#44992
bzo
Participant

à quel point, je me suis éloigné de l’idée d’utiliser un masseur,

je ne l’envisage plus une microseconde,

depuis pas mal de temps

 

placer un objet entre nous,

quelque chose d’extérieur, entre nous,

alors que nous avons bâti cette relation totale, sans concession,

ainsi, sans intermédiaire

 

c’est bête,  très bête, je sais,

cela ne tient pas la route,

mais c’est comme cela, pour l’instant,

cela changera peut-être

ou peut-être, pas

 

j’ai, en tout cas, tout ce qu’il faut,

une belle panoplie de masseurs,

dans les tiroirs de ma table de nuit,

prêts à entrer en action,

au cas où

 

il faut leur rendre justice,

je n’ai que de merveilleux souvenirs,

de leur passage dans mon séant,

le genre de souvenirs qui vous marquent,

des traces indélébiles, soyeuses, dans la mémoire,

comme des étoiles filantes issues d’un plaisir ancien, enfoui

mais qui est encore vaguement vivant, rougeoyant, quelque part

 

c’est tellement plus simple comme cela,

tellement instantané, tellement spontané, tellement aller de soi,

je n’ai même pas le temps de me dire, “tiens, j’ai envie”,

que déjà, je ressens,

que déjà, il y a de l’incandescence qui se répand dans mon corps,

que déjà, je suis en mouvement comme une liane lascive, festive, dansante,

que déjà, j’ai cette sensation que ma chair s’embrasse follement,

que ma chair s’étreint follement,

que déjà, je ressens comme de l’homme et de la femme, en moi,

de l’homme et de la femme s’entremêlant, en plein ciel,

comme des oiseaux faisant des figures, ensemble,

comme mus par une même volonté,

comme donnant l’impression de se fondre, tellement ils sont cordonnées

 

un ensemble incandescent, un ensemble en fleurs, un ensemble palpitant,

je ne sais pas si j’ai encore des orgasmes,

même si je jouis réellement, techniquement,

mais il y a cette sensation d’union, de communion,

d’être entier,  d’être empli d’ineffable,

une sensation volatile de jouir d’être

 

j’ai envie de mon sexe, de mes jambes, de mon buste, de mes mains,

de ma peau, de mon cul, de ma prostate, de mon anus,

du sexe des autres, de tous les sexes du monde,

indifféremment qu’il soit du type qui se dresse et qui durcit

ou qui s’entrouvre en s’humidifiant

 

je les veux tous là, innombrables,

cognant aux portes, cognant aux fenêtres,

cherchant en même temps, à être  pénétré,  à pénétrer,

je sentir sentir leur énergie en moi,

je veux en être empli,  je veux en être envahi, je veux en être inondé,

je veux les absorber et je veux qu’ils m’absorbent