#43047
bzo
Participant

l’instant où je me mets à me caresser,
la vie devient belle, parfaite,
ma chair, infiniment habitable, infiniment plaisante

il ne reste plus rien d’autre au monde
que ce feu qui s’allume partout en moi, tellement soyeusement,
comme c’est là tout de suite, partout,
un nid vibrant qui m’enveloppe,
qui m’inonde, qui m’imbibe, qui m’envahit

le plaisir est comme une planète éphémère à des années-lumière,
j’y débarque en un éclair,
je ne me lasse pas d’en explorer la surface,
sa faune et sa flore, magiques

ce plaisir est tellement clair, lumineux, limpide,
tellement ressenti dans tout le corps,
divine harmonie dans ma chair
et en même temps, tellement sauvage, tellement animale

un chant, juste, un chant
mais provenant, en même temps, de toutes les cellules de mon être,
il passe à travers moi comme un rêve
et pourtant c’est une vibration tellement perçue, tellement ressentie,
qui enflamme tellement tous mes sens

la volupté semble un océan
et je me baigne dedans, je me laisse couler dedans, emporter, dériver,
comme elle devient dense, comme elle devient ineffable, de plus en plus,
douceur enchanteresse dans mes fibres
parmi les crocs d’un tigre

c’est son palais, dans la gueule, toute cette douceur, tout cet ineffable,
je veux qu’il me morde, aussi, de part en part,
je veux sentir les lames de sa mâchoire, arracher ma chair,
déchiqueter mes membres,
je veux en être tremblant, hoquetant, à bout de souffle,
au bout du rouleau,
oui, au bout du rouleau

que le plaisir m’entraîne par là-bas,
où il n’y a plus d’issue,
où soudain, sans qu’on le veuille, il n’y a plus d’autre issue
que d’exploser, d’exploser de toutes ses forces,
de toutes les fibres de son être

que les énergies s’évacuent soudainement en masse,
elles ont tourné, bouillonné, fait tout trembler, fait tout délirer,
il est temps de prendre la direction des étoiles, un instant