#42173
bzo
Participant

passer toute la semaine dans le centre d’une grande ville comme Bruxelles,
vivant, me déplaçant, dans son brouhaha permanent,
voix humaines, machines, voitures, motos, sirènes, avions dans le ciel,
bruits de toutes sortes

et puis arriver dans la forêt
comme je le fais tous les mercredis après-midi,
les premiers instants sont toujours tellement impressionnants,
tellement un soulagement, un apaisement, quelque part

on est cueilli massivement par le silence qui règne par ici
irrésistiblement happé, imbibé, par celui-ci
et même s’il y a des chants d’oiseau, de temps à autre,
ceux-ci passent comme des flèches, traversant brièvement le silence
avant que celui-ci ne se reforme déjà complètement
de plus, ils le respectent, ne le meurtrissent pas,
éraflent à peine sa structure un instant en le pénétrant

tout semble cohabiter tellement paisiblement,
même si des lois d’airain, impitoyablement s’appliquent,
éliminant les plus faibles, les blessés,
toute la chaîne de chasseurs à l’affut de leur proie

je marche à présent parmi les grands hêtres et les grands chênes,
le premier étang que je croiserai durant la promenade, se profile déjà à ma droite,
je vois la végétation aquatique qui la ceinture,
des roseaux, des joncs, des renoncules, des laîches,
des espèces de grosses libellules qui zigzaguent interminablement, en patrouille,
des canards dérivent tranquillement au fil de l’eau,
un cygne fait le beau, dansant avec son cou

ce silence qui se déploie entre les arbres,
semble un havre pour le promeneur, existant depuis toujours,
les énergies en moi, je le sens, voudraient pouvoir s’exprimer par ici,
de manière totalement différente qu’à la maison, bien sûr
mais je les sens tout autant sur la ligne de départ, bouillonnant en moi,
je cherche les clefs inlassablement
ou plutôt je scrute le silence, je suis à son écoute, je le questionne constamment,
j’essaie de m’ouvrir, d’appliquer ces mécanismes de complicité, de communion
qui ont fait leur preuve dans mon alcôve, avec ma chair
tout ce qu’il y a à l’alentour, par ici, semble avoir le potentiel de me répondre

formidable présence muette de la forêt,
je sens son magnétisme constamment