#44640
bzo
Participant

m’arrêter quelques secondes dans ce que je fais,

voire ne pas m’arrêter du tout,

juste accompagner nonchalamment l’activité,

jouant sexuellement avec moi-même,

me chipotant, me tripotant,

bougeant un peu lascivement,

sentant la houle s’éveiller entre mes hanches,

sentant comme une bite et un vagin,

entrer en action, dans mon bassin,

tout en continuant à faire ce que je fais

 

colorier, cribler, les instants,

de sensations ineffables, voluptueuses,

de sensations de pénétration, tellement délicieuses,

je pousse le vit, le sens remonter en moi,

faisant fondre, un instant, au passage, mes entrailles,

avec sa grosse tête qui remue,

qui se fraye un chemin, vers le haut

 

je m’aime comme cela,

laboratoire bisexuel, homosexuel, lesbien, tout seul,

expérimentant

mais en même temps, vivant pleinement l’instant,

le rendant incandescent

 

le sexe, cela se passe entièrement,

dans notre galaxie intérieure,

bien qu’on interagit, la plupart du temps,

avec des objets extérieurs, avec d’autres êtres

mais une seule chose compte, dans cette histoire,

pour que les sensations s’éveillent en nous,

se débrident de plus en plus,

nous mettent en roue libre,

c’est de parvenir à se connecter à son corps,

d’avoir accès, ainsi, à ses ressources

 

mais au fait, attendez,

on n’a même pas vraiment besoin d’accessoires,

ni même d’un autre corps,

on n’a besoin que d’une seule chose,

c’est de sa chair et de tout ce qu’il y a dedans,

de toutes les ressources qui dorment au fond d’elle

 

la seule clef vraiment nécessaire,

c’est la complicité avec son corps,

aucune recette sérieuse à transmettre,

juste quelques indications

qui sembleront terriblement dérisoires et abstraites,

quand on débute

 

la vérité de la chair,

c’est en soi, c’est en chacun

mais c’est en soi, seulement pour soi,

et c’est chacun pour soi, finalement,

malgré tous les efforts qu’on fait,

chacun, pour aider autour de soi,

l’autre à se trouver

 

il faut apprendre à laisser tomber,

toute certitude, tout apprentissage, sur le sujet,

et ne se fier plus qu’à la grande oreille vers l’intérieur,

la mouler patiemment

 

accepter de ne plus être au volant,

tellement important cela,

laisser les commandes,

plonger dans ce corps, la tête la première,

s’habituer d’abord,  à l’eau sombre, comme morte, inerte,

pour espérer un jour,

rencontrer sa faune extravagante, lumineuse, des profondeurs

 

accueillir le grand moi du corps,

se laisser investir par lui, le temps de l’action,

dégeler la mer des murmures