je suis vraiment en mode dégustation, en ce début de nuit,
mon corps est là comme une grosse friandise offerte,
je le chipote, je le tapote, je le presse, je le frotte,
je l’effleure
mais pour l’instant, toujours du bout des doigts,
avec des gestes très maniérés, très décadents,
très efféminés, aussi, par longs moments
le plaisir, que voulez-vous, m’entraîne, dans ces eaux-là,
pas très catholiques,
pas catholiques, du tout, en fait
mais qu’est-ce que c’est bon,
notre corps est magique, je vous dis,
magique, il n’y a pas d’autre mot,
pour décrire l’expérience que je suis en train de vivre
mon corps,
ma boîte à musique, chérie,
comme j’aime notre complicité
car c’est bien là , mon plus grand fait d’arme,
d’avoir acquis cette complicité intime avec ma chair,
je dialogue avec elle,
notre conversation est faite de sensations, de volupté, de jouissance, d’extase
il suffit de poser les bonnes questions,
notre corps, lui,
ne demande qu’à répondre,
avec son langage à lui,
le mystère est là,
n’allez pas chercher plus loin,
c’est que nous pouvons vibrer,
vibrer toujours plus,
nous mettre au diapason du monde,
vibrer jusqu’au noyau de la terre,
vibrer jusqu’au firmament,
vibrer jusqu’à l’horizon,
vibrer jusqu’à plus loin
que le télescope de Hubble peut laisser entrevoir