nu, à nouveau, pour le bricolage,
j’ai l’impression d’être un fruit mûr, gorgé de sève
qui ne demande qu’à être croqué à tout instant,
je m’active, perceuse, mètre, à la main
mais en même temps, des ondes de plaisir me parcourent,
dès que je me mets à bouger, à me déplacer
ou que j’entre en contact avec quoique ce soit
j’essaie de me concentrer sur le travail,
je suis déjà tellement en retard
mais au diable, les retards, rien dont dépende ma vie,
ma situation sociale ou financière,
les secondes qui passent , par contre,
sont passées à jamais
et ce sont autant d’invitations de mon corps,
à communier ardemment, dans l’intimité, avec lui,
que j’aurai manquées
plus tard quand je monterai au ciel,
le bon dieu me demandera qu’elles étaient mes justificatifs,
pour toutes ces occasions manquées
et je devrais lui répondre, “j’étais en retard avec mes bricolages”,
je n’aurai pas l’air con
ou alors c’est le diable qui me demandera tout cela?
là en bas où les mécréants comme moi, peut-être,
tournent, embrochés, inlassablement,
comme des poulets dans des rôtissoires géantes,
sur le grill pour l’éternité?