#45172
bzo
Participant

la technique,
quelle technique?
je revendique une absence de technique,
de plus en plus totale

je me caresse un peu partout,
bouge beaucoup,
plus particulièrement, le bassin,
prends toutes sortes de postures,
fais monter des contractions,
presse, frotte, masse,
les génitaux, avec les cuisses,
mets de temps à autre,
un doigt ou deux, dans l’anus

et cela, un peu partout, tout seul, chez moi,
couché sur le lit, assis, debout,
en cuisinant, en pendant mon linge,
en bricolant, en télétravail,
en lisant, en regardant des films,
en faisant ma gym, en faisant mon yoga,
sur la table, sous la table, contre la table,
en marchant, en étant immobile

mais la manière
pour effectuer tous ces gestes, tous ces mouvements,
n’est pas du tout réfléchie,
est complètement improvisée,
basée uniquement sur le ressenti,
non pas que je n’ai pas conscience de ce qui se passe,
non, c’est moi qui agis à 100%
mais tout cela semble se faire,
sans l’intervention direct de mon intellect,
il ne mène pas la danse
la danse me mène

apprendre à laisser la danse nous mener,
que les gestes, les mouvements,
les changements de posture,
semblent pousser spontanément,
dans le terreau de notre ressenti,
naissant dans l’instant,
comme en accroissement accéléré,
arrosés par le désir

c’est vraiment le seul secret,
enfin, dans ma façon de pratiquer
libérer totalement son désir,
le laisser faire le plus possible,
écouter et encore écouter, son corps

avoir une confiance aveugle,
en son ressenti et en son désir,
pour être mené par eux

tout mon travail, depuis des années,
je m’en rends compte,
à consister juste, en cela,
se débarasser de toutes les idées reçues,
toutes les idées préconcues, de tous les tabous,
à oser de plus en plus,
à laisser faire de plus en plus,
à se lâcher de plus en plus

en action,
effacer les frontières du genre de son corps,
dans les enchaînements de gestes, de mouvements,
de prise de positions,
juste, laisser le corps s’exprimer,
exprimer toute la féminité et toute la masculinité,
contenues en ses flancs,
aussi loin que cela entraîne

oui, je gigote, par moments, le cul,
sans doute, de manière totalement ridicule
mais je n’en ai cure,
je batifole sans aucune limite, dans mon jardin secret,
il n’y a personne d’autre que moi, par ici
pour m’observer et me juger,
je me suis mis sous la juridiction
d’un plaisir absolu, total et sans limites,
au-delà du genre de mon corps,
que je laisse m’emporter aussi loin qu’il veut

des dizaines de fois, déjà, très certainement,
je me suis endormi avec la conviction
que ceci, il fallait le faire comme cela
et pas autrement,
que j’avais enfin une clef infaillible
qu’il suffisait de tourner
et hop, voilà, les portes du plaisir,
s’entrouvriraient, la prochaine fois,
comme par miracle, d’une manière encore plus incroyable

elles s’entrouvent, oui, désormais,
depuis bien longtemps, à chaque fois,
mais uniquement parce que j’oublie tout,
j’efface toute directive tracée sur le tableau noir ,
dès que je me mets en action,
que je laisse vraiment faire complètement,
que je parviens toujours plus à libérer les énergies
et à me laisser entrainer

les certitudes acquises le jour d’avant,
ne faisant que freiner, ralentir,
si j’essaie de me forcer à les appliquer,
la seule règle que j’ai finalement gardée depuis toujours,
n’ayant pas besoin d’y penser, un seul instant, pour m’y tenir,
c’est de ne jamais toucher les génitaux avec les mains,
zone taboue pour les doigts
car le plaisir redevient alors, immédiatement pénien
et l’on se retrouve sur le chemin qui mène vers l’éjaculation