je n’ose même pas imaginer la frustration de tous ceux par ici
qui n’y arrivent pas,
qui s’y emploient avec patience, avec ferveur, avec application
mais qui n’y arrivent pas
quel message leur faire passer, qui n’a pas encore été dit?
patience, persévérance, la belle affaire,
ils en ont déjà déployé des tonnes,
sans grand résultat
pour la masturbation, c’est simple,
vous vous chipotez la quéquette jusqu’à ce qu’elle devienne plus ou moins dure
puis vous la secouez
et voilà, c’est bon, vous y êtes,
vous savez éjaculer en solo,
relâcher la pression, en obtenant un peu de jouissance
mais pour tous les plaisirs non péniens,
plus particulièrement prostatiques,
il n’y a pas de recette,
tout ce que l’on lit par ci, par là,
ne sont que des indications très générales
qui n’assurent en aucune manière, le succès
car l’essentiel est ailleurs
tant que vous suivrez des indications scrupuleusement, durant vos séances
en espérant appliquer un mode d’emploi, façon meuble Ikea
vous passerez toujours à côté
l’essentiel est ailleurs,
l’essentiel est dans le rapport qu’on établit avec son corps,
personne ne peut faire cela à votre place
et personne ne peut vous donner d’autre explication
que celle qu’il faut établir un rapport avec son corps,
qu’il faut bien se détendre, s’écouter,
etc
il y a un moment où il faut le saisir dans sa chair,
qu’il faut arrêter de penser à ce que l’on fait
et essayer juste de sentir, de s’écouter, de se lâcher,
d’essayer de libérer son désir, ainsi,
de parvenir dialoguer avec sa prostate, ainsi,
d’établir le contact avec son corps, ainsi
on ne peut pas faire tout cela en pensant,
on ne peut le faire que si on se laisse entraîner, sans plus penser à rien,
que si l’on accepte d’être le plus possible dans l’instant,
avec son ressenti, avec son instinct, avec ses pulsions
tous ceux qui appliquent scrupuleusement des gestes , des recettes,
lues ici ou là,
ils n’ont aucune chance,
tant qu’ils sont juste dans le copiage plus ou moins scrupuleux
il y a un moment où il faut accepter
d’être sans plus aucun fil conducteur,
qu’on ne sait plus du tout où l’on va aller, ce que l’on va faire,
si cela va réussir, ce que l’on va obtenir,
juste on le fait, on est là dans l’instant et on fait,
on cherche à éveiller son désir,
on cherche à dialoguer avec sa prostate,
aussi maladroit que ce sera, dans un premier temps,
aussi silencieuse que reste leur chair,
là ils cherchent enfin réellement à établir un contact,
là, ils auront fait réellement des premiers pas dans la bonne direction
qu’ont-ils à perdre?
si jusque là, tout le reste n’a pas réussi,
en essayant de suivre toutes sortes de préconisations?
à avoir l’audace de ne plus écouter que soi-même?
c’est en vous, aussi, c’est en tout le monde,
cela je le sais, cela je le certifie, je suis prêt à le signer
mais il faut y aller en faisant vraiment table rase de tout,
juste faites, essayer d’éveiller votre désir,
essayer de dialoguer avec votre prostate,
en vous écoutant,
c’est la façon la plus simple, en fait,
il n’y a qu’à faire n’importe comment, sans réfléchir à rien,
c’est si compliqué, dans le domaine du plaisir,
d’essayer de suivre des indications plus ou moins, à la lettre,
le désir, c’est la liberté absolue,
c’est se laisser mener par ses sensations
on est comme une feuille dans le vent,
léger, léger
la clef est en soi, il faut aller la chercher en vous, il faut plonger,
les mots d’autrui, y compris ceux-ci,
ne vous serviront pas à grand chose,
tant que vous n’aurez pas découvert dans votre singularité ,
dans ce qui vous est propre, la clef,
la clef pour ouvrir la porte vers les plaisirs non péniens
il y a une nécessité de se singulariser radicalement
pour pouvoir y arriver,
oser la singularité, oser le geste personnel,
oser se faire confiance aveuglement, à un moment donné,
c’est oser donner les commandes à son corps