#42862
bzo
Participant

il y a une sorte de flux spontané,
c’est comme si vous étiez sur une vague,
elle vous porte, elle vous entraîne,
elle va dans une direction que seule, elle, connait

moi, je n’ai juste qu’à bien rester dessus,
tout le reste se fait tout seul,
l’écoute reste maximale,
chaque sensation dégustée sans que rien de ses nuances, échappe,
quel confort, quel luxe,
on se croirait sur un tapis volant,
on est juste parfaitement, dans les bras du désir
qui vole pour nous

mais attention aux nuages,
une fois qu’il y en a un qui veut vous envelopper,
qu’il n’y a plus moyen de l’éviter,
il faut continuer de se laisser entraîner comme si de rien n’était,
ainsi, ils sont courts, ils sont délimités, ils ont une sortie,
leur opacité, leur obscurité, leur froideur,
ne règnent qu’un minimum de temps

aucun détail ne m’échappe quand je suis porté ainsi,
ils se suivent les uns après les autres, à la queue leu leu,
comme au tir aux canards à la foire,
mais ils s’abattent tout seul,
je n’ai pas à tirer, je n’ai pas à viser,
mon corps le fait pour moi

moi, je suis dans mon fauteuil, bien calé,
la fourchette dans une main, le couteau, dans l’autre,
les mets arrivent dans mon assiette,
je n’ai plus à me laisser aller,
même la dégustation se fait toute seule,
vraiment qu’à se laisser aller, à lever toute défense
et je suis irrigué des pieds à la tête, de fond en comble,
de sensations

je me sens comme une feuille aux nervures de plaisir
qui frémit dans le vent,
je sens à l’autre bout d’une mince tige dans l’invisible,
l’immensité d’un tronc,
je sens que j’y suis rattaché,
je devine ses racines,
mes racines,
plongeant dans les profondeurs

je sens un peu de terre en moi,
je serai plutôt comme une plante en pot, en fait
mais tout parait si immense, malgré tout