comment parvenir à obtenir des ondes génitales, même, autrement
si on n’applique pas cette restriction?
quasi impossible
sauf cas exceptionnels, de gens particulièrement doués, chez qui tout vient naturellement

en tout cas, quand y parviendrez, si vous y parvenez,
ce sera votre recette à vous,
personne d’autre pourra l’appliquer, peut-être partiellement
mais ce seront vos clefs à vous, faites sur mesure
ce seront vos entrées, faites sur mesure, vos serrures à vous, faites sur mesure,
vous vous êtes battus pour, vous avez sué pour,
personne n’en a jamais eux des comme cela avant,
personne n’en aura des comme cela, après vous,
ce sont les vôtres, elles sont unique car vous êtes unique,
ce sera là désormais pour vous, jusqu’à votre dernier souffle

alors comment faire concrètement, me demandez-vous?
c’est bien beau, les belles phrases
mais je suis là au lit, à présent, nu, avec un masseur ou sans,
comment je fais?
je vous répondrai que je n’en sais foutrement rien,
je ne peux pas le savoir à votre place,
la seule chose que je peux vous dire,
c’est de faire ce qui vous passe par la tête, faites n’importe quoi,
vraiment n’importe quoi qui vous parait à même d’éveiller votre désir,
essayer d’aller vers lui, de toutes vos forces
mais ne vous mettez surtout pas à réfléchir à ce que vous allez faire,
juste faites, essayez d’être le plus spontané possible,
mettez-vous en action d’une manière ou une autre, même maladroitement, n’ayez pas peur du ridicule,
vous êtes seul dans votre coin, vous essayez de vous bâtir votre petit coin de paradis,
vous pouvez tout oser, personne ne rira de vous

essayez d’arriver à ce que votre corps prenne peu à peu les choses en main,
votre recette se trouve dans vos tripes, pas dans votre tête,
ce sont donc elles que vous cherchez à placer aux commandes,
ce sont elles que vous devez apprendre à écouter,
pas votre tête

ne cherchez pas à vous détendre, juste faites, le corps va se demander ce qui se passe,
va d’abord râler que vous sortez des sentiers battus,
que vous semblez attendre quelque chose de lui,
il n’en a pas l’habitude qu’on lui laisse l’initiative,
alors relancez-le, encore et toujours
jusqu’à ce qu’il comprenne que vous êtes sérieux, que vous êtes prêt à faire ce qu’il faut
pour éveiller tout ce qu’il y a au fond de vous,
d’aller explorer les continents secrets du désir,
pas juste la petite aire habituelle