#43321
bzo
Participant

il y a quelques minutes, j’étais un lac,
un lac immense dont je surveillais la surface,
dont je scrutais le silence

le moindre petit geste, le moindre petit effleurement, la moindre caresse,
éveillait des cercles d’ondes, quelque part, en moi
je les sentais courir, je les suivais avec gourmandise,
je les sentais se rejoindre, arrivant de tas d’endroits différents,
se rencontraient, s’entremêlaient, un instant,
puis continuaient leur chemin,
éphémère réseau, changeant sans cesse, dans ma chair

pas trop d’ondes à la fois,
ne pas trop troubler la surface,
qu’elle reflète bien le bleu du ciel, la danse de la lumière,
et des branchages, près de la rive,
tant de choses virevoltait, grouillait, en moi,
je me sentais un miroir parfait du désir

du moindre petit geste s’extrayait comme un nectar savoureux,
la moindre de mes respirations apportait sa nuance,
écarter les cuisses, provoquait un séisme,
les refermer, un autre,
je n’avais qu’à me laisser engloutir,
encore et encore

laisser le lac se calmer régulièrement,
augurait d’une kirielle de moments de tempête délicieuse,
retrouver un moment, le calme matriciel, la richesse du silence,
redevenir prêt à être imprégné à 100%

de la soie va s’envoler,
des oiseaux vont déployer leurs ailes, dans mes veines,
l’horizon est là, offert,
rejoignable