quelque temps, après le réveil
une petite action qui depuis des années, n’était qu’une corvée
dont je m’acquittais le plus vite possible,
est devenu ces derniers temps,
un rituel délicieusement trouble et sexué
que je fais traîner pendant de longues secondes,
je veux dire, la mise en place de mes appareils auditifs
vous vous demandez ce qu’il peut y avoir d’excitant,
à effectuer cette opération,
hé hé, je fais traîner un peu le suspens,
je vous laisse tenter de deviner,
cherchez, cherchez,
faites travailler votre imagination, vos fantasmes
au fur et à mesure que je les soulève, que je les dirige vers ma tête,
le geste semble se transformer, les objets que j’ai en main, muent
et c’est comme si je cherchais, en fait, à mettre en place,
des boucles d’oreille
cela s’est fait comme cela, sans que j’y pense,
sans même que je m’en rende compte, dans un premier temps
mais à partir d’un moment donné, j’ai réalisé,
que le geste devenait, comme de plus en plus capiteux,
s’attardait, s’attardait, autour de mes oreilles,
une préciosité s’installait,
mes hanches, aussi, en bas, semblaient vouloir s’éveiller,
semblaient vouloir commencer à bouger,
une langueur généralisée se faisait ressentir de plus en plus,
ma peau avait envie de caresses
bref, le yin venait s’emparer des commandes,
sans même que je m’en rende compte, au début,
rien que grâce à ce geste de diriger les appareils auditifs vers mes oreilles,
c’était comme une sorte de signal
auquel je ne parviens plus du tout à résister,
n’a, d’ailleurs, aucune envie de résister,
juste de me laisser faire, de me laisser entraîner,
de jouer le jeu
plus aucun tabou,
dans quelque direction que ce soit
juste le désir roi,
la musique de la chair,
quand elle veut, comme elle veut