l’abstinence d’éjaculation,
c’est le royaume du désir qui s’installe peu à peu en vous,
je veux dire,
il prend possession de votre chair,
il en fait ce qu’il veut, à la moindre occasion que vous lui donnez
ce matin au réveil, j’ai commencé à me caresser un peu,
mon corps ondulait sur le matelas, des contractions montaient,
mes cuisses faisaient frotti-frotta avec les génitaux,
enfin, mon habituel manège
tout ce passait très lentement, comme au ralenti,
ainsi, chaque sensation ressortait mieux,
était bien mise en évidence
et comme elles ressortaient, les bougresses,
chaque vague qui passait en moi,
me faisait comme monter en selle sur elle,
comme elle m’emportait
je ne vais pas écrire que c’était de la jouissance
car cela ne l’était pas, au sens habituel du terme
mais c’était tellement ineffablement bon,
qu’il n’existe pas d’autre mot pour qualifier ce que je vivais
disons, que chacune m’embarquait sur un train de félicité et de volupté
qui m’emportait hors de moi-même,
me faisait partir corps et âme, quelque part,
dans un petit ciel privé, à moi
mon sexe, tantôt raide, tantôt mou, pleurait de joie,
un petit filet qui s’en écoulait, sur mon bas-ventre, sur mes cuisses
le yin s’exprimait tellement totalement en moi,
un doigt ou deux qui s’attardaient derrière,
jouaient avec ma petite crevasse, entraient, sortaient, s’enfonçaient,
se tortillaient, effleuraient, frottaient la peau intérieure, bien lubrifiée,
du beurre de Karité dont je m’enduis chaque soir avant de dormir
comme tout était bien gras, bien dérapant, là-dedans,
mes doigts s’en donnaient à coeur joie,
cela glissait tellement bien,
comme cela fouinait, comme cela fouillait,
“frottez bien, récurez, plongez, plongez,
mes petites souris curieuses”
oh mon bassin est tellement chargé,
mes cales semblent remplies d’épices exotiques, odorantes voluptueusement,
leurs parfums se mêlent en moi, envahissent toutes mes cellules,
comme je suis grisé d’un ailleurs incandescent,
à la moindre sollicitation sexuelle de ma part
ô ineffable, ô volupté,
mécanique langoureuse qui s’ébranle à la moindre occasion,
kaléidoscope de nuances de sensations,
sans cesse changeant, dans ma chair
je me laisse aller, je me laisse emporter,
le vent est partout dans mes voiles
et ma coque glisse légère, sans poids,
sur un océan de félicité