grasse matinée,
enchaînée sans transition,
par de la voluptueuse matinée,
avec des gémissements bien gras,
les matinées comme je les aime
quand je suis en congé
j’étais en train de dormir,
dispersé, flottant de-ci-de-là, dans mes rêves,
ils sont toujours tellement puissants, tellement riches,
j’ai l’impression, vraiment, de vivre une seconde vie,
totalement réelle, dans un autre univers
quand je dors
quand tout à coup, j’ai senti comme des lanières ondulantes, soyeuses,
me saisir, m’entourer doucement mais fermement et tirer
commencer à me sortir de mon rêve
c’était mon corps qui avait follement envie,
qui venait me chercher,
“assez pour ce matin, il est déjà 11h,
temps de baigner dans de la volupté, avec moi”
en même temps que mon cerveau
était encore en train d’essayer de rassembler les morceaux,
mes hanches ondulaient déjà, tout lentement,
mes cuisses jouaient avec les génitaux,
des contractions montaient,
je me suis senti, envahi instantanément, par les voiles dansantes d’une ineffable volupté,
je me laisse aller, je me laisse entraîner,
je cède la place dans mon cerveau que je commençais à peine à occuper,
des cascades m’entraînent déjà,
voilà bien la façon la plus délicieuse de se réveiller,
une de mes deux préférées,
l’autre étant, de me faire sortir de mes rêves
par une langue chaude, humide et râpeuse qui lèche mon sexe,
faisant des allers retours entre la hampe et le gland
je me fais la réflexion que la transition entre le monde du rêve
et celui de la volupté, aura été tellement rapide,
que je sens encore partout en moi,
comme des pans entiers, des lambeaux, du premier,
en train de s’évacuer,
s’entremêlant aux poulpes graciles du plaisir
qui flottent et qui ondulent déjà, un peu partout dans ma chair
comme je l’ai déjà écrit par le passé,
je suis convaincu que ces deux univers ont la même origine, quelque part,
les stocks d’énergie, au fond de nous,
une façon totalement différente, évidemment, de les consumer
mais tellement splendides, vitales, l’une comme l’autre
ma main s’égare, se saisit instinctivement de mon sexe,
instantanément, le plaisir devient pénien,
vient se confiner dans ma verge et ses alentours les plus immédiats,
c’est tellement incroyablement puissant, tellurique
car cela fait, à nouveau, des semaines que je n’ai plus éjaculé
je me force à retirer la main de la hampe,
déjà totalement raide, vibrante, gorgée de sang,
pas facile, ma queue fonçait déjà à toute allure, vers le crachat laiteux
et l’explosion irrésistible du bref orgasme
qui aurait eu lieu quelques instants après,
si j’avais laissé faire
mais non, je ne veux pas, pas un seul instant, non, non et non,
toutes ces énergies accumulées, c’est un trésor,
je ne vais pas le dilapider comme cela,
pour quelques secondes d’orgasme, aussi explosif soit-il,
ce précieux carburant en surabondance, pour l’instant, dans ma chair,
il peut me faire vivre autrement,
des moments tellement plus délicieux, plus riches,
prolongés indéfiniment,
avec mon mode yin
ma main se retire donc, sans trop de problème,
je fais monter pour évacuer tout cela, lestement, une contraction,
presse bien fort vers le haut,
maintiens la tension dans les muscles du périnée, l’accentue de plus en plus,
pour faire disparaitre les sensations péniennes qui s’étaient installées,
elles sont remplacées directement par une sensation irrésistible de pénétration, entre mes reins,
je me sens pris, empalé, pourfendu,
comme si l’étrave d’un navire montait en moi, fendait les chairs, les faisait fondre,
mes hanches ondulent de plus belle
c’est plutôt, en fait, comme les innombrables chevaux d’une marée
qui galopent dans chacune de mes cellules,
les martelant soyeusement
je me lève, m’habille un peu, mais pas trop,
tout en continuant à laisser faire mon corps,
cela fait frotti frotta, là en bas,
c’est endiablé, c’est capiteux, c’est du pur mode liane lascive
mes deux corps, comme j’aime à me les représenter,
celui de tous les jours
et l’autre, vibrant, comme au féminin et au masculin, entremêlés, s’unissant,
cohabitent merveilleusement,
l’un fait les gestes, tant bien que mal, pour enfiler les vêtements,
allumer la lumière pour que j’y voie quelque chose,
l’autre ondule, caresse, frotte, presse, joue avec les postures, les mouvements, les gestes,
pour les transforment en vagues de plaisir,
c’est une sorte de danse tourbillonnante,
de la haute voltige,
un opéra sensuel avec choeur et orchestre
je me dirige vers les fenêtres pour tirer les rideaux,
cela continue, quel festival ardent, encore et toujours en moi,
les feux d’artifice me suivent, me rattrapent, je baigne dedans,
une main se saisit de la chaînette pour tenter d’ouvrir les tentures,
la lumière terne d’une matinée pluvieuse d’hiver, déjà bien avancée,
envahit ma chambre,
tandis que je continue de gigoter langoureusement et de gémir,
l’autre main caressant un sein
et en bas, well, mon bassin en feu, se débrouillant splendidement,
malgré que je sois occupé aussi, machinalement,
avec des opérations plus terre à terre
ah, il faut que je m’accroche de toutes mes forces,
à la chaînette des rideaux sinon je risque de basculer,
je crois bien que je suis en train de jouir,
enfin peut-être pas mais c’est en tout cas, irrésistiblement bon
et cela me fait perdre l’équilibre lentement,
pas trop tirer, non plus, sur la chaînette sinon, je risque de l’arracher,
comme mon sexe est devenu dur,
il se balance au rythme de la houle entre mes reins,
semblant saluer les meubles de la chambre
quelle lascivité, quelle incandescence, dans mon bassin,
il faut que j’aille m’asseoir quelque part, au plus vite,
il faut que j’aie cette sensation de baiser et d’être baisé, partout en moi,
une envie folle de sentir mes cuisses se serrer, se desserrer, lentement, fiévreusement,
de me sentir m’ouvrir, de me sentir m’offrir
de me sentir comme offert au plaisir, sans rien retenir,
prêt à me lâcher au féminin,
envie de me sentir pourfendu jusqu’à la garde,
envie de sentir comme un pal, allant et venant, en moi
sensation de fente chaude dans ma chair,
s’entrouvrant face à un océan,
sentant les vagues, à la fois soyeuses et brutales,
cognant à la porte, me léchant déjà l’intérieur,
prêtes à m’inonder, prêtes à envahir irrésistiblement toutes mes cellules
cela explose maintenant entre mes hanches, cela pétarade,
ma chair semble grésiller, vibrer, frémir, fondre