tellement de femme en moi, par moments,
c’est absolument extraordinaire,
quelle sensation splendide, d’avoir ce corps d’homme,
ce pénis entre les jambes
et puis de sentir un autre corps, en même temps,
des hanches larges, des mouvements langoureux, ondulants,
des seins gonflés, à caresser, à triturer,
un sexe fendu, empli de va et vient délicieux
vous ne vous imagineriez pas tout cela si vous me voyez dans la rue,
je ne me dandine, avec des gestes efféminés, une perruque,
je ne suis pas un homme-femme,
comme quoi, il y a la façade et puis tout ce qu’il y a derrière
mais le plus extraordinaire, peut-être,
c’est à quel point, c’est une cohabitation sans histoire,
je suis un homme et je me suis toujours senti homme,
n’ayant jamais mis en doute mon genre,
je n’ai même jamais vraiment eu le fantasme de vivre mon plaisir au féminin,
cela s’est présenté comme cela,
j’ai sauté sur l’occasion quand j’ai senti le potentiel en moi
et à quel point, cela pouvait être jouissif, épanouissant,
riche, puissant, varié
dès que l’action s’arrête,
je redeviens un gars bien ordinaire, bien sage, en apparence,
je n’y pense plus,
dr. Jekill and mister Hyde
mon seul vice en public,
c’est que de temps à autre, je lorgne, en passant,
vers des bosses de pantalons bien bombées,
j’ouvre des braguettes et gobe des glands à la va vite,
cela ne va pas plus loin
je n’exerce pas avec les autres,
cette liberté sexuelle absolue, totale, sans aucun tabou,
qui est devenue la mienne,
ce désir, autorisé à vagabonder dans la direction qu’il veut
tout reste confiné dans mon jardin secret,
ma vie secrète,
ma douce et ardente vie secrète,
mon plaisir profondément androgyne
je n’évoquerai même pas,
tellement c’est tout naturel pour un homme, de tout âge, n’est-ce pas,
de s’abreuver aux corps des passantes, dans la rue,
de déguster leurs hanches qui ondulent, leur allure féline,
leurs seins qui se balancent sous les t-shirt et les chemisiers,
d’imaginer des cochonneries avec leur bouche pulpeuse,
tout cela, c’est moi aussi, bien sûr
car j’aime profondément les femmes, tout ce qu’elles sont,
de fond en comble, pas une miette à jeter,
elles sont tellement mieux que nous
les hommes, ce sont juste leur corps qui m’intéresse,
leur dard et leur anus, tout particulièrement