la richesse du langage des doigts,
m’étonnera toujours
autant tout le reste,
contraction, jeu des cuisses avec les génitaux, ondulations du corps, etc,
je maîtrise assez bien,
je peux laisser libre cours à mon instinct,
autant pour ce qui est des mains,
il y a toujours une incertitude, une fébrilité
qui me fait toujours remettre en question
la façon dont je les utilise
et ce n’est pas faute d’y avoir consacré du temps,
pour mettre cela bien au point,
tout le contraire
mais les doigts sur la peau,
peuvent agir parfois, comme des électrons libres capricieux
qui n’en font qu’à leur tête
ils sont tellement capable d’éveiller tout le corps,
de le faire participer de toutes parts,
à l’incandescence, à l’essor du désir,
qu’ils emballent parfois le moteur,
trop de chevaux s’en échappent dans le désordre,
et le bolide dérape, se met en travers de la route
on est avec les différentes parties de son corps,
comme un orchestre qui doit apprendre à jouer ensemble
et nous pas des solistes
qui font leur numéro, chacun dans leur coin,
mais les doigts,
c’est un rapport tellement particulier aux tétons,
c’est selon que vous vous caressiez avec les paumes plus ou moins, à plat,
ou uniquement avec le bout des doigts,
un tout autre univers de sensations
qui s’offre à vous
posez les mains quelque part sur la peau,
les laissez tranquillement là-bas
et vos doigts, au bout d’un moment,
semblent avoir fusionné à la peau,
semblent avoir poussé des racines dedans,
semblent avoir modifié, étendu,
votre géographie intime,
le réseau de course des ondes,
qui semble se redessiner à chaque fois
que vous bougez un peu les mains
et les déposer ailleurs
enlacez-vous, tendrement,
enlacez-vous, ardemment,
apprenez à sentir votre propre chaleur sous la peau,
écoutez avec vos doigts,
ce sont des baguettes de sourcier qui attirent les énergies,
les font galoper derrière elles,
même immobiles, posés quelque part,
elles attirent comme des aimants
c’est la grande mobilisation, là-dedans,
toute ma chair frémit, toute ma chair chante,
les doigts sont cette partie de nous,
faite pour la danse
ou immobile, pour faire danser
apprenez-leur aussi à faire danser,
pas seulement à courir par monts et par vaux,
cela peut paraître contradictoire à écrire
pour quelqu’un comme moi,
qui prône l’instantanéité de l’instinct et du désir
comme seul maître à bord
mais les mains doivent se discipliner quelque peu,
ne pas courir totalement librement, tout le temps,
ils doivent acquérir une certaine discipline
pour se fondre dans l’ensemble
apprendre à écouter les détails,
apprendre à entendre les dissonances,
apprendre à chevaucher l’harmonie sauvage,
vos doigts contemplatifs, semblent dessiner,
semblent des pinceaux en pleine action,
sous la peau