#41564
bzo
Participant

dans la forêt, mon regard plongeait longuement parmi les feuilles,
baignant dans les hauteurs, dans la lumière magnifique de l’été,
souvent, j’avais l’impression qu’une option se mettait à clignoter quelque part dans le coin de mon oeil,
l’option portail vers la féerie
mais je sentais que la configuration n’était pas encore prête, qu’il me manquait des paramètres

on se sert peu de son odorat,
il faut vraiment qu’il y ait une odeur forte qui nous assaille,
sauf avec la nourriture, un des rares domaines où l’on l’emploie systématiquement,
parmi les arbres, je me suis forcé à humer, à renifler, le plus possible
pour aller à la rencontre des senteurs de la forêt

à mon étonnement, il y a pratiquement constamment de légères odeurs qui flottent un peu partout,
feuilles mortes, plantes diverses, écorce des arbres, que sais-je,
pas vraiment des parfums suaves et frappants
mais un ensemble de sensations olfactives très nettement discernables tout de même
qui semblent tapisser dans l’invisible, subtilement, la forêt

par moments, c’est peut-être mon imagination d’un peu obsédé sexuel (mais qui ne l’est pas, par ici?),
j’avais la sensation d’un fumet de sexe féminin en l’air
mais je n’irai pas plus loin avec l’analogie
car autant, durant ma pratique à la maison,
c’est l’esprit qui s’efface, qui se met au service du corps,
autant ici, parmi la nature, cherchant à vivre des moments particuliers de complicité parmi les arbres,
appelons un chat, un chat, des sortes d’extases forestières,
je trouve que c’est le contraire, c’est le corps qui s’efface,
qui met ses ressources les plus secrètes au service de l’esprit
et il n’y a vraiment rien de sexuel par ici,
c’est une consumation totalement différente des énergies
mais je les sens très nettement cherchant à monter par moments

mais enfin, les odeurs par rapport aux sons, à la vision,
semblent livrer quelque chose directement de plus intime,
quelque chose qui provient de sous la surface de ce qui ou de qui, l’a émis,
le fumet tellement variable de la forêt que j’ai découvert un peu aujourd’hui
semble une invitation sensuelle à chaque fois qu’il remonte dans mes narines

je l’immobilisais souvent, laissant le silence s’épaissir,
j’avais déjà les éclairs sonores des notes d’oiseaux qui soudainement roulaient joyeusement là-dedans,
illuminant mon aquarium,
désormais j’ai aussi ces odeurs qui arrivent aléatoirement à mes narines, à l’affut, humant, reniflant,
qui me parlent aussi des dessous de la forêt

la narration se tisse peu à peu,
à la maison, avec mon corps, on a construit une langue,
pour exprimer le plaisir au féminin, le mode yin,
ici, dans la forêt, c’est une autre langue que je suis en train de tisser
pour converser avec la forêt, me mêler un peu intimement avec elle

de retour à la maison, après une bonne douche tiède
pour refroidir le corps surchauffé avec cette canicule et le laver de toute la sueur accumulée
nu, bien propre, je me suis caressé un peu, lentement,
serrant doucement les cuisses sur mes génitaux, les bougeant un peu,
contractant un peu le périnée aussi,
immédiatement, c’est une explosion tellement puissante et en même temps tellement douce
qui a envahit mon bassin,
j’en ai frémi de la tête aux pieds, me suis laissé complètement aller, complètement entraîner,
envahir par toutes ces vagues instantanées, tellement ineffables,
quelle magnifique journée