#46582
bzo
Participant

je me dois d’être complet,

enfin, le moins incomplet, possible

car j’écris, en fait, surtout pour moi,

aussi, je rends compte, je rends compte,

de mes moments d’intimité avec mon corps

et de tout ce qu’il y a de sous-jacent,

enfin de tout ce que je crois, en être sous-jacent,

de ce que j’ai estimé, à un moment donné, en tout cas

que cela valait la peine que j’agite mes doigts sur le clavier

 

quoi qu’on fasse, quoi qu’on dise, quoi qu’on écrive, de toutes façons,

on reste toujours, tellement, tellement, terriblement subjectif,

alors autant assumer un flou artistique

brouiller les cartes,

jusqu’à qu’elles dansent harmonieusement, ensemble,

qu’elles restituent quelque peu, de cette complexité qu’est le réel

 

j’avance parmi des corps désirables,

de plus en plus, en fait,

du fait que mon désir, à moi, s’aiguise, s’affine,

se développe dans toutes les directions, en moi

comme une belle plante, objet de tous les soins

 

mais il est,  cependant, sérieusement,

entièrement, uniquement, tourné que vers moi,

l’apprentissage à devenir auto-suffisant sexuellement,

exige cette discipline,

de ne tourner son désir, entièrement, uniquement

que vers la seule chair, à sa portée,

à portée de ses mains

 

il s’agit de bien atteler tous ses chevaux,

je dis bien tous, que pas un seul ne manque à l’appel,

qu’à la seule cariole qu’on a à sa disposition

pour avancer un tant soit peu, optimalement,

un authentique épanouissement et équilibre à tous les niveaux,

ainsi, même, est possible, selon mon expérience

 

j’ai beaucoup évoqué, ces derniers temps,

mon abstinence d’éjaculation,  depuis des mois,

les bienfaits étonnants de l’accumulations des énergies,

sur ma santé, par exemple, c’est particulièrement spectaculaire,

cela se lit dans les manuels de tao sexuel

que ce genre de phénomène, peut se produire

mais c’est autre chose de le vivre, de le vivre dans sa chair, à soi

 

les différentes douleurs de type inflammatoires

qui m’empoisonnaient l’existence, depuis des années,

la surabondance de testostérone,

(théorie de mon dentiste avec qui je peux parler de tout)

agissant comme un antiinflammatoire naturel, puissant,

bien plus efficace et moins nuisible

que les équivalents chimiques de la pharmacopée moderne,

a fait disparaître toutes ces douleurs,

parfois à la limite du supportable,

que j’avais depuis des années

 

mais aussi, sur mon bien-être, au quotidien,

on se sent  puissant, plein d’énergie, déterminé, avec un but dans l’existence,

au fil des instants,

tout semble fonctionner plus efficacement,

on voit mieux, on marche mieux, on boit mieux, on goute mieux, on respire mieux,

on dort mieux, on rêve mieux, on pète mieux, on chie mieux, on sue mieux

 

ma sensibilité, aussi,

semble bien plus affutée, plus  riche, plus capable,

une sorte de capacité d’étreindre, dans l’invisible, de tout son être,

décuplée,

s’exprimant avec une facilité et une puissance, déconcertantes

 

et puis sexuellement,

ah, mon corps est tellement réactif,

(j’aime tellement cette expression, je la ressors régulièrement),

réagissant au quart de tour, au moindre contact,

de doigts, ou même juste d’un tissu,

de n’importe quel matériau, en fait,

le bois , par exemple, c’est tellement sensuel, le contact du bois sur la peau,

nu, de temps à autre,

je me frotte lentement contre mon armoire en hêtre,

que de frissons, partout en moi

 

ou juste je bouge, au milieu de la pièce, en fermant les yeux,

une sorte de danse, lente, spontanée,

bougeant lascivement, laissant mon bassin s’enfiévrer,

devenant une flamme ondulant sur place, se caressant,

l’impression de m’auto-pénétrer, est juste irrésistible

 

des geysers de sensations et de stimuli agréables, de toutes sortes,

sont prêts à entrer en action,

à parcourir mon corps, à la moindre invitation,

une bien belle ribambelle, de farandoles, d’éclats rires, de velours ondulant,

dans la chair, à tout bout de champ

 

cependant, cependant,

je me suis rendu compte depuis quelque temps

qu’il ne faut pas trop s’en aller, dans cette direction,

c’était une grave erreur de ma part,

qu’il ne suffisait pas, jour après jour,  d’accumuler les énergies,

car on fonctionne, en fait, comme une cocotte-minute,

et il faut savoir régulièrement relâcher le trop plein de vapeur,

tout en gardant, bien soigneusement, la grande majorité, entre ses parois

sinon, à partir d’un moment, cela devient contre-productif

 

il y a de la bonne pression et de la mauvaise pression, peu à peu

la bonne ne peut continuer d’augmenter en nous

que si la mauvaise est évacuée

donc, voilà, c’est nécessaire physiologiquement

mais pas seulement

tout notre être en a besoin, de ces délicieuses petites explosions,

cela débouche les tuyauteries,  ramone les cheminées,

fait passer un assez irrésistible moment,

on se sent plus souple, plus léger, l’âme dansante, virevoltante,

avec une envie irrésistible de siffloter, dans les veines

 

il s’agit donc, de trouver un équilibre, un compromis,

entre garder un haut niveau d’énergie,

et puis d’éjaculer régulièrement pour évacuer le trop plein,

le secret, ici, aussi, encore,

c’est de se mettre à l’écoute de son corps, plus que jamais

le solliciter pour nous indiquer le moment,

s’appuyer sur lui, lui faire confiance

 

il s’agit, donc, ni d’étouffer son désir,

de le laisser s’exprimer librement, le plus librement possible

mais pas non plus de le sur-solliciter artificiellement,

je pense ici à la pornographie, essentiellement

qui peut être amusante, à plusieurs,

incitative, instructive, déclencheuse, festive, que sais-je,

pour des moments plus coquins, plus épicés

 

mais en solitaire,

je trouve qu’elle est un piège, plus qu’autre chose

qui déclenche une sur-exploitation de nos énergies,

nos réserves se vident, la qualité des sensations s’étiole,

on s’appauvrit, quelque part, à l’intérieur,  de plus en plus,

des tas de problèmes, de toutes sortes, à tous les niveaux, apparaissent

on devient de plus en plus vulnérable quelque part,

affaibli, hésitant,  comme un bateau sans gouvernail,

plus capable d’être piloté