#42076
bzo
Participant

l’action en elle-même, compte, bien sûr
mais n’a qu’une importance toute relative,
c’est comment vous allez traiter l’information générée,
comment vous allez interpréter, ce qui est en train de se passer,
qui compte, qui fait que vous allez ressentir du plaisir ou pas,
un peu, beaucoup, à la folie

ainsi, si vous passez votre doigt sur votre torse, lentement, langoureusement,
vous allez sans doute juste sentir que vous avez passé votre doigt sur votre torse,
selon l’idée que vous vous faites d’un mouvement lent et langoureux
mais moi, en effectuant la même action,
je vais obtenir une traînée de plaisir sous la peau,
je vais éprouver une sensation voluptueuse qui perdurera, qui variera,
au plus je continue

s’entraîner, entraîner son corps, lui faire accepter
non, je reformule, c’est surtout à nous, en fait, d’accepter,
nous, être pensant, enfermé dans notre intellect, conduisant le véhicule de là
car, notre corps, lui, il est prêt tout le temps, à tous les bons coups,
il ne demande que cela
mais il faut avoir la manière de lui demander, de le faire participer

pour lui faire comprendre ce que vous voulez,
en grande partie, c’est assez simple, en fait,
il suffit de s’impliquer à fond, ne rien retenir,
tout donner de ce que vous avez dans les tripes
mais déjà cela, c’est tout un art
qui se perfectionne patiemment, jour après jour

à partir du moment où vous vous impliquez
de plus en plus sérieusement, à chaque instant,
votre corps va commencer à vous répondre, va commencer à jouer le jeu
vous l’obligez à réagir,
mais si vous restez tiède, machinal, distant, impersonnel,
votre corps restera à peu près de marbre, face à vos sollicitations,
il veut que vous vous rapprochiez, il veut se sentir uni à vous,
c’est son dada à lui, la fusion avec son locataire

une fois que tout cela est bien en place, cohérent, consistant,
ce n’est plus qu’une question de volonté, pour ainsi-dire,
on a bâti en soi, au fil des jours, une volonté de fer vers le plaisir
qui prend racine dans nos fondations, qui baigne dans notre chair, dans notre sang,
trouve sa légitimité, ainsi

une volonté viscérale, instinctive, comme celle de survie,
de plaisir à tout prix quand on se met en action,
qui a poussé partout en nous, dans la moindre de nos cellules,
qui fait qu’à présent, il suffit qu’on se dise,
je veux éprouver du plaisir, avec ce geste répété mille fois, cent mille fois,
et instantanément, notre corps, qui est devenu notre complice sans failles,
va exaucer notre souhait

vous ne vous dites pas, bien sûr, je veux éprouver du plaisir,
non, vous émettez une proposition muette vers votre corps qu’il a appris à reconnaître
et il vous répondra instantanément ou en plus ou moins, léger différé

oh bien sûr, au plus, on cajole, une zone explicitement sexuelle,
au plus facilement, on va générer des sensations,
on vient tous, plus ou moins, avec une programmation de base,
par défaut, attaché à son corps
qu’il est relativement aisée de mettre en action

sans doute, au plus vous avez du mal à laisser libre cours à votre imagination,
à la laisser gambader librement comme elle veut,
au plus vous aurez du mal à prendre des chemins de traverse de la sexualité
comme le plaisir prostatique, par exemple,
se lâcher, se laisser entraîner, cela veut dire aussi cela,
ne plus contrôler son imagination, lui laisser libre cours,
laisser celle-ci jouer librement avec la chair
plutôt qu’être enchaînée à notre intellect

je ne parle pas ici de fantasme, d’imaginer des choses à connotations sexuelles
mais l’imagination a une puissance mystérieuse et des racines au plus profond de nous,
parvenir à la laisser errer sans chercher à la diriger,
juste à la laisser se poser où elle veut

en action, j’ai remarqué qu’elle participait énormément, à chaque instant,
quand l’imagination est libre d’errer comme elle veut,
on imagine en même temps tout ce qu’on fait,
les gestes, les mouvements, les postures, les contractions
tout autant qu’on les effectue dans la réalité,
on y ajoute ainsi des couches

au lieu d’être un simple geste, un simple mouvement, un simple contact, une simple contraction,
cela devient comme une sorte de mille-feuilles avec des strates