#40442
bzo
Participant

des jours durant parfois, je ne fais pas de vraies séances,
je veux dire par là, être au lit ou ailleurs, en action plus de quelques minutes,
me contentant de micro-séances d’au maximum une minute ou deux
mais la plupart même, pas plus d’une trentaine de secondes

elles m’apportent déjà tellement énormément, l’intensité du plaisir ne dépend pas de la durée,
enfin chez moi, c’est comme cela,
quelques secondes de volupté tellement riche et variée, un étourdissant carrousel de nuances,
c’est comme une injection au plus profond de soi-même, un geste chirurgical de plaisir rassasiant

mais surtout, surtout, elles m’apportent des moments de communion avec mon corps,
de connexion totale à mon corps
car c’est cela qui m’intéresse avant tout, sentir avec une intensité maximale,
un lien profond, total, à cette chair

en quoi consiste-t-il, c’est quoi une connexion totale à son corps, une communion avec lui?
c’est être là dans l’instant avec lui, être vraiment là dans l’instant avec lui,
lui, avec ses myriades de nerfs, barbotant dans du sang, sa viande bien réelle, ses os,
être là avec tout cela, toute cette barbaque dégoulinante, à un certain moment, en un certain endroit,
on ne s’en rend pas bien compte mais on ne vit pas dans son corps vraiment,
on vit dans sa tête

quand je fais le lien avec mon corps, pour quelques instants,
je suis là dans l’espace et dans le temps, sans mon intellect, sans mon moi,
enfin du moins, ils sont en retrait, au second plan,
je suis là, une bête parmi des bêtes, une éponge à sensations, à signaux de toutes sortes, perçues, générées
qui vit au-travers de ses sens,
qui vit au-travers d’une imagination débordante, débordée, sans queue, ni tête, sans règles, ni lois,
une bête en train de se frotter maladroitement à elle-même pour jouir de l’instant,
je patauge dans le mystère sourd de l’animal en moi,
je suis extatique d’être juste là dans l’instant, ressentant, vibrant, éveillant toutes sortes de sensations,
bref d’être en vie, chaud, explosif, volcanique, doux comme du miel, doux comme du velours,
doux et violent à la fois comme un sexe prêt à cracher sa ridicule cargaison blanchâtre

le mystère, c’est qu’il ne semble pas y avoir de mystère, juste des moments mystérieux,
des moments mystérieux à se découvrir,
des moments mystérieux à découvrir une portion plus ou moins grande de ce que la vie a placé dans notre soute

l’instant est magique parce qu’on est là et qu’on est capable d’en vibrer,
la vie semble n’être que rythme et vibrations, notre chair arrive par moments à s’accorder à cela,
on semble alors goûter à l’essence-même des choses, éphémère, fragile, dérisoire,
aucun sens en nous, semble-t-il, aucun autre sens que de fêter l’instant, que de fêter l’instant d’être là,
que de partager l’instant d’être là en vie, avec soi-même ou avec d’autres,
de toutes les manières possibles et imaginables