les sensations, le matin, au réveil,
ont toujours quelque chose d’un peu spécial, chez moi,
j’ai déjà évoqué ce petit quelque chose,
en même temps, tellement délicieux et tellement mystérieux
les sensations semblent avoir tenu la main aux rêves, quelque part,
je veux dire,
elles semblent avoir quelque chose en commun,
ce quelque chose, je crois l’avoir identifié, déjà depuis pas mal de temps
dans ma cosmologie personnelle ,
dans ma construction personnelle du monde, en parallèle,
dans ma mythologie intime,
ce quelque chose, ce sont les énergies,
les pures énergies que nous avons au fond de nous,
les rêves en sont issus, les sensations en sont issues
tout cela est basé sur du vent, bien sûr,
sur mon ressenti, mon instinct, les fulgurations de mon imagination
mais tout cela compte de plus en plus, pour moi
respectueux des lois de la physique, je suis,
respectueux de la science, de tous nos formidables acquis, à nous autres, hommes,
loin de moi les superstitions, les croyances qui existent tout autour,
je suis vraiment très méfiant et prudent vis à vis de tout cela,
je suis, jusqu’à un certain point, cartésien pur jus,
néanmoins, je me suis bâti ma petite cosmologie personnelle,
basée sur ce que je vis, ce que j’ai vécu, durant ma pratique
mais aussi durant mes longues promenades en forêt,
dans le silence de la nature, les choses mystérieuses que j’ai pu vivre,
ainsi que ce que j’ai pu expérimenter, avec les livres, avec l’art,
les émotions qui sont nées, durant la lecture ou la contemplation de peintures, de sculptures,
leur capacité, un instant, de me transporter ailleurs,
de me faire vivre une forme de transcendance, par des émotions fortes
les énergies dans nos profondeurs,
ces pures et magnifiques énergies,
forment, là, comme un lac sans fond, sombre, insondable,
leur capacité à nous irriguer soudainement,
à emprunter comme un réseau dans l’invisible
pour nous transformer en un arbre en fête, bruissant de toutes ses feuilles,
à ressentir partout, une sève ineffable, un nectar, circulant dans la chair,
c’est là, pour moi, le grand mystère qui nous habite,
je ne cherche pas beaucoup plus loin
enfin, ce qui est magique, aussi,
c’est la ductilité, leur côté, couteau suisse, à ces énergies,
leur capacité à se transformer, aussi bien en émotion durant la lecture,
ou durant la vision d’un tableau,
que me faire vivre des moments de volupté et de jouissance, dans tout le corps
mais aussi, dans la forêt, au contact prolongé des grands arbres,
traversé de part en part, par la source joyeuse, roulante, zigzaguante , des chants d’oiseau,
ces moments d’abandon et comme de communion, avec tout ce qu’il y a autour,
dans le silence épais de la forêt
et puis bien d’autres pistes que je n’ai pas encore suffisamment explorées,
que je n’ai fait qu’effleurer,
comme par exemple, les transes tantriques, certaines formes de danse
enfin tellement , tellement de voies pour allumer ces pures énergies, au fond de nous,
tellement de voies
que ce lac dans nos profondeurs, ce lac sombre et sans fond,
soudainement nous transforment en un arbre de lumière, d’ondes cristallines,
de vibrations chaudes, soyeuses et frémissantes
qui nous irrigue de fond en comble