mais pour qu’il y ait vraiment plaisir,
il faut bien qu’à un moment donné, tu te lâches
cela pourrait être la définition du plaisir,
des moments où l’on perd contrôle,
des moments où l’on roule de plus en plus follement,
que le corps se met à se conduire,
se met à se conduire autrement
moi, ma pratique a consisté essentiellement, ces dernières années,
à parvenir à me lâcher de plus en plus ,
à être de plus en plus en roue libre,
je le suis, en fait, dès le premier instant
et cela n’arrête pas, je roule, je déboule, je zigzague comme une boule de billard
quand on a envoyé valdinguer au hasard,
qui est tombée de la table et qui continue à rouler, se cognant partout,
se déroutant, déroutant, tournant follement, insaisissable
le fait est et si tu es analytique systématiquement, tu n’en sans doute pas encore vécu cela,
c’est qu’on n’est pas en roue libre, comme cela au hasard,
même si mon paragraphe au-dessus, peut sembler le suggérer,
le corps prend en charge, l’instinct prend en charge, le désir prend en charge,
juste, c’est toi et ton intellect qui ne doit plus s’occuper de ce qui se passe
et comment cela doit se passer
ça c’est la formidable liberté à laquelle le désir permet de goûter,
on ne doit plus être au volant et faire attention où aller,
comment y aller
la chair sait infiniment mieux et saura toujours infiniment mieux,
comment s’envoyer en l’air de mieux en mieux et de plus en plus fort,
avec toujours plus de richesse, de variété, de qualité, à tous les niveaux,
parce que c’est la chair
et que c’est là que les nerfs habitent, que le sang se trouve,
que la source du désir se trouve, que les énergies sexuelles se trouvent,
enfin, essentiellement, tout ce qui compte, pour la gaudriole,
en solitaire ou à plusieurs