#45110
bzo
Participant

ce corps complice, ce corps incandescence instantanée,

ce corps arc en ciel, ce corps feu d’artifice, ce corps fête à tous les étages,

ce corps communion,

parfois, je me dis

que ce n’est pas du tout le même corps

que celui qui m’emmène au supermarché ou chez le bouquiniste

ou encore, au travail

 

il y a quelques heures, dans la file, à une caisse de magasin,

j’ai voulu en avoir le coeur net,

j’ai effectué une lente contraction,

l’air de rien, juste cela,

une seule mais bien lente comme je les aime,

avec les muscles du périnée,

du genre qui me met , à la maison, des frissons, immédiatement partout

 

j’ai du faire un gros effort sur moi-même pour ne pas gémir tout haut,

une vague s’était formée, instantanément et est remontée,

caressant ineffablement mes entrailles, sur son passage

 

j’ai été rassuré, c’est bien là,

c’est bien là, constamment, avec moi,

mon autre corps, il est bien là, tapi dans les ténèbres,

prêt à entrer en action, dès que je l’invoque,

je me suis senti chamane, je me suis senti sourcier,

je me suis senti tout puissant

 

il est là, dans ma chair, il est ma chair, en fait

prête à danser avec moi, prête à délirer avec moi,

nous avons libéré le désir, nous avons effacé les frontières,

nous avons appris à être entraîné, pour un rien,

juste comme cela, comme une feuille morte prise dans le vent,

et pourquoi pas, la folie est en nous,

il s’agit juste de la libérer,

le désir ne demande qu’à faire de nous, un terrain de jeu

 

un bout de doigt qui glisse nonchalamment sur une cuisse,

et c’est le coup de l’aile de papillon qui a frémi en Chine,

je suis secoué de partout