mon corps, mon bon vieux compagnon de plaisir,
on s’entend comme larrons en foire,
désormais, depuis belle lurette
consécration,
on est devenu une sorte de couple inséparable
qui se devinent, qui se comprennent, au quart de tour,
de plus en plus
je suis une seule personne, corps et esprit
mais ma chair m’a toujours été tellement une inconnue,
une inconnue, pleine de mystère,
que pendant des décennies,
mon corps me semblait juste un véhicule
dont je ne connaitrais jamais,
ni le fonctionnement, ni les rouages,
dont je resterai toujours séparé,
moi, emmuré, dans le crâne,
et lui, tout autour, terra incognita,
Robinson Crusoé sur son île, en quelque sorte
cependant, je me suis rapproché
je me suis fais humble et je me rapproché
je me suis armé de patience et je me suis rapproché,
toujours plus, toujours plus près,
de plus en plus, au plus près
un de ses secrets les plus intimes, les plus puissants,
c’est qu’il y a une volonté de couple en nous,
d’être un binôme,
d’être avec un autre être ou tout seul
possibilité d’interaction du masculin et du féminin,
de les entremêler, infiniment,
tout seul ou à plusieurs
la principale richesse en nous, c’est cela,
c’est que nous avons les deux sexes enfouis dans nos profondeurs
qui ne demandent qu’à interagir l’un par rapport à l’autre
pour se compléter toujours plus,
indifféremment, tout seul ou à plusieurs
ton masculin ou ton féminin, m’attire, me parle,
attire le féminin ou le masculin, en moi,
parle au féminin ou au masculin, en moi,
toi, dans ton corps d’homme ou toi, dans ton corps de femme
il faut donner absolument sa chance à l’autre sexe en nous,
pour être toujours un peu plus entier,
un peu plus complet, plus riche en nuances
le binôme semble être le rouage le plus essentiel à notre fonctionnement,
à tous les niveaux,
dans nos quêtes diverses et variées, d’extases, en tous genres,
en solitaire ou à plusieurs
mais une règle absolue,
il faut toujours deux silex, pour allumer le feu
pour mettre en route la magie momentanée