tout le long de mon parcours, jusqu’ici,
j’ai toujours aimer m’imposer toutes sortes de contraintes,
cela peut aider à explorer de nouvelles facettes de sa pratique,
découvrir des radicalement différentes nuances de sensations,
ou même, juste pour varier
mais la plupart, j’ai abandonné
car n’apportant pas grand chose,
finalement, je me suis rendu compte,
si on n’a pas cette impression que le corps l’adopte assez rapidement,
la fait sienne, la prend à son compte,
c’est rédhibitoire, pour moi
je lui proposais une contrainte
mais s’il ne l’acceptait pas, ne la faisait pas sienne,
cela ne valait pas la peine de continuer,
même si cela semble apporter quelque chose d’intéressant,
au niveau des sensations
pourquoi?
tout simplement car dans ces moments d’exploration, de recherche,
on est en mode entraînement
mais une fois qu’on essaie de se lâcher complètement,
qu’on remet les chevaux,
qu’on essaie de ne plus du tout s’observer,
eh bien on n’y arrive pas vraiment
car on doit constamment faire intervenir le moi pensant
pour maintenir la contrainte,
le corps la rejette, ne l’adopte pas,
on doit se forcer pour continuer de l’appliquer
ainsi, par exemple, quand j’ai découvert, à quel point,
les sensations semblaient changer de nature, de coloris
selon qu’on pratiquait, yeux ouverts ou yeux fermés,
j’ai essayé plus d’une fois, d’incorporer cela dans la pratique,
de changer très régulièrement,
alterner constamment, rester quelques secondes, paupières fermées
puis les rouvrir et ainsi de suite
cela fonctionne plutôt bien dans un premier temps,
on est porté par son enthousiasme
de découvrir des résultats intéressants, ainsi,
cela génère, au début, des sensations très intéressantes,
un amalgame, un mélange, curieux, original,
de nuances intimistes, feutrées que l’on obtient
quand on a les paupières fermées
et puis les coloris plus explosifs, plus débridées,
qu’on a les paupières ouvertes
l’espace qui nous entoure, avec les objets qui le meublent,
ont une puissance calme
qui semble se réveiller, qui semble participer à notre effort,
l’espace semble habité par nos vibrations,
les yeux ouverts,
nos sensations semblent avoir plus de place pour galoper
mais voilà, ouvrir et refermer les yeux comme cela,
demandent l’intervention, sans cesse, du moi pensant,
on le sort de son coin, pour un instant, à chaque fois,
pour commander cette action,
cela devient contreproductif, à la longue,
cela coupe notre élan
l’instinct, le désir, les pulsions,
ne parviennent pas à former ce élan puissant durablement
qui semble nous entraîner,
qui semble nous mener sans que l’on intervienne
cela fait comme un coup de frein, à chaque fois
donc j’ai fini par abandonner cette contrainte
qui semblait prometteuse au début
mais qui a la longue, je me suis rendu compte,
comportait plus de désavantages que de gains
non, les deux seules contraintes que j’ai gardées avec succès
et que je continue d’appliquer régulièrement,
c’est soit la non-éjaculation pendant des délais plus ou moins longs,
je ne m’étendrais pas ici sur les avantages,
je l’ai déjà fait précédemment, en long et en large
je suis d’ailleurs, en plein dedans, à nouveau, pour l’instant,
cela doit faire quelque chose comme trois semaines
que je ne l’ai plus éjaculé,
je n’en sens vraiment aucun besoin,
l’impression de pouvoir rester ainsi, pour des années
et puis l’autre,
c’est de ne plus utiliser les mains pendant un certain temps,
les bras restent inertes, les doigts ne caressent plus,
restent passives
l’intérêt, ici, c’est de ne plus solliciter que les ondes du bassin
et les ondes du reste du corps,
qu’on peut obtenir avec ses gestes, ses mouvements,
ses ondulations, ses changements de position
mais donc plus de main, plus de peau caressée,
le rapport entre les ondes générées, change du tout au tout,
quand tout participe, mains aussi,
je dirais qu’il y en a 55% produit par le bassin,
ondes génitales, prostatiques et anales,
30% par les mains qui se baladent sur moi
et les 15% restant,
c’est le reste du corps, qui se meut, qui ondule,
tous les déplacements, tous les gestes,
tous les changements de position,
les accentuations diverses et variées que j’effectue avec,
tout cela produit aussi des ondes
alors que quand je n’utilise plus du tout les mains,
les proportions changent dramatiquement,
je dirai que 65% proviennent du bassin,
le reste, ce sont les ondes du reste du corps
c’est à chaque fois, une tellement splendide occasion
d’explorer les ondes produites par mes postures en mode yin,
accentuations langoureuses des mouvements, des positions,
j’ai l’impression, ainsi en mode yin, de sculpter mes gestes, mes postures,
d’habiter beaucoup plus mon corps
spontanément, je deviens chorégraphe de mes gestes, de mes mouvements,
de mes positions, dans l’espace,
les ondes du bassin montent, je les sens tellement nettement
quand il n’y a pas tout le charivari produit par la danse des mains sur la peau,
elles se mêlent à ce qui est produit par le reste de mon corps,
là aussi, je sens tellement plus précisément, avec une splendide clarté,
tout ce que mes mouvements, mes gestes, mes arrêts dans l’espace,
produisent comme ondes
c’est plus épuré, plus sobre, dans l’ensemble,
les mains sur la peau produit un boucan, très riche, très varié
mais qui me fatigue certains jours
et alors cela fait vraiment du bien,
de rester avec les bras, juste ballants, inertes
avec des flux de vibrations, moins qui vont dans tous les sens,
cela virevolte moins, dans tous les coins,
c’est reposant, quelque part
il y aura, cependant, toujours un moment,
il peut arriver après quelques heures ou quelques jours,
où soudainement, mes mains sur la peau,
vont me manquer terriblement, je ressentirais comme un vide insupportable
de ne pas les sentir courir sur moi,
de ne pas sentir mes seins, touchés, palpés, pressés,
alors vite, mes paumes viendront se poser quelque part
et je me demanderai pendant de longues secondes
comment j’ai pu me passer de leur ballet divin sur moi
et ce sera reparti avec leur activité incessante