quand je ne retiens pas mes caresses,
qu’elles se font sur la peau, comme elles viennent,
le désir lâche de plus en plus ses chevaux,
l’imagination fait courir les doigts, librement, ardemment,
la tension sexuelle augmente rapidement, ainsi,
cela devient un galop, un corps à corps, de plus en plus,
le cavalier fait corps avec sa monture,
leurs souffles semblent ne plus former qu’un seul souffle
alors que quand je suis en mode dégustation, comme ce soir,
c’est-à-dire, rien que les bouts de doigt, en contact avec la peau
ou si un peu plus que les bouts,
alors ce sont des effleurements, toujours,
le rythme est contrôlé,
le rythme de toute la machinerie, de la tête aux pieds,
est contrôlé entièrement par les doigts qui errent sur la peau
et ceux-ci ont tendance à se déplacer lentement, très lentement
pour que les sensations éveillées,
révèlent le plus possible, leurs effluves les plus secrètes
les doigts effectuent une chorégraphie improvisée sur la peau,
très tranquillement, très systématiquement,
visant la plus grande richesse et la plus grande variété, possible, de nuances
et la masse des ondes montant du bassin,
pourtant tellement plus énorme, tellement plus puissante,
se laisser mener, par le bout du nez, pour ainsi dire,
accepte le rythme dicté , sans rechigner
le mode dégustation, c’est la forme la plus aboutie de dialogue,
dans ma pratique, au stade où elle est,
entre les ondes montant du bassin,
celles générées par les doigts et par le reste du corps
mais encore une fois,
ce sont les doigts qui impriment constamment le rythme,
ils sont les petits lutins, en tête de cortège,
qui dictent la cadence
de ce fait, la tension sexuelle augmente peu,
elle reste constamment à un niveau
permettant d’éveiller et de décliner les sensations,
en mode thème et variations
tout le corps participe,
chaque partie à son tour, entrant, à un moment donné,
dans la danse,
pour un temps plus ou moins long,
ainsi, il réagit tellement comme un instrument de musique,
c’est de l’exploration, constamment,
à la recherche de nouvelles notes, de nouveaux accords
comme j’aime sentir mes hanches danser,
comme j’aime sentir mes mains parcourir le corps,
tout devient tellement fluide, à l’intérieur, tellement ondulant,
tout mon être semble envahi d’une incandescence douce, omniprésente,
un équilibre sophistiqué s’établit,
avec des sensations fines, variées, suaves,
constamment changeantes
mais sous-jacente, tout de même,
une harmonie sauvage , animale, au fond de mes reins
qui ne demande qu’à se mêler à la fête,
à y mettre son grain de sel,
mes râles s’accentuent alors, cela devient plus volcanique pour quelque moment,
mes hanches passent en mode rut effréné rapidement,
cependant mes doigts en continuant leurs pérégrinations calmes, méthodiques,
mon bassin se calme rapidement,
la houle s’y fait plus docile, plus mesurée, à nouveau,
venant avec ses ondes, sans chercher à s’imposer,
calmement dialoguer avec mes doigts,
avec mes mouvements, avec mes gestes, avec mes postures
cela dialogue tranquillement dans tout mon corps
et des ondes s’élancent de toutes parts,
instants chatoyant, instants de soie,
ineffable fleuve, de tout mon être