ma chair, imbibée jusqu’à saturation d’énergies,
je me sens gorgé de sève chaude, soyeuse, dense,
mon corps est devenu réactif en n’importe quel endroit,
par moments, je n’ai même plus besoin de me toucher,
juste me sentir là, dans ce corps,
cela commence à me chatouiller délicieusement
je suis dans une journée, “sans les mains”,
j’ai cela par périodes, parfois juste quelques heures, parfois plusieurs jours,
où mes bras restent inactifs, ballants
c’est spécial, je me sens envahi par mon bassin à tout bout de champ,
par les ondes qui y sont générées,
je sens aussi tellement les postures,
je sens beaucoup plus le yin m’occuper dès que je suis un peu immobile,
occuper les gestes, les mouvements, aussi
debout, je serre un peu entre les cuisses, mes génitaux,
une boule voluptueuse d’ondes soyeuses, semble grossir,
je presse imperceptiblement,
je laisse aussi mon bassin un peu danser latéralement,
mes bras, donc, sont ballants, sur les côtés
presque immobile, je me sens pourtant lancé dans une chorégraphie,
chaque mouvement, semble comme chercher une harmonie,
c’est un relai dans l’action, entre les différents acteurs à l’oeuvre,
le rythme semble une réponse instantanée assurant la continuité du flux
le yin est comme un papillon multicolore dans ma chair,
je le sens battre ses ailes, je le sens pulser dans mes veines,
d’un côté, il est plein de couleurs
mais de l’autre côté, vers le bas, il est tout obscur, face aux ténèbres
la vie s’allume un instant, fluctuante comme une flamme,
brûlant de toute sa splendide intensité,
illuminant ma chair, mon sang, comme un temple
où l’on célèbre un dieu antique
les offrandes sont sur l’autel,
l’instant est à moi, à explorer,
mon nid est un chas d’aiguille dans le temps,
j’organise le plus délicieux des chaos en moi,
oui, je laisse tout s’écrouler,
le sphinx, un instant, prendra son envol